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Semaine 48

  • Vayichla’h
Editorial

Quand le canon tonne...
A l’heure où cet éditorial est rédigé, nul ne sait avec précision comment la situation en Israël va évoluer. Se dirige-t-on vers une énième trêve – plus ou moins respectée et pour combien de temps ? Les combats vont-ils se poursuivre voire s’intensifier, avec leur lot de drames ? Au moment où cette Sidra sera imprimée, peut-être le saura-t-on déjà... Mais aujourd’hui, sans doute faut-il revenir à une idée essentielle, une de ces idées aptes à structurer la vision que nous portons sur les choses du monde, une idée comme une base de réflexion pour une question complexe.
De fait, dans les événements que vit notre peuple en Israël, comme dans tous ceux qu’il a eus précédemment à traverser, c’est une unique et ancienne interrogation/accusation qui est lancée à son visage, comme contre lui. Quelles que soient les apparences extérieures choisies, quels que soient les discours tenus, c’est toujours le même argument fondamental qui résonne : «Vous n’êtes pas chez vous sur cette terre.» Selon les époques, on l’a travesti en déclaration anticolonialiste ou en expression brute d’un certain fanatisme religieux mais le fait est là : c’est bien du droit du peuple juif à vivre sur sa terre qu’il est question. C’est alors que les textes du judaïsme – textes anciens et si éternellement nouveaux – révèlent leur pleine portée.
Au tout début de la Torah, le grand commentateur médiéval, Rachi, rapporte une question posée à l’époque talmudique. Question étrange : pourquoi le texte s’ouvre-t-il par le récit de la création du monde ? En effet, la Torah n’est pas la chronique des événements passés, elle est livre d’enseignement. Quelle est donc l’utilité de ce récit en notre temps. Et Rachi de donner la réponse venue du fond des âges : «Un jour viendra où les peuples du monde diront : ‘vous êtes des voleurs car vous avez conquis cette Terre...’ Alors vous leur répondrez : ‘la terre appartient à D.ieu Qui l’a créée... et Il l’a donnée à qui Lui semble bon’.»
Faut-il véritablement ajouter quelque chose à ces phrases fondatrices ? La Terre d’Israël appartient au peuple d’Israël. Les déclarations et les menaces, les bruits de bottes et les appels au meurtre ne peuvent rien y changer. Quand on traverse des jours incertains, il est bon de s’en souvenir. C’est dans les mots éternels que naît et se forge notre avenir. C’est aussi dans ces mots que notre vie, y compris en dehors d’Israël, se façonne. Pour un temps de paix universelle, celui de Machia’h.

Etincelles de Machiah

L’éducation juive et la venue de Machia’h

Décrivant le temps de Machia’h, D.ieu dit (Isaïe 44:3) : « Je déverserai Mon esprit sur ta descendance et Ma bénédiction sur tes générations ». Dès la première lecture du verset, il est clair que sont ici désignés les enfants.
Or, on connaît le principe selon lequel toutes les révélations de ces temps futurs dépendent de nos actions et de notre effort d’aujourd’hui (Tanya chap. 37). C’est dire à quel point l’éducation juive assurée aux enfants est un impératif pour chacun.

(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch
Chabbat Parchat Vayikra 5740) H.N.

Vivre avec la Paracha

Vayichla’h : La rivière et les cruches

Certains d’entre nous sont dotés, dans toutes leurs activités quotidiennes, d’un sens pratique. D’autres sont plutôt visionnaires. Le judaïsme présente également ces deux approches. Etre visionnaire consiste à aspirer à la transcendance et à l’inspiration. Et le chemin de la pratique passe par l’observance concrète des Mitsvot (commandements de D.ieu).
Le Juif visionnaire méditera sur l’infinie grandeur de D.ieu et sera imprégné d’un amour illimité pour Lui. Il tremblera de crainte et se délectera dans l’extase. Il aspirera à une élévation spirituelle et se délectera dans la transcendance de son âme.
Rendre cette vision réelle et concrète est l’approche pratique. Quand l’amour pour D.ieu trouve sa concrétisation dans l’accomplissement de Sa volonté, la vision a trouvé son expression tangible. En étant visionnaires, nous trouvons de la gratification. Par les Mitsvot, c’est D.ieu Qui est satisfait.
Il est vrai que les deux approches sont nécessaires, mais c’est à nous qu’il revient de reconnaître celle qui représente les moyens et celle qui en est la fin. Etre visionnaire est prestigieux mais ce que D.ieu désire le plus est que nous nous attachions aux détails.

Traverser la rivière
Dans la Paracha Vayichla’h (Beréchit 32 : 4- 36 :43), nous lisons la façon dont Yaakov et sa famille traversent la rivière de Yabok. Yaakov met un pied sur chaque rive afin de former un pont humain et il transfère ses possessions d’une rive à l’autre.
Réalisant qu’il a oublié quelques objets peu importants, il choisit de laisser sa famille et ses possessions derrière lui et de partir à la recherche de ces objets perdus. Et la Torah de nous signaler qu’à ce moment, «Yaakov resta seul» sur l’autre côté de la rivière.
Le Midrach suggère qu’en insistant sur la solitude de Yaakov, la Torah indique qu’il était alors comparable à D.ieu. Tout comme D.ieu est glorifié et seul, ainsi se trouvait alors Yaakov.
Comment Yaakov put-il atteindre cet état comparable à celui de D.ieu ? Ce n’était pas par une extase spirituelle ni par une inspiration méditative mais par l’attention qu’il porta aux détails. Il avait oublié de simples cruches et il revint sur ses pas pour les récupérer.
Quelle est la signification de ces cruches ? Pour répondre à cette question, il nous faut tout d’abord comprendre la raison de son séjour chez son oncle Lavan et la rencontre qu’il fit, par la suite, avec son frère Essav.
La maison de son oncle et la compagnie de son frère n’étaient certainement pas propices à une élévation spirituelle personnelle. Mais Yaakov n’était pas là pour réaliser son propre programme mais pour réaliser le programme de D.ieu.

La révélation d’une aura
Bien que D.ieu soit transcendant, Il projette une aura de Sa présence dans le monde. Mais elle reste cachée et ne peut être dévoilée au genre humain. Les Patriarches et leurs héritiers furent chargés de révéler cette aura, par la propagation de la connaissance divine et de l’observance des commandements de D.ieu.
Il revint à Yaakov de dévoiler cette lumière divine cachée dans les maisons de Lavan et d’Essav. Chaque objet que touchait Yaakov était utilisé pour le service de D.ieu. C’est ainsi qu’il élevait ces objets matériels à un niveau supérieur. Il révélait la lumière divine enfouie en eux et réalisait ainsi leur potentiel divin.
Quand il traversa la rivière et qu’il prit conscience qu’il avait oublié certains objets de l’autre côté, il revint sur ses pas pour les reprendre. Il savait qu’en cas contraire, la lumière divine qu’ils contenaient resterait à jamais prisonnière, dans l’environnement impur de la maison de son oncle.

Prendre les circonstances en considération
Après avoir passé vingt ans en exil, Yaakov revenait enfin chez lui. Pendant cette longue période, il avait été constamment de service, toujours conscient de sa mission. Il ne fait aucun doute que l’âme de Yaakov languissait l’atmosphère toute de pureté de la maison de ses parents, les saints Its’hak et Rivkah.
Traverser la rivière représentait une avancée importante dans cette direction, une traversée métaphorique de l’impureté vers la sainteté. Yaakov quittait l’approche pragmatique du devoir pour se diriger vers la voie visionnaire de la transcendance. L’on aurait pu s’attendre à ce qu’il se précipite de l’avant et n’hésite aucunement.
Mais, en traversant la rivière, il s’arrêta. Pourrait-il être consumé par l’inspiration et ne pas succomber à ses tentations ? Pourrait-il vivre dans un monde de visionnaire et continuer son engagement dans le devoir du respect des détails ?
Il s’agit peut-être ici de l’une des raisons pour lesquelles Yaakov enjamba la rivière, gardant un pied fermement planté sur la rive pratique et l’autre planté avec appréhension sur la rive du visionnaire qu’il serait. Il fit passer sa famille et ses possessions au-dessus de la démarcation et était maintenant sur le point de rejoindre, lui-aussi, l’autre rive. Consumé par le désir mais rongé par l’appréhension, Yaakov passa, avec hésitation de l’autre côté.
Mais soudain il se rappela qu’il avait laissé quelques objets sur la première rive. A ce moment précis, il réalisa que l’avenir se jouait là. Les Hôtes des Cieux s’étaient rassemblés pour voir quelle direction il emprunterait. Il savait qu’il devait agir. Il revint alors sur la rive qu’il allait quitter et partit chercher ses objets.
Finalement, il traverserait la rivière, mais pas avant d’avoir démontré qu’il pouvait trouver un équilibre entre les deux mondes.

Le Coin de la Halacha

Quand dit-on Tal Oumatar ?

A partir de mardi soir 4 décembre 2012, on ajoute «Tal Oumatar» dans la prière de la Amida.
Cette prière pour «la rosée et la pluie» précise que ceci doit être «Livra’ha», pour la bénédiction.
Celui qui a oublié «Tal Oumatar» et s’en souvient avant d’avoir commencé la bénédiction suivante («Teka Bechofar») le rajoute alors. S’il a commencé «Teka Bechofar», il rajoute dans la bénédiction «Choméa Tefila» : «Vetène Tal Oumatar Livra’ha Ki Ata Choméa Tefilat Kol Pé…»
S’il l’a encore oublié mais s’en souvient avant «Retsé», il le dit alors. S’il a commencé Retsé et s’en souvient avant d’avoir reculé de trois pas à la fin de la Amida, il reprend à partir de «Barè’h Alénou» et continue la suite de la Amida. S’il a oublié après avoir reculé de trois pas, il reprend toute la Amida.
Il convient de louer et remercier le Créateur «pour chaque goutte de pluie» bénéfique, en son temps, qui apporte la bénédiction pour les récoltes, en particulier en Erets Israël.

F. L. (d’après Séfer Hatodaa)

De Recit de la Semaine

Le monde entier

Boris et Luba ont quitté la Russie il y a quelques années pour s’installer en Israël. Ils habitent à Holon. Quand le mouvement Loubavitch annonça pour la première fois qu’un programme spécial relayé par satellite retransmettrait un allumage de ‘Hanouccah intercontinental, ma femme suggéra que nous leur rendions visite pour suivre avec eux cet événement. Ils en furent ravis.
Le premier soir de ‘Hanouccah, quand nous sommes arrivés chez eux, ils nous ont accueilli avec un grand sourire. Nous avons bavardé, chanté des hymnes de ‘Hanouccah et, bien sûr, nous avons mangé. Le grand-père de Boris, Grisha, se souvenait de ‘Hanouccah, du temps où il était enfant : il en avait les larmes aux yeux.
Vers 22 heures, Boris ajusta l’antenne de télévision afin de bien capter le programme. Nous étions absolument scotchés tandis que nous constations les progrès extraordinaires de la technologie qui transforme le monde entier en un village. «‘Hanouccah en direct» commença à l’heure exacte. J’expliquai à nos cousins que rien qu’aux États-Unis, ce programme était retransmis sur plus de 40 chaînes de télévision et qu’il était aussi relayé par des centaines de chaînes en Europe, en Israël et dans le monde entier. Mais ce qui nous impressionna le plus, c’est de savoir que des millions de Juifs et des dizaines de millions de spectateurs non-Juifs concrétisaient la recommandation de nos Sages : rendre public le miracle de ‘Hanouccah.
Sur l’écran, le présentateur ainsi que deux émissaires du Rabbi expliquaient la signification de la fête et donnaient un bref aperçu du mouvement Loubavitch. La caméra effectua un zoom sur le visage du Rabbi qui se tournait à ce moment vers les enfants rassemblés dans la grande synagogue pour la prière de l’après-midi.
Tout à coup, j’entendis Luba s’exclamer : «Je ne le crois pas ! C’est la grande salle d’apparat du Kremlin !»
Elle se frottait les yeux, incapable d’assimiler le fait que des Juifs se soient rassemblés à l’intérieur du Kremlin – symbole de la puissance soviétique - pour y allumer librement aux yeux du monde entier les lumières de la fête.
Mais ce n’était pas qu’en Russie. Une minute plus tard, nous étions devant la Tour Eiffel où 25000 personnes s’étaient amassées en bravant le froid. Le dialogue intercontinental se poursuivait et nous étions maintenant face au Kotel, le Mur Occidental à Jérusalem. Puis à Melbourne en Australie : l’aube pointait déjà de ce côté du globe : une foule impressionnante s’était massée dans une grande salle. Une seconde plus tard, nous étions dans un hôtel à Hong Kong, avec un petit groupe de Juifs. «Loubavitch est vraiment dans le monde entier !» répétait Boris sous le charme.
La caméra retourna au 770 Eastern Parkway à Brooklyn. Le programme commençait vraiment avec la récitation par des enfants des Douze versets et paroles de nos Sages que le Rabbi avait demandé à tous les enfants juifs d’apprendre par cœur. Ils furent proclamés à tour de rôle, en commençant par New York, en continuant au Kotel où un enfant originaire de Tchernobyl récita son verset avec émotion en ajoutant des mots de remerciement au Rabbi qui l’avait sauvé, lui ainsi que des centaines d’autres enfants juifs, d’un environnement nucléaire mortel. Un enfant de Moscou continua, puis un autre à Paris, le cinquième à Hong Kong et le sixième en Australie. Et la rotation continua ainsi jusqu’à la fin des douze versets. Le premier allumage put alors commencer, à Moscou, par Reb Avraham Genin. Malgré la virulente campagne communiste contre toute forme de vie religieuse, ce vétéran de l’armée rouge avait tenu à respecter intégralement tous les commandements de la Torah, en particulier en accomplissant en parfaite clandestinité des circoncisions d’enfants et d’adultes. Tandis qu’il récitait avec émotion la bénédiction de Chéhé’héyanou, un drame se déroulait devant nos yeux dans le salon de Boris : Grisha levait les mains au ciel et récitait lui aussi la bénédiction : «Qui nous a fait vivre, exister et parvenir à cet instant !» Les larmes coulaient de ses yeux et sa femme pleurait avec lui d’émotion : «Je ne peux pas le croire !» répétaient-ils tous deux.
A Jérusalem, le Grand Rabbin d’Israël, Rav Mordechai Eliyahou allumait la Menorah et décrivait avec admiration les grands efforts du Rabbi pour promouvoir les enseignements de la Torah et la pratique des Mitsvot.
En France, ce fut le Grand Rabbin de Paris qui alluma la Menorah géante. La foule massée devant la Tour Eiffel entonna spontanément le chant Haadéret Vehaémouna sur l’air de la Marseillaise : soudain, sur l’écran, on aperçut le Rabbi qui, à New York, encourageait le chant avec de grands gestes du bras. Les Juifs du monde entier se mirent à chanter à l’unisson de toutes leurs forces.
Le Rabbi parla alors pendant presque une demi-heure ; il évoqua ce à quoi nous venions d’assister : quand un jeune enfant allume une lumière dans un coin du globe, le monde entier le voit. La retransmission en temps réel n’est qu’une réflexion de l’énergie spirituelle de la lumière qui illumine le monde d’un bout à l’autre. Le Rabbi souhaita que la lumière de la Torah et de la sainteté, la lumière de la bonté et de la justice se répandent à travers le monde.
Luba remarqua alors qu’elle comprenait maintenant pourquoi les gens parlaient tellement du Rabbi.
En route pour retourner chez nous, nous avons réfléchi sur l’impact des satellites dans notre vie et combien nous étions certains que, très bientôt, Machia’h allait venir et le monde entier en serait informé - grâce au satellite !

Yitzchak Levin – Kfar Chabad Magazine – L’Chaim
Traduit par Feiga Lubecki