« C'est par le mérite de la foi que nos ancêtres furent libérés d'Egypte » (Mé'hilta sur Ex. 14 : 31)

Le récit de la Haggadah commence par une invitation : « Voici le pain de pauvreté que nos ancêtres ont mangé en Egypte... Que celui qui a faim vienne et mange... ». C'est là une belle phrase. Elle marque toute l'hospitalité sincère qui, en cette soirée, fait de la maison de chacun un abri pour tous et un sanctuaire pour D.ieu. Pourtant, ces quelques lignes sont placées à un moment où on vient d'annoncer qu'on allait raconter l'histoire de la sortie d'Egypte. Pourquoi n'avoir pas inviter tous ceux qui en ont besoin plus tôt ? Ce n'est, bien sûr, pas un hasard.
Si ce passage apparaît en tête de la Haggadah, c'est qu'il doit contenir un enseignement essentiel pour toute la célébration du Séder ! Reste à trouver lequel. Mais d'abord, une question se soulève d'elle-même : comment peut-on dire que la Matsa présente sur la table, devant nous, est « le pain de pauvreté que nos ancêtres ont mangé en Egypte » ? Ces événements sont arrivés il y a bien longtemps. Le « pain » en question a été consommé par « nos ancêtres en Egypte ». Il ne peut pas avoir subsisté jusqu'à notre temps ! N'aurait-il pas fallu plus dire, de façon plus pertinente, « voici comme le pain de pauvreté », soulignant ainsi qu'il le représente mais que ce n'est pas le même ? Nous le savons : « En chaque génération (et chaque jour), l'homme est tenu de se considérer comme s'il était sorti (ce jour) &Egypte » (Michna Pessa'him). Cela signifie, très concrètement, que, la veille de Pessa'h, nous étions nous-mêmes encore en exil.
La célébration du Séder n'est donc en aucune façon un rappel historique ou une commémoration. Aussi, nous pouvons dire sans hésiter « c'est le pain de pauvreté... mangé en Egypte » car nous revivons personnellement tout cela comme un événement actuel. Quant à la référence à « nos ancêtres », elle reste nécessaire puisque notre libération est fille de la leur et entrainée par elle. Le soir du Séder, c'est bien un miracle qui se produit pour chacun.
Nous sortons vraiment d'Egypte, de toutes les limites et les contraintes imposées par le monde ou nous-mêmes ! A nous de le vivre et de goûter enfin à la liberté matérielle et spirituelle dans notre vie quotidienne !