Le Rabbi a reçu d’innombrables lettres. Et ces lettres contiennent d’innombrables questions dont certaines peuvent sembler passablement farfelues ; du moins pour qui les comprend superficiellement.

Ce correspondant là s’inquiétait : il avait visité Israël. En touriste organisé, il avait pris de nombreuses diapositives qu’il se faisait sans doute une joie de projeter à ses amis. Patatras, elles avaient toutes été perdues. Le voyageur s’interrogeait sur le sens qu’il convenait d’accorder à une si fâcheuse disparition.

Question sans doute infime à nos yeux. Mais nos yeux, évidemment, ne sont pas ceux du Rabbi.

Ils sont si nombreux ceux qui « visitent » la Terre Sainte. Qui après l’avoir survolée, la parcourent par étapes convenues. Et en photographient les admirables paysages et les lieux chargés d’histoire avant de regagner le délicieux confort d’accueillants hôtels. Voilà bientôt que, sans que l’on en ait si peu que ce soit conscience, Erets Israël se trouve transformée en « attraction touristique » parmi d’autres, spectacle parmi tous les spectacles du monde.

Mais que perçoit-on alors de la nature profonde du pays traversé si étourdiment ? Qu’éveillent les paysages contemplés sinon des émois superficiels trop vite évaporés ?

De la beauté de ces paysages, le Rabbi a écrit : « Elle est insignifiante si on la compare à la nature essentielle du lieu, au fait qu’Erets Israël est la Terre Sainte, de laquelle la Torah dit que les yeux de D.ieu sont toujours tournés vers elle, du début de l’année à la fin de l’année. Cette nature véritable d’Erets Israël doit susciter un respect profond de la part de chacun, prenant la forme d’efforts importants et sans cesse accrus pour mettre sa vie quotidienne en adéquation avec la sainteté de la Terre d’Israël. Cette influence doit être suffisamment forte pour être durable ; de sorte qu’une visite en Terre Sainte doit, en permanence, affecter les conceptions d’un homme et son attitude de chaque jour ».

Chaque évènement, même infime, qui survient dans une vie peut être enseignement. Cette leçon là valait bien quelques diapositives...

B. Ziegelman