Les jeunes filles peuvent-elles allumer leurs propres bougies ?

Certains ont exprimé de l'appréhension à ce sujet. N'ayant jamais été conscient de cette coutume dans leur famille ils se sont refusés à permettre à leurs jeunes filles de, changer leurs traditions familiales en allumant une bougie de Chabbat et de dire une bénédiction. Ce pourrait être selon eux une bénédiction inutile. En plus du fait que des recherches ont permis de prouver que cette coutume dominait dans beaucoup de communautés dans les années passées, il y a une raison supplémentaire qui nous permet de repousser cette inquiétude. L'une des obligations d'un père juif est d'éduquer son fils et ses filles pour leur faire découvrir les mitsvot qu'il leur appartiendra d'accomplir plus tard. Ainsi en est-il par exemple pour allumage des bougies de 'Hanouccah.

Même les autorités qui pensent qu'une seule personne dans chaque foyer devrait allumer une lumière de `Hanouccah, ces mêmes autorités affirment néanmoins qu'un garçon qui a atteint l'âge de recevoir une éducation ('hinoukh) devrait allumer sa propre Menorah en disant la bénédiction. Par ailleurs, la mitsvah de ('hinoukh n'est pas seulement une obligation qui s'applique au savoir. C'est le devoir des parents d'habituer leur enfant au mode de vie qu'ils devront mener plus tard. Pour cette raison, la mitsvah d'éduquer l'enfant dans l'accomplissement des mitsvot s'applique même dans la tendre enfance. Car cette éducation ne consiste pas seulement à informer l'enfant des détails d'un comportement ; c'est l'entraîner aussi à la pratique des mitsvot, c'est lui inculquer les fondements de sa vie entière. Le plus sage de tous les hommes, le Roi Salomon disait : "Donne au jeune homme de bonnes habitudes dès le début de sa carrière, même avancé en âge, il ne s'en écartera point."

Questions/Réponses

Question : J'allume moi-même les bougies de Chabbat. Mais j'ai entendu dire qu'il n'est pas évident que ma fille de 4 ans puisse allumer sa propre bougie avec la bénédiction. J'ai donc consulté mon rabbin et selon lui, étant donné notre devoir d'éduquer et d'initier très tôt un enfant juif à la Torah et aux mitsvot, il est absolument permis à une petite fille d'allumer sa propre bougie de Chabbat. Néanmoins, je ne suis pas encore satisfaite. Car, bien que cela soit permis, je n'arrive pas à me faire à l'idée d'introduire une nouvelle tradition dans la famille...

Réponse: Ce n'est pas la première fois que des chefs de communauté ou des rabbins de bonne foi ont demandé d'intensifier la dissémination de nos traditions et de nos coutumes en raison des pressions extérieures toujours menaçantes qui mettent en danger l'observance même de la Torah et des Mitsvot. Face à une obscurité grandissante, nous n'avons guère le choix : il nous faut accroître la lumière. Pour ne citer qu'un exemple récent. Au début des années 1900, les jeunes filles en Europe recevaient leur éducation juive traditionnelle directement de leurs mères. Il était nullement question, voire anticonformiste, qu'une fille juive aille recevoir son éducation en dehors de son environnement familial. Cependant, une femme audacieuse et dévouée, Sarah Scheneirer, reconnut un jour que pour répondre aux graves dangers des influences extérieures sur la vie juive, les femmes avaient désormais besoin d'une éducation juive plus large et plus intense que ce que leurs foyers avaient pu leur offrir jusqu'ici. Elle lutta donc pour cette idée, et grâce à des autorités rabbiniques, et en accord avec l'esprit de la Loi Juive, elle joua un rôle important dans la création et le développement d'écoles juives pour filles. Notre peuple a été le premier à bénéficier de cette sage résolution dont la seule et unique motivation était de diffuser au maximum notre Tradition.

A présent, nous vivons une époque où les enfants regardent au-delà du foyer pour rechercher leur propre identité, se créer un mode de vie et donner un sens à leur vie. Quel meilleur moyen choisir pour canaliser cette impatience que cette puissante arme spirituelle : les laisser tenir leur propre bougie allumer leur propre flamme.

Question : La réponse que vous donnez montre bien que l'allumage des bougies par des jeunes filles, aussi louable soit-il, constitue une innovation, voire une rupture avec la tradition. Qu'en pensez-vous ?

Réponse: Non, ce n'est en aucune façon une rupture. Tout d'abord, rappelez-vous que notre matriarche, Rivkah, déjà à l'époque biblique, allumait les bougies de Chabbat à l'âge de 3 ans. Ensuite, l'allumage des bougies, pour des filles non mariées, était une coutume répandue avant même le début de la Première Guerre Mondiale. Cette coutume était courante dans les communautés 'hassidiques et non 'hassidiques, dans les communautés lithuaniennes et allemandes, etc. Dans la famille de Rabbi Chnéour Zalman de Liadi (1745- 1813), le fondateur du mouvement 'hassidique 'Habad, les jeunes filles ont toujours allumé les bougies de Chabbat.

De même, les filles non mariées avant la Bat Mitsvah allumaient elles-mêmes les bougies de Chabbat dans les foyers des chefs 'hassidiques de Pologne, à commencer par le grand sage, le Sfat Emet. Inutile de préciser que ces jeunes filles n'ont pas pris là une initiative personnel-le, car dans le contexte familial de l'époque, cela paraît peu vraisemblable, voire impossible. Elles ont simplement obéi à une injonction venant de leur père ou de leur grand-père