Après le séminaire pour enseignantes d’écoles juives, je fus engagée à l’école Loubavitch de Londres et j’eus aussi l’occasion de me rendre à New York pour rencontrer le Rabbi. J’avais voyagé avec Madame Shagalov mais j’étais entrée seule dans le bureau du Rabbi. Il était assis derrière une table sur laquelle s’entassaient des piles de lettres venues du monde entier et je fus stupéfaite de le voir prendre justement ma lettre de cette pile énorme ! Elle se trouvait au milieu de ce tas mais il savait exactement où elle était !

Il commença : «J’ai lu votre lettre mais vous n’avez pas indiqué toutes vos activités !». Et il se mit à toutes les énumérer : des cours, des groupes d’Oneg Chabbat, des clubs pour les petites filles… Moi je n’avais rien écrit de tout cela !

Et il continua : «Cela fait beaucoup en quantité. Vous avez non seulement la quantité mais aussi la qualité parce que tout ce que vous enseignez aux enfants, c’est de la qualité ! C’est très bien !».

Le Rabbi me donna aussi des conseils pour ma santé – j’avais beaucoup de problèmes d’oreilles au point que je suis complètement sourde d’une oreille – et il demanda des nouvelles de mes parents : il me demanda comment cela se passait à la maison car j’étais devenue pratiquante tandis que mes parents ne l’étaient pas encore.

Ensuite, je sortis et Madame Shagalov entra. Elle me raconta par la suite que le Rabbi lui avait aussi demandé comment cela se passait avec mes parents – s’ils étaient gentils avec moi et me laissaient pratiquer le judaïsme comme il convient. Madame Shagalov l’assura que tel était le cas.

Il se produisit quelque chose d’étrange pour elle : elle avait écrit sur un papier tout ce qu’elle voulait demander au Rabbi et lui avait tendu ce papier comme le veut la coutume. Le Rabbi répondit à toutes ses questions, une par une.

Ce n’est que quand elle sortit de son bureau qu’elle réalisa qu’elle avait encore dans son sac le papier qu’elle avait écrit pour le Rabbi et qu’elle ne le lui avait pas du tout donné ! Elle ne lui avait tendu que la liste des commissions !

Elle était horrifiée par son étourderie. Mais, en même temps, elle était stupéfaite que le Rabbi ait connu tous ses problèmes et lui ait répondu comme si elle lui avait tendu le vrai papier !

Quand je retournai en Angleterre, les gens commencèrent à m’encourager à accepter des propositions de mariage. Mais je ne me sentais pas encore prête. Néanmoins, on me proposa de rencontrer un certain jeune homme et la rencontre s’avéra fructueuse. Le jeune homme écrivit au Rabbi pour demander son consentement au mariage et moi aussi, j’écrivis. Le secrétaire Rav Groner téléphona au jeune homme : il avait reçu une réponse positive mais moi, j’avais reçu une réponse négative ! Les personnes concernées estimèrent que j’avais mal entendu et me demandèrent de rappeler New York pour obtenir des clarifications.

Quand j’appelai et expliquai le problème à Rav Groner, il me demanda d’attendre un moment. Puis une autre voix se fit entendre à l’autre bout du fil : «Au jeune homme, j’ai dit oui, parce que votre caractère lui convient et il doit chercher quelqu’un qui vous ressemble. Mais pour vous, j’ai répondu non parce qu’il n’est pas pour vous !»

Étonnée, je demandai avec la politesse anglaise si caractéristique :

- A qui ai-je l’honneur de parler ?

- Rabbi Schneersohn !

Je tentai de comprendre ce qui se passait :

- Vous voulez dire… le Rabbi ? demandai-je, estomaquée.

- Oui, le Rabbi ! répondit-il.

J’avoue qu’il me fallut un certain temps pour assimiler tout cela !

Puis il ajouta :

- Je voudrais vous prévenir encore d’autre chose : vous ne devez pas encore vous intéresser au mariage. Avec l’aide de D.ieu, vous rencontrerez la personne qui convient plus tard et vous vous marierez. Mais ce n’est pas encore le moment !

Je le remerciai et la conversation était terminée.

Sur le coup, je ne réalisai pas vraiment que ce qui m’était arrivé était absolument inhabituel. Mais je réalise maintenant combien j’ai eu de la chance de recevoir tant d’attention de la part du Rabbi. Je venais d’une famille pauvre, pas pratiquante et le Rabbi avait veillé personnellement à ce que j’emprunte le bon chemin. Maintenant que je suis devenue une Chlou’ha (émissaire du Rabbi) à Birmingham depuis 1974, je lui en suis pour toujours reconnaissante.

Leah Rivka Arkush – JEM

Traduite par Feiga Lubecki