Un homme vint voir Rabbi Chnéor Zalman avec son fils, un garçon de onze ans, soudain devenu muet. Il avait déjà consulté de nombreux médecins, mais sans succès. Le Rabbi lui dit:
"Va en Allemagne. Tu y séjourneras chez un juif qui fait commerce de bois. Il habite prés d'une colline, à côté de la ville de Manheim. Tu attendras là-bas jusqu'à ce que D.ieu envoie la guérison à ton fils."
"Et que ferai-je dans cette ville?"
"Rien du tout. Tu te promèneras dans les rues et les places, jusqu'à ce que le salut te vienne."
L'homme n'avait pas les moyens de financer un aussi lointain voyage. Toutefois, il rapporta aux 'Hassidim les paroles du Rabbi et ceux-ci se cotisèrent et la réunirent pour lui. Il partit, certain que la bénédiction du Rabbi se ,réaliserait. Après un long voyage, il arriva en Allemagne. Il trouva la colline près de la ville et la maison du juif qui faisait commerce de bois. Il entra chez lui et lui demanda s'il pouvait résider un certain temps chez lui. L'homme répondit par l'affirmative.
Le 'Hassid avait l'habitude de se promener chaque jour avec son fils, le jeune garçon muet. Ils traversaient les rues de la ville, sans savoir de qui lui viendrait l'aide. Plusieurs jours passèrent, sans qu'il ne comprenne le but de son voyage. Un jour son hôte lui demanda:
"Dis-moi donc ce que tu fais ici? Cela fait déjà un certain temps que tu es là et je ne te vois pas d'activité spécifique."
L'homme lui raconta toute l'histoire et l'hôte s'étonna:
"Comment le Rabbi sait-il ce qui se passe dans un pays si éloigné du sien? Et qu'ai-je à voir avec la guérison de cet enfant? Mais attend, une idée me vient. Ecoute, le Rabbi a sans doute voulu faire allusion à mon gendre. Je vais te conter son histoire.
Un jeune homme étudiait la Torah dans la synagogue. J'eus pitié de lui et l'invitai à manger. Il accepta. Un peu plus tard, il me dit:
"Je ne veux pas être constamment une charge pour vous. Vous faites commerce de bois et vous avez sans doute besoin d'un gardien. Faites-moi construire une petite pièce dans la cour. Je m'y installerai et je garderai la cour et le bois tout en étudiant la Torah. J'acceptai et il en fut fait ainsi.
Une fois, je me levai au milieu de la nuit parce qu'un grand feu brûlait dans ma cour, là où se trouvait la cabane du gardien. Je fus saisi de panique car la cour était pleine de bois. L'incendie pouvait donc se répandre très rapidement. Je m'emportai silencieusement contre ce gardien qui dormait paisiblement, sans même ressentir l'incendie. Je partis en courant le réveiller et parvins sur place pour m'apercevoir.... qu'il n'y avait aucun incendie. Je rentrai à la maison et racontai tout cela à ma femme. Elle se moqua de moi et m'assura qu'il s'agissait d'un cauchemar. Quelques jours plus tard, je vis encore une fois un grand incendie dans la cour, tout autour de la maison du gardien. Cette fois-ci, je réveillai ma femme avant d'aller dans la cour. Elle s'approcha de la fenêtre, vit le feu et se mit à crier, me demandant de l'éteindre. Mais, encore une fois, lorsque je parvins sur les lieux, il ne se passait rien.
Je rentrai à la maison et contai cette étrange histoire à ma femme. Nous conclûmes que tout cela cachait quelque chose. Nous décidâmes de ne raconter ce qui s'était passé à personne, de ne pas parler de tout cela et de faire comme si nous ne le savions pas. Quelques jours plus tard, je proposai à ce jeune homme d'épouser ma fille. Il accepta à une condition, que soit bâtie une maison, pour sa femme et lui, à l'extrémité de la ville. Je n'aurais moi même pas le droit de me rendre dans cette maison mais eux viendraient nous voir de temps à autre. Il proposa de gagner sa vie en étant boulanger, métier dans lequel il excellait. Il fit dépendre le mariage de l'acceptation de tout cela.
J'acceptai donc et je tins parole. Après le mariage, le couple s'installa dans une petite maison que j'avais apprêté à l'extrémité de la ville. Je ne vais jamais les voir mais eux me rendent visite de temps à autre. Ma fille est très heureuse avec son mari. Et c'est sans doute à lui que le Rabbi a fait allusion. C'est un Tsaddik caché et il peut sauver ton fils."Le 'Hassid fut satisfait de tout cela et décida d'aller voir le boulanger, gendre de son hôte. Le trouvant chez lui, il lui dit: "Le Rabbi de Lyadi m'envoie à vous pour que vous sauviez mon fils."
"Il m'a trouvé jusqu'ici?, dit le boulanger en tremblant. Dis-lui que là où je me rends maintenant, il ne me trouvera jamais. Quant à ton fils, qu'il soit béni et gué
risse."
La bénédiction se réalisa immédiatement. L'enfant commença à parler et put rentrer chez lui avec son père.