Cette fête s'appelle Chavouot, semaines, ainsi qu'il est dit "tu compteras pour toi sept semaines". En revanche, on ne compte pas le jour même de la fête. On compte uniquement les jours qui le précèdent, puis cette fête est célébrée.
Il y a bien là une particularité, parmi les trois fêtes de pèlerinage. Car, la fête des Matsot et celle de Soukkot reçoivent, dans la Torah, une date précise, alors que Chavouot est uniquement défini comme le cinquantième jour de ce compte.
Quel enseignement peut-on tirer de tout cela?
Chavouot est le jour de la réception de la Torah.
Avant que la Torah ne soit donnée, on l'étudiait d'ores et déjà. Avraham, le premier Juif, était lui-même appelé "homme âgé, qui réside dans la tente de l'étude". Puis, il en fut de même pour les générations suivantes. Pour autant, nul n'était alors tenu de mettre en pratique les Commandements. On étudiait la Torah par ses forces propres, puisque l'on n'avait pas encore reçu l'Injonction de le faire.
On était donc limité, dans sa possibilité de progresser, par les dispositions que l'on avait naturellement. Ceux qui possédaient d'immenses capacités pouvaient effectivement connaître une élévation perpétuelle, mais qui n'en restait pas moins limitée. Car, chaque être créé est, par nature limité.
Puis vint le don de la Torah et D.ieu dit: "Les créatures terrestres s'élèveront vers le ciel, les créatures célestes descendront sur terre et Je prendrai Moi-même la première initiative en ce sens" en exprimant l'Essence de Moi dans la Torah que Je vous donne. Ainsi, votre élévation pourra transcender toutes les limites.
Après le don de la Torah, cette possibilité est offerte à tous, que l'on ait des moyens intellectuels limités ou, au contraire, très larges. Car chaque Juif reçoit sa part de la Torah.
C'est pour cela que l'on parle du don de la Torah. Car, il s'agit bien d'un don, d'un cadeau. Une Torah aussi élevée, avec le Luminaire qu'elle contient, ne pourrait pas être obtenue autrement. Aucun effort personnel ne serait suffisant pour l'acquérir.
Ceci nous permettra de comprendre pourquoi Moché, lorsqu'il se trouvait sur le mont Sinaï, étudiait la Torah, puis, aussitôt, l'oubliait. Il s'écria donc: "Je n'en ai rien retenu!". C'est alors que D.ieu lui en fit cadeau. Or, nous savons que les Patriarches ne cessèrent jamais de l'étudier, qu'il y avait une Yechiva en Egypte, que Moché lui-même y étudia la Torah pendant plusieurs décennies!
Néanmoins, un cadeau n'est pas accordé à n'importe qui. Il faut le mériter, car "on n'offre pas un cadeau si l'on n'en conçoit pas soi-même du plaisir".
Comment les Juifs eurent-ils le mérite de recevoir un tel cadeau?
Ils mirent en pratique la Torah et les Mitsvot de leurs ancêtres, par le mérite desquels fut obtenue la révélation du mont Sinaï. Pour s'y préparer, ils quittèrent l'Egypte, "abomination de la terre" et comptèrent les jours qui les séparaient encore du moment de recevoir la Torah. Ils s'apprêtèrent ainsi à ce grand dévoilement.
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C'est de cela que nous devons toujours nous rappeler. Lorsque nous étudions la Torah, nous devons avoir présent à l'esprit qu'elle est la Torah de D.ieu et il nous faut, au préalable, réciter une bénédiction, "béni sois-Tu, Eternel, Qui donne la Torah", au présent.
D.ieu fait cadeau de la Torah à cet instant précis, exactement comme Il le fit sur le mont Sinaï. Nous devons donc, en l'étudiant, éprouver la même crainte qu'alors, jusqu'à se mettre à trembler. La peur de mal agir doit se manifester avant l'intelligence. C'est uniquement à cette condition que l'intelligence se maintient.
Il faut donc compter, transformer et illuminer ces quarante neuf portes de la compréhension que chacun peut franchir par ses forces propres. C'est de cette façon que l'on met en pratique le Précepte "vous compterez cinquante jours". Dès lors, quand on étudie la Torah, on ressent la Présence de D.ieu. "D.ieu est avec Lui et la Hala'ha est systématiquement tranchée selon son avis". On découvrira, au cours de cette étude, la vérité la plus pure.
De même, on recevra les Lumières divines les plus élevées, pour pouvoir Le servir. Certes, il est dit: "Tu as fait que l'homme soit un peu moins que D.ieu", mais nos Sages soulignent que, si ce n'était la faute, l'homme pourrait être à proprement parler divin.