Lettre n° 1042

Par la grâce de D.ieu,
9 Sivan 5711,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je viens de recevoir votre lettre du 25 Iyar. Vous avez dû recevoir la mienne, il y a quelques temps déjà, avec le fascicule et la causerie(1) qui l’accompagnaient. Je mentionnerai votre nom et celui de votre épouse, en un moment propice, près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi, pour la satisfaction de tous vos besoins.

Je répète ce que je vous ai déjà dit, il y a quelques temps. Je ne comprends pas du tout la raison de votre amertume et de votre mélancolie. Vous savez que la moindre responsabilité qui incombe à un homme lui est confiée par un effet de la divine Providence. Combien plus est-ce le cas, lorsqu’il s’agit de fonctions rabbiniques. Il est bien clair que vous devez avoir conscience de ce que l’on attend de vous, mais il est tout aussi clair que, si cette conscience vous rend triste ou amer, c’est la preuve qu’elle émane des forces du mal, en d’autres termes de celui que mon beau-père, le Rabbi, appelait "le petit malin"(2).

Chaque instant que vous consacrez à ces idées vous place sous l’emprise des forces du mal. Il est dit, à propos de telles pensées, que, dès lors qu’elles montent à l’esprit, il convient de les repousser résolument, de les oublier et de ne pas les accepter.

Cette attitude est prônée pour tous et chacun doit l’adopter. Elle est intégrée au comportement d’un "homme moyen(3)". Certes, le Tanya dit que cet "homme moyen" n’a jamais de sa vie commis de fautes, alors qu’au chapitre 14, il affirme qu’à tout moment, quiconque le désire peut en devenir un. Cela signifie simplement que, dans la situation où il se trouve désormais, il ne commettra plus de fautes à l’avenir et, dans son état d’esprit actuel, n’en aurait pas commis, de par le passé. Ce point ne sera pas développé ici.

Vous m’écrivez que vous recherchez d’autres fonctions. Vous déduirez de ce qui vient d’être que j’ai beaucoup de mal à accepter cette position. Vous devez conserver votre poste, raffermir votre confiance en D.ieu, Qui vous guidera sur le chemin de la vérité et vous conférera la réussite dans votre mission sacrée.

Si vous éprouvez des doutes, en la matière, ceux-ci ne doivent pas porter sur vos capacités. Ils sont uniquement la marque d’un affaiblissement de votre confiance en D.ieu. Je vous conseille d’étudier la "porte de la confiance en D.ieu" du ‘Hovat Halevavot et, de manière générale, de vous attacher à l’arbre de vie, c’est-à-dire à l’étude de la ‘Hassidout, de participer souvent aux réunions ‘hassidiques, avec une sincère joie ‘hassidique, d’être joyeux et de réjouir les autres.

Vous vous êtes déjà installé dans votre nouvel appartement et il aurait fallu y organiser une réunion ‘hassidique, comme il convient, vous souvenir de l’ancien temps, lorsque l’on participait à de telles réunions sans se demander ce qu’en penseront telle ou telle personne, ce qu’en penseront le côté gauche(4) et le côté droit(5) de sa propre personnalité. On savait uniquement qu’il y avait une réunion ‘hassidique, que l’on pouvait, à cette occasion, entendre une explication ou un bon mot de la ‘Hassidout, un récit concernant nos maîtres. Ainsi, on intériorisait la lumière et "un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité".

De plus, à quoi bon réfléchir à l’obscurité ? Pourquoi ne pas plutôt penser à la lumière ? Nous nous trouvons, du reste, pendant la période du don des premières Tables de la Loi(6), qui apportèrent la liberté véritable(7).

Puisse D.ieu faire que cette nouvelle résidence vous fasse changer de Mazal, qui sera désormais positif(8). Ce sera un foyer chaleureux et joyeux, dès votre arrivée. Il sera empli de "la bougie (qui) est une Mitsva et la Torah (qui) est une lumière", du luminaire de la Torah, qui est l’enseignement de la ‘Hassidout, les pratiques et les coutumes ‘hassidiques. De temps à autre, vous y organiserez une réunion ‘hassidique.

J’attends de vos bonnes nouvelles. J’espère apprendre que vous avez un meilleur moral et qu’au final, vous aurez décidé de vous soumettre à la volonté de D.ieu et, à l’avenir, de mettre en application le Précepte de la Torah enjoignant de Le servir avec joie et enthousiasme.

Notes

(1) Les textes édités du précédent Rabbi.
(2) Le mauvais penchant.
(3) Le Beïnoni défini par le Tanya qui, bien que n’étant pas un Juste, s’est résolument écarté du mal.
(4) Celui du penchant vers le mal.
(5) Celui du penchant vers le bien.
(6) La fête de Chavouot.
(7) Ces Tables étaient, en effet, ‘Harout, gravées sur la pierre et nos Sages disent : "Ne lis pas ‘Harout, gravé, mais ‘Hérout, liberté", ce que ces Tables apportèrent.
(8) Nos Sages enseignent que "celui qui change d’endroit, change de Mazal".