Lettre n° 1055

Par la grâce de D.ieu,
17 Sivan 5711,
Brooklyn, New York,

Au ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav Yaakov(1),

Je vous salue et vous bénis,

A l’occasion de la visite que vous m’avez rendue, je voudrais vous exprimer encore une fois ma bénédiction pour que vous ayez de longs jours et de bonnes années, ainsi que votre épouse.

Ce seront des années véritablement longues et bonnes, ce qui signifie, chez les Juifs, qu’on les vivra dans la tranquillité de l’esprit et du corps, en accomplissant de bonnes actions. Il faut donc ressentir ces jours et ces années, grâce à des réalisations liées à la Torah et aux Mitsvot, qui prendront la forme d’accomplissements positifs, pénétrés des trois amours, amour de D.ieu, amour de la Torah et amour de son prochain.

Une telle existence apporte la réussite et la bénédiction, dans son propre foyer, comme dans celui des enfants et des petits-enfants.

Comme je vous l’ai dit oralement, mon beau-père, le Rabbi, a maintes fois rappelé une explication du Baal Chem Tov, selon laquelle tout ce qu’un Juif voit ou entend doit lui délivrer un enseignement sur sa manière de servir D.ieu. Bien évidemment, une situation permanente doit, a fortiori, délivrer un tel enseignement.

Le linge et les vêtements, avant qu’on les porte, sont parfaitement propres, impeccablement repassés et admirablement à leur place. Puis, dès lors qu’on les porte un certain temps, ils sont froissés, poussiéreux ou tachés. Pour autant, on ne doit pas les jeter. On les confie à un blanchisseur ou à un teinturier(2).

Le blanchisseur place ces vêtements dans un ustensile ou dans une machine, qu’il porte à une température tiède ou chaude, en y versant de l’eau chaude, différents produits chimiques et du savon. Il les débarrasse ainsi de la saleté et des taches. Puis, il les repasse en appliquant sur eux un fer ou une presse. Après cela, on peut, de nouveau, porter ces vêtements.

Il en est de même pour l’âme juive. Lorsque D.ieu la donne à un homme ou à une femme, celle-ci est pure(3), empesée(4) et adaptée à cette personne(5). Ainsi, nous constatons, chaque jour, dans les bénédictions du matin, que "l’âme que Tu m’as donnée est pure".

Mais, le temps passe et cette âme se consacre aussi aux préoccupations du monde. Dès lors, elle se froisse, car elle n’est pas utilisée de la manière désirée par D.ieu. Bien plus, elle peut même se couvrir de poussière ou de taches, si l’on néglige une Mitsva que l’on devrait accomplir, ce qu’à D.ieu ne plaise, ou si l’on transgresse une Interdiction, ce qu’à D.ieu ne plaise.

Néanmoins, la Torah nous demande de ne pas perdre l’espoir d’avoir une âme pure et adaptée à une vie juive. Pour cela, il faut la placer dans un endroit où la température est tiède, ayant été réchauffée par l’enthousiasme de la Torah et des Mitsvot. L’âme y puisera sa passion et son entrain.

Cet enthousiasme doit, cependant, être réservé aux activités sacrées. Pour cela, on devra prier avec la plus grande ferveur, ainsi qu’il est dit : "déverse ton cœur comme de l’eau", étudier la Torah avec concentration, ainsi qu’il est dit : "Vous qui avez soif, allez boire de l’eau" et il n’est pas ici question d’eau, au sens littéral, mais bien de la Torah.

Pour parvenir à cela, différents éléments doivent être réunis(6). Il faut donner de la Tsédaka, respecter la Cacherout et d’autres Mitsvot. Ainsi, l’âme retrouve intégralement sa pureté. Si, en outre, on place sur elle le poids(7) de la Torah, on s’apercevra que, malgré la pression, celui-ci ne la dérange pas, mais, bien au contraire, la rend droite, en remet chaque détail à sa place, lui restitue la forme et l’apparence qui lui conviennent.

Grâce à la Torah et aux Mitsvot, l’âme devient ce qu’elle doit effectivement être.

Je conclus en formulant le voeu que vous ayez de longs jours et de bonnes années, de même que votre épouse. Vous concevrez, de tous vos enfants, beaucoup de satisfaction juive.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav Y. Perl.
(2) Telle est vraisemblablement l’activité du destinataire de cette lettre.
(3) Reïn, le terme Yiddish employé ici par le Rabbi signifie à la fois propre et pure.
(4) C'est-à-dire repassée.
(5) C'est-à-dire bien à sa place.
(6) Correspondant aux produits chimiques et au savon.
(7) Correspondant au fer à repasser.