Lettre n° 1078
Par la grâce de D.ieu,
4 Tamouz 5711,
Brooklyn,
Au jeune homme, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Meïr(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, en son temps, votre lettre du premier jour de Roch ‘Hodech Tamouz. J’ai appris avec plaisir que le cours de Torah a été rétabli, à la synagogue. Je vous remercie de m’avoir donné des nouvelles des membres de la communauté et de m’avoir dit comment s’est passé le Chabbat Mevar’him(2). J’espère que vous parviendrez à leur faire adopter les autres pratiques de ce Chabbat Mevar’him, par exemple la lecture des Tehilim(3).
Vous leur transmettrez sûrement ce qui s’est dit pendant le Chabbat Chela’h(4), à propos de la faute des explorateurs, qui étaient des hommes intègres, comme le souligne Rachi. Malgré cela, ils refusèrent d’entrer en Erets Israël.
La ‘Hassidout explique ce que fut leur erreur. Lorsqu’ils se trouvaient dans le désert, ils se consacraient à la Torah, à la spiritualité. En effet, ils se nourrissaient de la manne, buvaient l’eau du puits de Miriam. Leurs vêtements grandissaient en même temps qu’eux, comme l’explique Rachi, commentant le verset "ton vêtement ne t’a pas quitté". Ils ne souhaitaient donc pas se consacrer aux préoccupations de ce monde.
Or, se trouvant en Erets Israël, ils auraient dû modifier leur façon de vivre, travailler la terre ou faire du commerce. Certes, la Torah indique de quelle manière on doit mener de telles activités, en se préservant du vol, de la concurrence déloyale, en levant la dîme, en respectant la septième année(5) et les prélèvements agricoles. Néanmoins, ces occupations réduisent le temps de l’étude de la Torah et de la prière.
Les explorateurs se dirent donc : "Pourquoi devrions-nous échanger l’activité délicate qui est la nôtre, dans le désert, contre celle d’Erets Israël, où il faut se passer de la manne et faire pousser des fruits, cohabiter avec d’autres peuples à la place de la solitude du désert. Un tel pays engloutira ceux qui l’habitent, effacera la spiritualité et la sainteté d’Israël".
Une telle conception fut une erreur de leur part. La Torah affirme que "ce pays est très, très bon", même si le travail y est rude et grossier, car telle est la Volonté de D.ieu. Il doit être évident que l’acte le plus banal est accompli par un Juif, de la manière qui convient. Tout cela est plus précieux pour D.ieu que l’étude de la Torah, dans le désert.
Il y a là un enseignement pour nous tous. Nous nous trouvons dans un exil très amer, qui nous empêche, pour différentes raisons, d’étudier la Torah durant huit heures chaque jour. Nous devons donc nous contenter de prendre part aux cours publics, organisés à la synagogue(6). Bien plus, ceux-ci ne portent pas sur les passages les plus profonds de la Torah, mais sur les lois du Kitsour Choul’han Arou’h(7), les récits de nos Sages ou des Justes.
Tout cela ne doit donc pas décourager. Il faut toujours se rappeler que "ce pays est très, très bon", qu’il ne faut pas s’affecter de toutes les difficultés, que l’on doit adopter le comportement d’un Juif. C’est de cette manière que l’on met en pratique la Volonté de D.ieu, comme si l’on étudiait la Torah dans le désert. Une telle manière d’agir, lorsqu’elle est, en outre, joyeuse, est particulièrement précieuse.
Je vous serai reconnaissant de transmettre mes salutations à tous ceux qui participent à ces cours. Puisse D.ieu faire qu’ils soient fructueux et que l’on en tire une chaleur juive, que l’on pourra ensuite emporter chez soi.
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Le Rav M. Witski, d’Ocrane, Ohio.
(2) Le dernier Chabbat du mois, au cours duquel est béni le mois suivant.
(3) De l’ensemble des Tehilim, avant la prière du matin, selon la pratique instaurée par le précédent Rabbi.
(4) Lors de la réunion ‘hassidique du Rabbi.
(5) Le Chabbat de la terre, lorsque les cultures sont interdites.
(6) Ce qui fait l’objet du début de cette lettre.
(7) Le code abrégé des lois juives.
4 Tamouz 5711,
Brooklyn,
Au jeune homme, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Meïr(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, en son temps, votre lettre du premier jour de Roch ‘Hodech Tamouz. J’ai appris avec plaisir que le cours de Torah a été rétabli, à la synagogue. Je vous remercie de m’avoir donné des nouvelles des membres de la communauté et de m’avoir dit comment s’est passé le Chabbat Mevar’him(2). J’espère que vous parviendrez à leur faire adopter les autres pratiques de ce Chabbat Mevar’him, par exemple la lecture des Tehilim(3).
Vous leur transmettrez sûrement ce qui s’est dit pendant le Chabbat Chela’h(4), à propos de la faute des explorateurs, qui étaient des hommes intègres, comme le souligne Rachi. Malgré cela, ils refusèrent d’entrer en Erets Israël.
La ‘Hassidout explique ce que fut leur erreur. Lorsqu’ils se trouvaient dans le désert, ils se consacraient à la Torah, à la spiritualité. En effet, ils se nourrissaient de la manne, buvaient l’eau du puits de Miriam. Leurs vêtements grandissaient en même temps qu’eux, comme l’explique Rachi, commentant le verset "ton vêtement ne t’a pas quitté". Ils ne souhaitaient donc pas se consacrer aux préoccupations de ce monde.
Or, se trouvant en Erets Israël, ils auraient dû modifier leur façon de vivre, travailler la terre ou faire du commerce. Certes, la Torah indique de quelle manière on doit mener de telles activités, en se préservant du vol, de la concurrence déloyale, en levant la dîme, en respectant la septième année(5) et les prélèvements agricoles. Néanmoins, ces occupations réduisent le temps de l’étude de la Torah et de la prière.
Les explorateurs se dirent donc : "Pourquoi devrions-nous échanger l’activité délicate qui est la nôtre, dans le désert, contre celle d’Erets Israël, où il faut se passer de la manne et faire pousser des fruits, cohabiter avec d’autres peuples à la place de la solitude du désert. Un tel pays engloutira ceux qui l’habitent, effacera la spiritualité et la sainteté d’Israël".
Une telle conception fut une erreur de leur part. La Torah affirme que "ce pays est très, très bon", même si le travail y est rude et grossier, car telle est la Volonté de D.ieu. Il doit être évident que l’acte le plus banal est accompli par un Juif, de la manière qui convient. Tout cela est plus précieux pour D.ieu que l’étude de la Torah, dans le désert.
Il y a là un enseignement pour nous tous. Nous nous trouvons dans un exil très amer, qui nous empêche, pour différentes raisons, d’étudier la Torah durant huit heures chaque jour. Nous devons donc nous contenter de prendre part aux cours publics, organisés à la synagogue(6). Bien plus, ceux-ci ne portent pas sur les passages les plus profonds de la Torah, mais sur les lois du Kitsour Choul’han Arou’h(7), les récits de nos Sages ou des Justes.
Tout cela ne doit donc pas décourager. Il faut toujours se rappeler que "ce pays est très, très bon", qu’il ne faut pas s’affecter de toutes les difficultés, que l’on doit adopter le comportement d’un Juif. C’est de cette manière que l’on met en pratique la Volonté de D.ieu, comme si l’on étudiait la Torah dans le désert. Une telle manière d’agir, lorsqu’elle est, en outre, joyeuse, est particulièrement précieuse.
Je vous serai reconnaissant de transmettre mes salutations à tous ceux qui participent à ces cours. Puisse D.ieu faire qu’ils soient fructueux et que l’on en tire une chaleur juive, que l’on pourra ensuite emporter chez soi.
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Le Rav M. Witski, d’Ocrane, Ohio.
(2) Le dernier Chabbat du mois, au cours duquel est béni le mois suivant.
(3) De l’ensemble des Tehilim, avant la prière du matin, selon la pratique instaurée par le précédent Rabbi.
(4) Lors de la réunion ‘hassidique du Rabbi.
(5) Le Chabbat de la terre, lorsque les cultures sont interdites.
(6) Ce qui fait l’objet du début de cette lettre.
(7) Le code abrégé des lois juives.