Lettre n° 1115

Par la grâce de D.ieu,
26 Tamouz 5711,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav Elkana(1),

Je vous salue et vous bénis(2),

J’ai bien reçu votre demande de bénédiction, par l’intermédiaire du grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre fidèlement aux besoins communautaires, Rav Chlomo Zalman Hecht(3). J’en ferai lecture, lorsque je me trouverai près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi. A n’en pas douter, il invoquera la miséricorde divine, afin que vous receviez, de même que votre épouse, la satisfaction de tous vos besoins, que D.ieu exauce toutes vos requêtes, dans leur ensemble et chacune en particulier.

Le Rav Hecht me dit aussi qu’une opportunité commerciale se présente à vous. Puisse D.ieu faire que vous connaissiez la réussite et que se réalise en vous la parole(4) de mon beau-père, le Rabbi, qu’il transmit au nom de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h : "D.ieu confie aux Juifs des biens matériels, afin qu’ils en fassent de la spiritualité".

Je conclus en évoquant ce qui est d’actualité, la Parchat Matot. Je le ferai brièvement, car le temps ne me permet pas une longue analyse, mais, pour quelqu’un comme vous, ces quelques lignes suffiront.

On sait que les voeux diffèrent de tous les autres Préceptes de la Torah, puisqu’ils prennent valeur lorsque "l’on va bientôt devenir un homme", c'est-à-dire à douze ans, alors que l’on est tenu de mettre en pratique les autres Commandements seulement à treize ans.

Ceci nous délivre une leçon. Un voeu est, en effet, une précaution et nos Sages disent que "le voeu est un moyen de contenir sa relation avec les biens matériels". On le formule donc pour être certain de ne pas trébucher, dans sa pratique de la Torah et des Mitsvot.

Certes, nos Sages disent, dans le Yerouchalmi Nedarim, à la fin du chapitre 9 : "Suffis-toi de ce que la Torah t’interdit". De ce point de vue, le voeu pourrait être interprété comme une marque d’orgueil. Bien plus, on pourrait même imaginer qu’il soit interdit, puisqu’il est dit : "Tu ne retrancheras rien à ces Commandements et tu n’y ajouteras rien".

La Torah souligne, en conséquence, que ce n’est nullement le cas. On peut, en effet, mettre en pratique la Torah et les Mitsvot, tout en étant, selon l’expression du Ramban, "un dévoyé, de manière permise par la Torah"(4). Il est donc indispensable de s’en tenir à l’Injonction : "Menez la garde autour de ce que Je demande".

Par la Mitsva des voeux, la Torah enseigne donc de quelle manière on doit conduire l’homme à mettre les Mitsvot en pratique, quand il aura treize ans. Celui-ci se préparera à un tel accomplissement en multipliant les précautions, les barrières autours de ce qu’interdit la Torah.

C’est donc en ce sens que les voeux préparent la pratique de la Torah et des Mitsvot, lorsque "l’on va bientôt devenir un homme". Bien évidemment, on ne peut, en la matière, attendre un même comportement de la part de tous. Les précautions dont les hommes ont besoin ne sont pas toujours identiques. Ainsi, disent nos Sages, "un ignorant ne doit pas manger de viande(5)" alors que le contraire est vrai pour l’érudit de la Torah, auquel nos Sages disent : "Au lieu de consommer des légumes, prends donc de la viande".

C’est pour cette raison que la Paracha relative aux voeux fut dite aux chefs de tribu. D’eux dépend, en effet, que ces voeux soient annulés ou confirmés, dans quelle domaine il est bon d’en formuler ou préférable de s’en abstenir. Car, on a vu l’impossibilité d’adopter, en la matière, une position identique pour tous. C’est donc le chef, possédant une vision lumineuse de toute chose, qui est habilité à s’exprimer, en la matière.

Avec ma bénédiction de bonne santé et pour tout le bien,

Notes

(1) Le Rav E. Pomerants, de Chicago.
(2) Une même lettre a été adressée à plusieurs autres personnes.
(3) De Chicago. Voir la lettre précédente.
(4) En accomplissant les Mitsvot sans aucun désir de se sanctifier par ces accomplissements.
(5) Nourriture qui risque de lui suggérer un orgueil déplacé.