Lettre n° 1225
Par la grâce de D.ieu,
8 Tichri 5712,
Brooklyn, New York,
Au grand Rav, ‘Hassid qui craint D.ieu, grand érudit,
qui met en forme son étude et la commente, est empli
de connaissances, le Rav Meïr(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous remercie beaucoup pour le précieux cadeau, les deux tomes du Torat ‘Haïm, que vous m’avez adressé. J’espère que vous enverrez également à la bibliothèque les autres livres dont vous êtes l’auteur.
Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion du 18 Elloul(2) et une copie de ma lettre adressée à tous(3) qui, à n’en pas douter, vous intéresseront. Par colis séparé, nous vous envoyons les discours ‘hassidiques de l’été 5700(4) et le Séfer Hasi’hot.
Je vous adresse ma bénédiction afin que vous soyez définitivement inscrit pour une bonne année, au cours de laquelle vous pourrez vous consacrer à la Torah par toutes vos forces. En outre, vous insufflerez à votre communauté la Torah de vie, c'est-à-dire celle qui est pénétrée de sa dimension profonde, de "l’arbre de vie", selon l’expression du Zohar, tome 3, page 124b.
Les activités, en cette période, sont nombreuses et je dispose donc de peu de temps. Néanmoins, j’ai feuilleté vos livres et j’ai consulté, en particulier, ce qui concerne le présent moment de l’année, c'est-à-dire les commentaires relatifs à la Techouva. En conséquence, je formulerai ici quelques remarques, même si elles ne sont pas aussi développées qu’elles auraient dû l’être.
Dans votre commentaire des Sidrot Vayéle’h et Haazinou, vous parlez de la manière dont la Techouva fut consultée(5). Vous savez sans doute qu’il existe plusieurs versions de ce texte et, vous verrez, à ce propos, le texte du Yerouchalmi, au traité Makot, chapitre 2, le Yalkout Chimeoni sur les Tehilim, au Psaume 25. Le Vaveï Haamoudim, du fils du Chneï Lou’hot Haberit en cite une version surprenante, d’après ce qui est dit du prophète Ye’hezkel. Concernant la manière dont la prophétie fut consultée(5), il mentionne un verset qui, de toute évidence, fait allusion à la sagesse(6). Le Yerouchalmi, par contre, cite ces versets dans l’ordre contraire, ce qui semble plus logique.
J’ai largement développé tout cela par ailleurs et je rappellerai ici brièvement mon propos.
On interrogea donc la Sagesse et elle répondit: "Que le mal poursuive celui qui commet des fautes". Logiquement, on peut comprendre cette affirmation en expliquant que la faute entraîne naturellement le mal. Et, dans cette réponse, il est uniquement question du mal, sans autre précision, car ses dimensions quantitative et qualitative dépendent de celle de sa cause, c'est-à-dire de la faute.
On interrogea également la prophétie, dont l’objet est de se lier à la Présence divine. Celui qui commet une faute, même par inadvertance, se prive de ce lien. De fait, celui qui agit sans conscience doit également expier son acte. La réponse de la prophétie fut donc la suivante: "Que meurt l’homme qui a commis une faute". En effet, la moindre transgression suffit pour se couper de la Présence divine. Vous consulterez, à ce propos, le Guide des égarés, tome 2, à partir du chapitre 34, qui traite de la prophétie.
On posa la même question à la Torah, qui dit: "Que l’homme offre un sacrifice d’Acham et on lui pardonnera". La Torah, qui est la Sagesse du Saint béni soit-Il, dépasse même la prophétie. C’est la raison pour laquelle le prophète n’introduit pas d’élément nouveau(7). Et, la Torah ressent donc le manque(8) beaucoup plus que la sagesse et la prophétie. De ce point de vue, la mort elle-même n’est pas suffisante pour apporter l’expiation.
Néanmoins, la Torah est une Torah de bonté et D.ieu tend la main pour accueillir ceux qui se repentent. Il tient compte du fait qu’un homme, lorsqu’il commet une faute, est saisi par un esprit de folie et agit comme un animal. La Torah introduit donc un moyen de racheter cette faute et celui-ci souligne que l’homme a pu le commettre uniquement parce qu’il s’est comporté comme un animal. Le sacrifice qui doit être apporté est précisément celui d’Acham, qui regroupe toutes les catégories de faute, celle que l’on n’est pas certain d’avoir commise, celle que l’on a fait par inadvertance, celle pour laquelle on agi en conscience. On pourrait développer également d’autres explications.
La même question fut également posée au Saint béni soit-Il(9). Certes, qui, mieux que Lui, est conscient du préjudice(8)? A l’opposé, qui Lui dicterait Son comportement? Et, "si tes fautes sont multiples, que Lui ôtes-tu?". D.ieu demande donc à l’homme de mettre en éveil la partie de son âme qui s’élève au dessus de tout calcul et, de la sorte, d’accéder à la Techouva.
La Techouva permet de se changer, d’une extrême à l’autre, de sorte que, selon les termes du Rambam, "Celui Qui a connaissance de ce qui est caché puisse porter témoignage qu’il ne commettra plus cet acte insensé". Un tel homme, provoque, pour ce qui le concerne, une transformation, dans les sphères célestes, d’une extrême à l’autre. Alors qu’il se trouvait dans une fosse profonde, dans laquelle le défaut qu’il avait causé était particulièrement ressenti, il se hisse, grâce à la Techouva, sur une cime élevée. De fait, le niveau atteint par ceux qui réalisent la Techouva est inaccessible aux Justes parfaits. Nous n’en dirons pas plus ici.
Vous m’interrogez sur les fautes intentionnellement commises qui sont transformées en bienfaits. Vous trouverez l’explication correspondante à la fin du chapitre 7 du Tanya.
Concernant la Torah et les Mitsvot accomplies par celui qui a commis une faute, vous consulterez les lois de l’étude de la Torah de l’Admour Hazaken, chapitre 4, paragraphe 3.
Je voudrais formuler également une remarque sur la conclusion de votre lettre, selon laquelle nous sommes parvenus au "début de la délivrance". Que D.ieu nous garde de dire et, a fortiori, d’écrire que la situation actuelle, en notre Terre Sainte, pour ce qui touche à la pratique juive, fait la preuve que nous sommes au début de la délivrance. Il est douloureux d’en dire plus, d’autant que tous savent bien ce qu’il en est.
Puisse donc D.ieu faire que nous quittions, très bientôt et de nos jours, cette obscurité profonde et intense, dans laquelle on fait passer la pénombre pour de la lumière et la lumière pour de la pénombre et que notre juste Machia’h nous libère, avec tout le peuple d’Israël, à l’extérieur d’Erets Israël comme en Terre Sainte, qui sera rebâtie et restaurée.
Ainsi, nous quitterons cet exil amer et nous connaîtrons la délivrance complète et véritable.
Notes
(1) Le Rav M. Blumenfeld.
(2) Voir le Séfer Hamaamarim 5709, page 26.
(3) Il s’agit de la lettre n°1191.
(4) 1940, du précédent Rabbi.
(5) Pour donner un avis sur ce qu’il convient de faire à l’homme qui a mal agi.
(6) A laquelle la même question fut également posée.
(7) Mais transmet uniquement les termes de la prophétie qui lui a été confiée, alors que l’érudit de la Torah en développe des explications nouvelles.
(8) Suscité par l’homme qui a commis la faute.
(9) Dont la réponse fut: "Un tel homme doit faire Techouva".
8 Tichri 5712,
Brooklyn, New York,
Au grand Rav, ‘Hassid qui craint D.ieu, grand érudit,
qui met en forme son étude et la commente, est empli
de connaissances, le Rav Meïr(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous remercie beaucoup pour le précieux cadeau, les deux tomes du Torat ‘Haïm, que vous m’avez adressé. J’espère que vous enverrez également à la bibliothèque les autres livres dont vous êtes l’auteur.
Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion du 18 Elloul(2) et une copie de ma lettre adressée à tous(3) qui, à n’en pas douter, vous intéresseront. Par colis séparé, nous vous envoyons les discours ‘hassidiques de l’été 5700(4) et le Séfer Hasi’hot.
Je vous adresse ma bénédiction afin que vous soyez définitivement inscrit pour une bonne année, au cours de laquelle vous pourrez vous consacrer à la Torah par toutes vos forces. En outre, vous insufflerez à votre communauté la Torah de vie, c'est-à-dire celle qui est pénétrée de sa dimension profonde, de "l’arbre de vie", selon l’expression du Zohar, tome 3, page 124b.
Les activités, en cette période, sont nombreuses et je dispose donc de peu de temps. Néanmoins, j’ai feuilleté vos livres et j’ai consulté, en particulier, ce qui concerne le présent moment de l’année, c'est-à-dire les commentaires relatifs à la Techouva. En conséquence, je formulerai ici quelques remarques, même si elles ne sont pas aussi développées qu’elles auraient dû l’être.
Dans votre commentaire des Sidrot Vayéle’h et Haazinou, vous parlez de la manière dont la Techouva fut consultée(5). Vous savez sans doute qu’il existe plusieurs versions de ce texte et, vous verrez, à ce propos, le texte du Yerouchalmi, au traité Makot, chapitre 2, le Yalkout Chimeoni sur les Tehilim, au Psaume 25. Le Vaveï Haamoudim, du fils du Chneï Lou’hot Haberit en cite une version surprenante, d’après ce qui est dit du prophète Ye’hezkel. Concernant la manière dont la prophétie fut consultée(5), il mentionne un verset qui, de toute évidence, fait allusion à la sagesse(6). Le Yerouchalmi, par contre, cite ces versets dans l’ordre contraire, ce qui semble plus logique.
J’ai largement développé tout cela par ailleurs et je rappellerai ici brièvement mon propos.
On interrogea donc la Sagesse et elle répondit: "Que le mal poursuive celui qui commet des fautes". Logiquement, on peut comprendre cette affirmation en expliquant que la faute entraîne naturellement le mal. Et, dans cette réponse, il est uniquement question du mal, sans autre précision, car ses dimensions quantitative et qualitative dépendent de celle de sa cause, c'est-à-dire de la faute.
On interrogea également la prophétie, dont l’objet est de se lier à la Présence divine. Celui qui commet une faute, même par inadvertance, se prive de ce lien. De fait, celui qui agit sans conscience doit également expier son acte. La réponse de la prophétie fut donc la suivante: "Que meurt l’homme qui a commis une faute". En effet, la moindre transgression suffit pour se couper de la Présence divine. Vous consulterez, à ce propos, le Guide des égarés, tome 2, à partir du chapitre 34, qui traite de la prophétie.
On posa la même question à la Torah, qui dit: "Que l’homme offre un sacrifice d’Acham et on lui pardonnera". La Torah, qui est la Sagesse du Saint béni soit-Il, dépasse même la prophétie. C’est la raison pour laquelle le prophète n’introduit pas d’élément nouveau(7). Et, la Torah ressent donc le manque(8) beaucoup plus que la sagesse et la prophétie. De ce point de vue, la mort elle-même n’est pas suffisante pour apporter l’expiation.
Néanmoins, la Torah est une Torah de bonté et D.ieu tend la main pour accueillir ceux qui se repentent. Il tient compte du fait qu’un homme, lorsqu’il commet une faute, est saisi par un esprit de folie et agit comme un animal. La Torah introduit donc un moyen de racheter cette faute et celui-ci souligne que l’homme a pu le commettre uniquement parce qu’il s’est comporté comme un animal. Le sacrifice qui doit être apporté est précisément celui d’Acham, qui regroupe toutes les catégories de faute, celle que l’on n’est pas certain d’avoir commise, celle que l’on a fait par inadvertance, celle pour laquelle on agi en conscience. On pourrait développer également d’autres explications.
La même question fut également posée au Saint béni soit-Il(9). Certes, qui, mieux que Lui, est conscient du préjudice(8)? A l’opposé, qui Lui dicterait Son comportement? Et, "si tes fautes sont multiples, que Lui ôtes-tu?". D.ieu demande donc à l’homme de mettre en éveil la partie de son âme qui s’élève au dessus de tout calcul et, de la sorte, d’accéder à la Techouva.
La Techouva permet de se changer, d’une extrême à l’autre, de sorte que, selon les termes du Rambam, "Celui Qui a connaissance de ce qui est caché puisse porter témoignage qu’il ne commettra plus cet acte insensé". Un tel homme, provoque, pour ce qui le concerne, une transformation, dans les sphères célestes, d’une extrême à l’autre. Alors qu’il se trouvait dans une fosse profonde, dans laquelle le défaut qu’il avait causé était particulièrement ressenti, il se hisse, grâce à la Techouva, sur une cime élevée. De fait, le niveau atteint par ceux qui réalisent la Techouva est inaccessible aux Justes parfaits. Nous n’en dirons pas plus ici.
Vous m’interrogez sur les fautes intentionnellement commises qui sont transformées en bienfaits. Vous trouverez l’explication correspondante à la fin du chapitre 7 du Tanya.
Concernant la Torah et les Mitsvot accomplies par celui qui a commis une faute, vous consulterez les lois de l’étude de la Torah de l’Admour Hazaken, chapitre 4, paragraphe 3.
Je voudrais formuler également une remarque sur la conclusion de votre lettre, selon laquelle nous sommes parvenus au "début de la délivrance". Que D.ieu nous garde de dire et, a fortiori, d’écrire que la situation actuelle, en notre Terre Sainte, pour ce qui touche à la pratique juive, fait la preuve que nous sommes au début de la délivrance. Il est douloureux d’en dire plus, d’autant que tous savent bien ce qu’il en est.
Puisse donc D.ieu faire que nous quittions, très bientôt et de nos jours, cette obscurité profonde et intense, dans laquelle on fait passer la pénombre pour de la lumière et la lumière pour de la pénombre et que notre juste Machia’h nous libère, avec tout le peuple d’Israël, à l’extérieur d’Erets Israël comme en Terre Sainte, qui sera rebâtie et restaurée.
Ainsi, nous quitterons cet exil amer et nous connaîtrons la délivrance complète et véritable.
Notes
(1) Le Rav M. Blumenfeld.
(2) Voir le Séfer Hamaamarim 5709, page 26.
(3) Il s’agit de la lettre n°1191.
(4) 1940, du précédent Rabbi.
(5) Pour donner un avis sur ce qu’il convient de faire à l’homme qui a mal agi.
(6) A laquelle la même question fut également posée.
(7) Mais transmet uniquement les termes de la prophétie qui lui a été confiée, alors que l’érudit de la Torah en développe des explications nouvelles.
(8) Suscité par l’homme qui a commis la faute.
(9) Dont la réponse fut: "Un tel homme doit faire Techouva".