Lettre n° 1281
Par la grâce de D.ieu,
8 Kislev 5712,
Brooklyn, New York,
Je vous bénis et vous salue,
Je fais réponse à votre lettre d’avant Roch Hachana. Du fait de mes nombreuses occupations à la veille de Tichri et pendant ce mois, ma réponse a été retardée jusqu’à maintenant:
A) Concernant les signes de cantilation de la Torah(1), vous demandez s’il est préférable de lire les versets en fonction de leur sens simple ou de ces signes. En fait, vous n’éprouviez pas de doute, sur ce point et celui-ci a été soulevé par un cas précis, dans lequel les signes de cantilation, selon les principes établis, auraient dû être différents de ce qu’ils sont effectivement, un principe en repoussant un autre.
Voici ma réponse. Comme je vous l’écrivais dans ma précédente lettre(2), les principes établis, en matière de cantilation des versets, sont l’oeuvre d’un homme qui a fait des recherches sur ces versets et a énoncé ces règles précisément pour résoudre des contradictions apparentes entre certains versets. En conséquence, si quelqu’un d’autre fait également une étude dans ce domaine et établit une autre règle permettant d’écarter toutes les difficultés, il sera possible de supprimer la règle précédente et d’adopter la nouvelle.
Bien évidemment, ceci ne concerne que la majeure partie de ces principes. Certains d’entre eux, en effet, ont une base sacrée(3). On sait, en effet, que certaines règles de grammaire et de chant trouvent leur origine dans la Kabbala. A l’opposé, la Loi Orale a été transmise afin d’être discutée par les Sages de la Torah.
Il en résulte que, dans la situation particulière à laquelle vous faites allusion(4), il est clair, à mon sens, que l’on doit lire en fonction des signes de cantilation.
B) Bien plus, même si ces principes avaient été révélés à Moché, sur le mont Sinaï, le fait que l’un repousse l’autre aurait alors également fait l’objet d’une révélation, établissant que, dans un certain cas, la seconde règle repousse la première. Il reste donc nécessaire de chanter le verset en fonction de ces mêmes signes.
C’est la raison pour laquelle je disais, dans ma précédente lettre, en citant le Zohar, que les signes de cantilation ont été donnés pour chanter les versets. Ils sont donc comparables à l’esprit et à l’âme qui se trouvent dans le corps.
C) Un point s’ajoute à ce qui vient d’être dit. Il est spécifié, par ailleurs, qu’un verset ne doit pas être chanté selon les signes qui sont écrits. On peut en conclure que ce n’est pas le cas pour tous les autres versets.
A propos de ce verset, il est dit, en effet, que le Pachta, le Zarka et le Telicha Ketana sont toujours à la fin du mot, alors que le Telicha Guedola(5) est au début du mot. Vous verrez également le verset Chemini 10, 2.
D) Vous me demandez ce qui fait la force d’un principe par rapport à un autre, lui permettant de le repousser. Pourquoi ne serait-ce pas l’inverse?
Comme je l’ai dit, ces principes ont été déterminés de manière empirique, d’après l’examen des versets. Les grammairiens et les chantres en ont déduit que, lorsque deux règles se contredisaient, l’une repoussait l’autre, en pratique.
Pourquoi une règle est-elle repoussée par l’autre? On peut dire simplement qu’il s’agit de préserver la beauté du chant et de la voix.
E) Vous me demandez pourquoi je n’ai pas cité, dans ma lettre, le passage du traité Nedarim qui parle des signes de cantilation. Voici ma réponse.
Dans ma lettre, j’ai mentionné les livres qui sont cités par le Pekouot Sadé et qui expliquent parfaitement ce passage du traité Nedarim
F) J’ai lu avec effroi, dans un entrefilet de votre lettre, que, depuis plus d’un an, vous n’avez plus d’activité pédagogique, si ce n’est de manière accessoire et sans que cela vous dérange. Vous précisez vous même "très rarement".
J’en suis très surpris. Comment pouvez-vous rester indifférent, à cette époque-ci et dans l’endroit où se trouvent de nombreux enfants juifs exposés à l’apostasie, ce qu’à D.ieu ne plaise? Pourquoi ne vous investissez-vous pas, de toutes vos forces, pour les sauver?
Imaginez que vous êtes au bord d’un fleuve, étudiant un passage talmudique très profond et d’un grand intérêt. Soudain, quelqu’un se noie, dans ce fleuve. N’interromprez-vous pas votre étude pour aller le sauver? Et vous pouvez être certain que D.ieu vous viendra en aide, puisque vous ferez ce qui est bon et droit à Ses yeux.
Certes, je connais l’explication qui est donnée à propos de Morde’haï, sur le verset "il était accepté par la majeure partie de ses frères" et non par la totalité d’entre eux(6). Mais, l’Admour Hazaken était un grand érudit, non seulement de la ‘Hassidout, mais aussi de la partie révélée de la Torah. Or, il nous a donné l’assurance dans son livre, au début du Torah Or, que celui qui donne de la Tsédaka(7) aura un cerveau et un coeur mille fois plus affinés.
Le Torah Or n’est pas un recueil de jeux de mots. Il doit être interprété au sens littéral. Il indique donc que celui qui agit de la sorte connaîtra une réussite mille fois accrue, dans sa propre étude. Ainsi, en sauvant les autres, on ne perd rien et, bien plus, on est même gagnant. On étudie la Torah pendant peu de temps, mais D.ieu vient en aide et la réussite de cette étude est mille fois ce qu’elle devrait être.
Il me semble inutile d’en dire plus, car tout cela est bien connu. En y réfléchissant encore une fois, vous corrigerez sans doute ce qui doit l’être. D.ieu vous dirigera sur le chemin de la vérité, qui est aussi celui de notre Torah, Torah de vérité et Torah de vie.
A l’occasion de votre visite pour la "fête des fêtes", le 19 Kislev, je vous adresse la brochure(8) et le fascicule(9) édité pour cette date, avec un exemplaire de la lettre qui l’accompagne(10).
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Voir, à ce propos, la lettre n°1104.
(2) La lettre n°1104.
(3) Et ne peuvent donc être remis en cause.
(4) Dans laquelle une règle en repousse une autre.
(5) Ces quatre noms désignent tous des signes de cantilation.
(6) Car certains lui reprochaient d’avoir négligé l’étude de la Torah, même si c’était dans le but de sauver le peuple juif.
(7) Spirituelle, en se consacrant aux besoins moraux des autres.
(8) Rapportant l’historique de l’emprisonnement et de la libération de l’Admour Hazaken.
(9) Des enseignements du précédent Rabbi.
(10) La lettre n°1260.
8 Kislev 5712,
Brooklyn, New York,
Je vous bénis et vous salue,
Je fais réponse à votre lettre d’avant Roch Hachana. Du fait de mes nombreuses occupations à la veille de Tichri et pendant ce mois, ma réponse a été retardée jusqu’à maintenant:
A) Concernant les signes de cantilation de la Torah(1), vous demandez s’il est préférable de lire les versets en fonction de leur sens simple ou de ces signes. En fait, vous n’éprouviez pas de doute, sur ce point et celui-ci a été soulevé par un cas précis, dans lequel les signes de cantilation, selon les principes établis, auraient dû être différents de ce qu’ils sont effectivement, un principe en repoussant un autre.
Voici ma réponse. Comme je vous l’écrivais dans ma précédente lettre(2), les principes établis, en matière de cantilation des versets, sont l’oeuvre d’un homme qui a fait des recherches sur ces versets et a énoncé ces règles précisément pour résoudre des contradictions apparentes entre certains versets. En conséquence, si quelqu’un d’autre fait également une étude dans ce domaine et établit une autre règle permettant d’écarter toutes les difficultés, il sera possible de supprimer la règle précédente et d’adopter la nouvelle.
Bien évidemment, ceci ne concerne que la majeure partie de ces principes. Certains d’entre eux, en effet, ont une base sacrée(3). On sait, en effet, que certaines règles de grammaire et de chant trouvent leur origine dans la Kabbala. A l’opposé, la Loi Orale a été transmise afin d’être discutée par les Sages de la Torah.
Il en résulte que, dans la situation particulière à laquelle vous faites allusion(4), il est clair, à mon sens, que l’on doit lire en fonction des signes de cantilation.
B) Bien plus, même si ces principes avaient été révélés à Moché, sur le mont Sinaï, le fait que l’un repousse l’autre aurait alors également fait l’objet d’une révélation, établissant que, dans un certain cas, la seconde règle repousse la première. Il reste donc nécessaire de chanter le verset en fonction de ces mêmes signes.
C’est la raison pour laquelle je disais, dans ma précédente lettre, en citant le Zohar, que les signes de cantilation ont été donnés pour chanter les versets. Ils sont donc comparables à l’esprit et à l’âme qui se trouvent dans le corps.
C) Un point s’ajoute à ce qui vient d’être dit. Il est spécifié, par ailleurs, qu’un verset ne doit pas être chanté selon les signes qui sont écrits. On peut en conclure que ce n’est pas le cas pour tous les autres versets.
A propos de ce verset, il est dit, en effet, que le Pachta, le Zarka et le Telicha Ketana sont toujours à la fin du mot, alors que le Telicha Guedola(5) est au début du mot. Vous verrez également le verset Chemini 10, 2.
D) Vous me demandez ce qui fait la force d’un principe par rapport à un autre, lui permettant de le repousser. Pourquoi ne serait-ce pas l’inverse?
Comme je l’ai dit, ces principes ont été déterminés de manière empirique, d’après l’examen des versets. Les grammairiens et les chantres en ont déduit que, lorsque deux règles se contredisaient, l’une repoussait l’autre, en pratique.
Pourquoi une règle est-elle repoussée par l’autre? On peut dire simplement qu’il s’agit de préserver la beauté du chant et de la voix.
E) Vous me demandez pourquoi je n’ai pas cité, dans ma lettre, le passage du traité Nedarim qui parle des signes de cantilation. Voici ma réponse.
Dans ma lettre, j’ai mentionné les livres qui sont cités par le Pekouot Sadé et qui expliquent parfaitement ce passage du traité Nedarim
F) J’ai lu avec effroi, dans un entrefilet de votre lettre, que, depuis plus d’un an, vous n’avez plus d’activité pédagogique, si ce n’est de manière accessoire et sans que cela vous dérange. Vous précisez vous même "très rarement".
J’en suis très surpris. Comment pouvez-vous rester indifférent, à cette époque-ci et dans l’endroit où se trouvent de nombreux enfants juifs exposés à l’apostasie, ce qu’à D.ieu ne plaise? Pourquoi ne vous investissez-vous pas, de toutes vos forces, pour les sauver?
Imaginez que vous êtes au bord d’un fleuve, étudiant un passage talmudique très profond et d’un grand intérêt. Soudain, quelqu’un se noie, dans ce fleuve. N’interromprez-vous pas votre étude pour aller le sauver? Et vous pouvez être certain que D.ieu vous viendra en aide, puisque vous ferez ce qui est bon et droit à Ses yeux.
Certes, je connais l’explication qui est donnée à propos de Morde’haï, sur le verset "il était accepté par la majeure partie de ses frères" et non par la totalité d’entre eux(6). Mais, l’Admour Hazaken était un grand érudit, non seulement de la ‘Hassidout, mais aussi de la partie révélée de la Torah. Or, il nous a donné l’assurance dans son livre, au début du Torah Or, que celui qui donne de la Tsédaka(7) aura un cerveau et un coeur mille fois plus affinés.
Le Torah Or n’est pas un recueil de jeux de mots. Il doit être interprété au sens littéral. Il indique donc que celui qui agit de la sorte connaîtra une réussite mille fois accrue, dans sa propre étude. Ainsi, en sauvant les autres, on ne perd rien et, bien plus, on est même gagnant. On étudie la Torah pendant peu de temps, mais D.ieu vient en aide et la réussite de cette étude est mille fois ce qu’elle devrait être.
Il me semble inutile d’en dire plus, car tout cela est bien connu. En y réfléchissant encore une fois, vous corrigerez sans doute ce qui doit l’être. D.ieu vous dirigera sur le chemin de la vérité, qui est aussi celui de notre Torah, Torah de vérité et Torah de vie.
A l’occasion de votre visite pour la "fête des fêtes", le 19 Kislev, je vous adresse la brochure(8) et le fascicule(9) édité pour cette date, avec un exemplaire de la lettre qui l’accompagne(10).
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Voir, à ce propos, la lettre n°1104.
(2) La lettre n°1104.
(3) Et ne peuvent donc être remis en cause.
(4) Dans laquelle une règle en repousse une autre.
(5) Ces quatre noms désignent tous des signes de cantilation.
(6) Car certains lui reprochaient d’avoir négligé l’étude de la Torah, même si c’était dans le but de sauver le peuple juif.
(7) Spirituelle, en se consacrant aux besoins moraux des autres.
(8) Rapportant l’historique de l’emprisonnement et de la libération de l’Admour Hazaken.
(9) Des enseignements du précédent Rabbi.
(10) La lettre n°1260.