Lettre n° 1312

Par la grâce de D.ieu,
26 Kislev 5712,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du dimanche de la Parchat Toledot, dans laquelle vous me décrivez votre situation et votre comportement. Et, vous me demandez mon avis, à ce propos.

Il ne me semble pas bon que vous étudiez toujours seul, que vous priez seul. Vous vous justifiez en disant que vous ne pouvez apprendre ou prier lentement avec personne. Mais, réfléchissez donc ! Vous et votre beau-père habitez là depuis longtemps. Durant tous ces mois, toutes ces années, n’était-il pas possible de conduire quelques personnes à adopter les pratiques ‘hassidiques et à étudier la ‘Hassidout ?

Bien plus, mon beau-père, le Rabbi, donne l’assurance qu’un effort n’est jamais vain. Et, même à propos de celui qui peut dire, à juste titre, sur son propre compte : "je dors", le verset porte témoignage que "mon cœur est en éveil". Combien plus est-ce le cas pour l’enseignement et les pratiques de la ‘Hassidout, qui est le luminaire. Celui-ci attire donc naturellement les parcelles de Sainteté(1). Il suffit pour cela d’approcher le luminaire de ces parcelles.

Tout dépend donc de l’homme qui a déjà connaissance du luminaire ou, tout au moins, qui est lié à lui. Il lui appartient de rapprocher ces parcelles, où qu’elles se trouvent.

Comme vous le savez, mon beau-père, le Rabbi a longuement décrit la situation d’un ‘Hassid(2) du Rabbi Maharach qui se trouva repoussé dans un coin reculé. Il en exprima son insatisfaction devant le Rabbi et lui dit qu’il était impossible, là-bas, de rapprocher quiconque du Judaïsme. Le Rabbi Maharach lui répondit que, s’il s’agissait uniquement d’assurer sa subsistance matérielle, D.ieu aurait pu l’envoyer dans un endroit où se trouvent des Juifs pratiquants. S’il avait été conduit dans une ville où il se sentait seul, c’était précisément pour exercer une influence positive sur son entourage, afin que, peu à peu, celui-ci adopte un bon comportement.

Il en est donc de même pour vous et votre beau-père. Vous vous trouvez dans une ville où résident beaucoup de Juifs pratiquants. Parmi eux, il y en a plusieurs qui sont issus de familles ‘hassidiques. Or, nos Sages font remarquer que, lorsque l’on décoche une flèche en l’air, elle retombe sur sa pointe. Pour autant, il faut bien la lancer et, si vous le faites, vous connaîtrez la réussite, comme nos maîtres en donnent l’assurance.

En vous saluant et avec ma bénédiction,

Notes

(1) Investies dans la matière du monde.
(2) Voir les lettres du précédent Rabbi, tome 7, lettre n°1883.