Lettre n° 1318

Par la grâce de D.ieu,
28 Kislev 5712,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Avraham ‘Haïm(1),


Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu vos lettres, en leur temps et j’y fais réponse.

Dans votre lettre du 7 Mar’Hechvan, vous me posez la question suivante. Lorsque le Roch ‘Hodech Elloul est un Chabbat et un dimanche, on dit, pendant le Chabbat, la Haftara "Hachamaïm Kisseï"(2). Faut-il, en outre, lire deux versets de la Haftara "Ma’har ‘Hodech"(3)? Vous émettez, dans votre lettre, l’avis qu’il ne faut pas le faire, écartant ainsi complètement cette Haftara de "Ma’har ‘Hodech". C’est effectivement cette position que vous avez retenue dans votre livre, le Ketsot Hachoul’han, au paragraphe 3.

A) Nous avons eu le mérite de recevoir, en la matière, un enseignement de mon beau-père, le Rabbi, qui est imprimé dans le Sidour Torah Or, édité en 5701(4). Lorsque le Chabbat Parchat Ha’hodech est un Roch ‘Hodech(5) ou une veille de Roch ‘Hodech, on doit dire, après la Haftara de Parchat Ha’hodech, également le premier et le dernier versets de celle de Chabbat Roch ‘Hodech(6) ou de "Ma’har ‘Hodech".

Ainsi, il est clairement établi que ces versets peuvent même être récités, en l’absence d’un avis considérant que la Haftara dont ils sont extraits doit être lue. En effet, tous s’accordent pour dire qu’on ne lit pas la Haftara "Ma’har ‘Hodech", pendant le Chabbat Parchat Ha’hodech. Malgré cela, on lit bien le premier et le dernier versets de ce texte.

Il en est donc de même pour le Roch ‘Hodech Elloul, qui est un Chabbat et un dimanche. On doit alors lire les versets de la Haftara "Ma’har ‘Hodech". Ceci a également une incidence sur le prochain Chabbat, celui de ‘Hanouka, lorsque Roch ‘Hodech Tévet est le Chabbat et le dimanche. A mon sens(7), en fonction de ce qui vient d’être dit, on doit lire, après la Haftara du Chabbat ‘Hanouka, le premier et le dernier versets de la Haftara de Roch ‘Hodech(6) et également ceux de "Ma’har ‘Hodech".

On récitera d’abord le verset "Hachamaïm Kisseï", plus important que la Haftara de "Ma’har ‘Hodech" et qui intervient, en outre, le premier, dans le temps, bien que le second jour de Roch ‘Hodech soit le plus central.

B) Vous dites qu’il vous semble nécessaire de faire précéder le Hatarat Nedarim(8) d’un Yehi Ratson et vous écrivez que telle est notre pratique(9).

Les coutumes imprimées dans le fascicule ont été explicitement enseignées par mon beau-père, le Rabbi et il m’a clairement dit qu’il n’y avait pas lieu de réciter ce Yehi Ratson. Son père, le Rabbi Rachab, avait la même position, comme cela est imprimé dans le Sidour Tehilat Hachem, édité à Rostov, en 5678(10), qui introduit le texte par "Chimeou Na Rabotaï, Hakol Ihyou Moutarim, Hareï Ani Mosser Modaa, Koulam Ihyou Moutarim"(11).

C) Concernant celui qui indique les sonneries du Choffar(12), vous dites qu’il se contente de désigner du doigt(13) uniquement lorsque c’est le Rabbi qui le sonne.

Vous savez sans doute que, pendant de nombreuses années, le Rabbi Rachab ne sonnait pas lui-même, mais indiquait les sonneries à celui qui devait le faire. Il en fut de même pour mon beau-père, le Rabbi, pendant les dernières années. Or, l’un et l’autre désignèrent du doigt et n’annoncèrent rien à voix haute.

D) Je vous ai interrogé sur la manière de réciter les Seli’hot pendant le jeûne de Guedalya(14). Je voulais savoir quels paragraphes il fallait réciter, combien de fois il fallait intercaler le "Kel Méle’h", car il est bien clair que l’on n’adopte pas l’ordre figurant dans les Seli’hot.

Cet ordre a été imprimé, selon les instructions de mon beau-père, le Rabbi, dans le Sidour Torah Or, précédemment cité. Or, on ne dit pas plus de trois fois les treize Attributs de Miséricorde divine, en dehors de "Motsaeï Menou’ha"(15) et la veille de Roch Hachana.

Nous avons coutume de ne pas lire les Seli’hot, pendant les dix jours de Techouva, à l’exception du jeûne de Guedalya et, dans ce dernier cas, on le fait en tant que jeûne public. Il faut donc dire "Kel Méle’h" trois fois, comme à chaque jeûne. Le Sidour Lawut le précise.

En conséquence, il est nécessaire de déterminer quels sont les paragraphes qu’il faut omettre. Peut-être les ‘Hassidim âgés de Terre Sainte ont-ils reçu une tradition, en la matière. Je vous remercie d’avance de bien vouloir me renseigner sur ce point.

E) En plus du temps de A’hilat Prass(16) qui est défini dans les notes, à la fin des Rechimot sur E’ha, page 61, notes 2 et 3, je viens de trouver les mesures suivantes dans le Vayaass Avraham, du Rabbi de Tché’honov, à la page 456 :

Cinq minutes un tiers, deux minutes deux tiers ou deux minutes.

F) J’ai eu l’occasion de prendre connaissance de ce que vous avez écrit, dans la livraison de la veille de Soukkot du Hamodya. Il est vrai que chacun peut commenter la Torah comme il l’entend. Néanmoins, vous exprimez votre surprise du fait qu’il n’y ait pas de Hala’ha dans le chapitre 625 du Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm.

A ceci on peut répondre que :
1. il en est de même pour le chapitre 430.
2. la Hala’ha présentée par le chapitre 625 est, de façon générale, celle de résider dans la Soukka. Néanmoins, elle est introduite dans les termes du verset.

Ceci permet d’interpréter le début du chapitre 639 : "Comment mettre en pratique la Mitsva de la Soukka ?". En effet, le Choul’han Arou’h aurait dû citer également les mots "afin que sachent"(17), qui introduisent également une Hala’ha, puisqu’à priori, il faut avoir la conscience d’être assis dans une Soukka, comme l’expliquent longuement le Baït ‘Hadach, le Peri Megadim et le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken. Concrètement, cette nécessité de conscience, qui est essentielle, ne serait pas mentionnée dans le Choul’han Arou’h, comme vous l’avancez dans le Hamodya, si l’on n’accepte pas cette explication.

Néanmoins, l’imprimeur, dont les connaissances étaient imparfaites, voulut, de ce fait, réduire son effort en abrégeant la citation du verset. Il omit donc les mots "afin que vos générations sachent". Il y a une forte présomption qu’il en est bien ainsi et qu’il faut rajouter au Choul’han Arou’h les mots "afin que sachent", puisque ceux-ci figurent dans le Tour et dans le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, qui, par ailleurs, ne citent pas l’intégralité du verset.

Je vous salue, de même que votre Torah et je vous adresse ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav A. H. Naé, de Jérusalem. Voir, à son propos, les lettres n°987 et 1434.
(2) Celle du Chabbat Roch ‘Hodech.
(3) Celle du Chabbat, veille de Roch ‘Hodech.
(4) 1941.
(5) Adar.
(6) "Hachamaïm Kisseï".
(7) Le Rav Naé modifia le calendrier du Collel ‘Habad, en conséquence.
(8) Cérémonie permettant de se délier des voeux que l’on a fait pendant l’année, à la veille de Roch Hachana.
(9) Voir, à ce propos, la lettre n°1434.
(10) 1918.
(11) C’est-à-dire la Hatarat Nedarim proprement dite, sans Yehi Ratson.
(12) A Roch Hachana, guidant celui qui le sonne.
(13) Et n’annonce pas à haute voix quelle sonnerie doit suivre.
(14) Voir le Séfer Haminhaguim, page 52.
(15) La première Seli’ha, à l’issue du Chabbat.
(16) Le temps maximal accordé pour accomplir certaines Mitsvot, par exemple la consommation de la Matsa, le soir du Séder.
(17) "Vos générations que J’ai fait résider les enfants d’Israël dans des Soukkot lorsque Je leur ai fait quitter l’Egypte", verset qui définit cette Mitsva et la conscience qui est nécessaire, pendant que l’on se trouve dans la Soukka.