Lettre n° 1461
Par la grâce de D.ieu,
20 Adar 5712,
Brooklyn,
Au conseil municipal de Kfar Sefrya ‘Habad,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à vos lettres, par lesquelles vous m’exposez votre situation. L’Agence juive vous propose et vous demande même de vous installer dans un nouvel endroit, situé à quelques kilomètres de votre localisation actuelle. Là, elle construira pour vous un village nouveau, avec des maisons et les édifices publics nécessaires, comme une synagogue, une maison d’étude, une école, un Mikwé.
Dans cette nouvelle localisation, chaque maison sera à proximité du champ qui lui est attribué. Néanmoins, la route y conduisant n’a pas encore été réalisée, même si les autorités la considèrent comme un projet prioritaire. Bien évidemment, les habitants du nouveau village devront avoir une activité agricole, avec tout ce que cela suppose, des poulaillers, des animaux. Vous me demandez ce que j’en pense(1).
Vous ne savez que répondre à cette proposition, car il n’y a pas unanimité parmi les ‘Hassidim habitant au Kfar(2). Plusieurs d’entre eux travaillent à l’extérieur du Kfar et, dans la nouvelle localisation, les moyens de communication seront moins favorables qu’à l’heure actuelle. Par ailleurs, l’activité agricole est particulièrement lourde, de sorte qu’un homme seul ne peut l’assumer s’il n’est pas aidé par les membres de sa famille. Or, toutes les familles de ‘Hassidim n’ont pas les moyens d’adopter une telle activité, pour différentes raisons.
Voici mon opinion, qui est également ma proposition :
A) Même si l’Agence juive demande que votre village soit une implantation agricole, il faut s’efforcer, par tous les moyens, que celui-ci soit construit sur son emplacement actuel. Il suffit, pour cela, par exemple, que vous soient attribués les champs qui se trouvent aux alentours de l’endroit où vous vous trouvez maintenant.
A mon avis, il est très important que le Kfar se maintienne là où il se trouve actuellement. Car, chaque fois que l’on se déplace, quelque chose se casse ou est perdu. Vous devez comprendre ce que je veux dire.
Vous possédez un argument très fort. C’est l’Agence juive elle-même qui vous a placés là. Vous vous êtes habitués à cet endroit et vous y avez fait plusieurs aménagements. Vous avez organisé votre vie et vos échanges avec Tel Aviv et la région, en conséquence. Il appartient donc à l’Agence juive de tenir parole et de vous fournir tout ce qui est nécessaire à une implantation agricole là où vous vous trouvez actuellement, sans vous imposer un déplacement supplémentaire, après les nombreux exils que vous avez vécus.
Il est clair que l’on ne peut pas vous supprimer les avantages qui vous ont été accordés en tant que village agricole, sous prétexte que vous ne souhaitez pas vous rendre dans le nouvel emplacement qui vous est proposé.
Je présume que certains, pour différentes raisons, n’interviendront, en ce sens, que de manière faible. A mon sens, ils font une erreur. Je voudrais donc souligner encore une fois qu’à mon avis, tout cela est extrêmement important. Il faut tout faire pour que vous restiez tous ensemble, à l’endroit où vous vous trouvez actuellement, en conservant, bien entendu, les droits que doit avoir une implantation agricole.
J’ai bon espoir que messieurs Chazar(3), Gelman et Shargaï, qui doit venir ici, vont apporteront leur aide pour mener à bien ces démarches. Néanmoins, je pense que si vous exprimez fortement votre demande, en l’argumentant de la manière qui a été présentée ci-dessus, en soulignant que l’Agence juive elle-même vous a placés là, vous obtiendrez gain de cause, sans avoir recours à ces interventions.
B) Si, malgré mes suppositions et en dépit des démarches que vous ferez avec l’énergie qui convient, on n’accède pas à votre requête, pourtant justifiée, il faudra s’efforcer que Kfar ‘Habad se répartisse entre les deux implantations, celle où vous vous trouvez actuellement et celle qui vous est proposée.
Si les familles ‘hassidiques ne sont pas en nombre suffisant pour constituer la majorité de la population des deux implantations, il faudra, de la manière qui convient, s’adjoindre des immigrants et des personnes installées de longue date, qui éliront domicile dans un deux endroits, le Kfar ‘Habad actuel ou le nouveau Kfar, de sorte que l’un et l’autre se conduisent dans l’esprit de ‘Habad.
Bien évidemment, si vous devez vous répartir entre le Kfar actuel et la nouvelle implantation, ceux qui, du fait de leurs activités, doivent être en contact permanent avec Tel Aviv seront prioritaires pour rester dans l’endroit où vous vous trouvez maintenant. Chaque détail, dans ce domaine, sera soumis au conseil municipal du Kfar, qui prendra la décision.
Note : Il est important, en tout état de cause, que vous vous adjoignez des personnes qui conviennent, parmi les immigrants ou parmi les anciens résidents. Il faut investir vos forces et votre énergie, en la matière. Bien entendu, s’il est nécessaire de s’installer dans les deux endroits, la nécessité d’agrandir le nombre des ‘Hassidim, dans chaque Kfar, sera encore plus primordiale.
C) Si la solution proposée au paragraphe précédent ne peut en aucune façon être obtenue, bien qu’à mon avis, cette impossibilité serait uniquement la conséquence de l’insuffisance des efforts menés dans ce sens, s’il est impératif de s’installer dans le nouveau Kfar, il faudra retarder ce déplacement, dans toute la mesure du possible, à condition, bien évidemment, que cela n’ait pas d’incidence sur les subventions accordées.
En effet, "le salut de D.ieu intervient en un clin d’œil" et peut-être, au final, sera-t-il possible d’obtenir la situation décrite au premier paragraphe ou, tout au moins, celle du second.
Avant de conclure, je répète encore une fois qu’un effort est nécessaire, qu’il faut exiger, en la matière. En effet, tous les droits d’une implantation agricole vous ont été promis, lorsque vous vous êtes installés dans votre endroit actuel. Il appartient donc à l’Agence juive de trouver les moyens et les modalités pour tout concilier sans que vous ayez à vous déplacer.
Je vous adresse ma bénédiction pour que D.ieu fasse régner la paix parmi vous. Tous unis, vous connaîtrez la réussite, matérielle et spirituelle à la fois, conformément à la volonté de notre chef, mon beau-père, le Rabbi.
J’attends, au plus vite, la confirmation que vous avez bien reçu la présente lettre et de bonnes nouvelles, dans tous ces domaines.
Notes
(1) Voir la lettre n°1484.
(2) Kfar ‘Habad.
(3) Qui fut par la suite président de l’état d’Israël.
20 Adar 5712,
Brooklyn,
Au conseil municipal de Kfar Sefrya ‘Habad,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à vos lettres, par lesquelles vous m’exposez votre situation. L’Agence juive vous propose et vous demande même de vous installer dans un nouvel endroit, situé à quelques kilomètres de votre localisation actuelle. Là, elle construira pour vous un village nouveau, avec des maisons et les édifices publics nécessaires, comme une synagogue, une maison d’étude, une école, un Mikwé.
Dans cette nouvelle localisation, chaque maison sera à proximité du champ qui lui est attribué. Néanmoins, la route y conduisant n’a pas encore été réalisée, même si les autorités la considèrent comme un projet prioritaire. Bien évidemment, les habitants du nouveau village devront avoir une activité agricole, avec tout ce que cela suppose, des poulaillers, des animaux. Vous me demandez ce que j’en pense(1).
Vous ne savez que répondre à cette proposition, car il n’y a pas unanimité parmi les ‘Hassidim habitant au Kfar(2). Plusieurs d’entre eux travaillent à l’extérieur du Kfar et, dans la nouvelle localisation, les moyens de communication seront moins favorables qu’à l’heure actuelle. Par ailleurs, l’activité agricole est particulièrement lourde, de sorte qu’un homme seul ne peut l’assumer s’il n’est pas aidé par les membres de sa famille. Or, toutes les familles de ‘Hassidim n’ont pas les moyens d’adopter une telle activité, pour différentes raisons.
Voici mon opinion, qui est également ma proposition :
A) Même si l’Agence juive demande que votre village soit une implantation agricole, il faut s’efforcer, par tous les moyens, que celui-ci soit construit sur son emplacement actuel. Il suffit, pour cela, par exemple, que vous soient attribués les champs qui se trouvent aux alentours de l’endroit où vous vous trouvez maintenant.
A mon avis, il est très important que le Kfar se maintienne là où il se trouve actuellement. Car, chaque fois que l’on se déplace, quelque chose se casse ou est perdu. Vous devez comprendre ce que je veux dire.
Vous possédez un argument très fort. C’est l’Agence juive elle-même qui vous a placés là. Vous vous êtes habitués à cet endroit et vous y avez fait plusieurs aménagements. Vous avez organisé votre vie et vos échanges avec Tel Aviv et la région, en conséquence. Il appartient donc à l’Agence juive de tenir parole et de vous fournir tout ce qui est nécessaire à une implantation agricole là où vous vous trouvez actuellement, sans vous imposer un déplacement supplémentaire, après les nombreux exils que vous avez vécus.
Il est clair que l’on ne peut pas vous supprimer les avantages qui vous ont été accordés en tant que village agricole, sous prétexte que vous ne souhaitez pas vous rendre dans le nouvel emplacement qui vous est proposé.
Je présume que certains, pour différentes raisons, n’interviendront, en ce sens, que de manière faible. A mon sens, ils font une erreur. Je voudrais donc souligner encore une fois qu’à mon avis, tout cela est extrêmement important. Il faut tout faire pour que vous restiez tous ensemble, à l’endroit où vous vous trouvez actuellement, en conservant, bien entendu, les droits que doit avoir une implantation agricole.
J’ai bon espoir que messieurs Chazar(3), Gelman et Shargaï, qui doit venir ici, vont apporteront leur aide pour mener à bien ces démarches. Néanmoins, je pense que si vous exprimez fortement votre demande, en l’argumentant de la manière qui a été présentée ci-dessus, en soulignant que l’Agence juive elle-même vous a placés là, vous obtiendrez gain de cause, sans avoir recours à ces interventions.
B) Si, malgré mes suppositions et en dépit des démarches que vous ferez avec l’énergie qui convient, on n’accède pas à votre requête, pourtant justifiée, il faudra s’efforcer que Kfar ‘Habad se répartisse entre les deux implantations, celle où vous vous trouvez actuellement et celle qui vous est proposée.
Si les familles ‘hassidiques ne sont pas en nombre suffisant pour constituer la majorité de la population des deux implantations, il faudra, de la manière qui convient, s’adjoindre des immigrants et des personnes installées de longue date, qui éliront domicile dans un deux endroits, le Kfar ‘Habad actuel ou le nouveau Kfar, de sorte que l’un et l’autre se conduisent dans l’esprit de ‘Habad.
Bien évidemment, si vous devez vous répartir entre le Kfar actuel et la nouvelle implantation, ceux qui, du fait de leurs activités, doivent être en contact permanent avec Tel Aviv seront prioritaires pour rester dans l’endroit où vous vous trouvez maintenant. Chaque détail, dans ce domaine, sera soumis au conseil municipal du Kfar, qui prendra la décision.
Note : Il est important, en tout état de cause, que vous vous adjoignez des personnes qui conviennent, parmi les immigrants ou parmi les anciens résidents. Il faut investir vos forces et votre énergie, en la matière. Bien entendu, s’il est nécessaire de s’installer dans les deux endroits, la nécessité d’agrandir le nombre des ‘Hassidim, dans chaque Kfar, sera encore plus primordiale.
C) Si la solution proposée au paragraphe précédent ne peut en aucune façon être obtenue, bien qu’à mon avis, cette impossibilité serait uniquement la conséquence de l’insuffisance des efforts menés dans ce sens, s’il est impératif de s’installer dans le nouveau Kfar, il faudra retarder ce déplacement, dans toute la mesure du possible, à condition, bien évidemment, que cela n’ait pas d’incidence sur les subventions accordées.
En effet, "le salut de D.ieu intervient en un clin d’œil" et peut-être, au final, sera-t-il possible d’obtenir la situation décrite au premier paragraphe ou, tout au moins, celle du second.
Avant de conclure, je répète encore une fois qu’un effort est nécessaire, qu’il faut exiger, en la matière. En effet, tous les droits d’une implantation agricole vous ont été promis, lorsque vous vous êtes installés dans votre endroit actuel. Il appartient donc à l’Agence juive de trouver les moyens et les modalités pour tout concilier sans que vous ayez à vous déplacer.
Je vous adresse ma bénédiction pour que D.ieu fasse régner la paix parmi vous. Tous unis, vous connaîtrez la réussite, matérielle et spirituelle à la fois, conformément à la volonté de notre chef, mon beau-père, le Rabbi.
J’attends, au plus vite, la confirmation que vous avez bien reçu la présente lettre et de bonnes nouvelles, dans tous ces domaines.
Notes
(1) Voir la lettre n°1484.
(2) Kfar ‘Habad.
(3) Qui fut par la suite président de l’état d’Israël.