Lettre n° 1477

Par la grâce de D.ieu,
Roch ‘Hodech Nissan 5712,
Brooklyn, New York,

A nos frères, les enfants d’Israël,
partout où ils se trouvent,
que D.ieu leur accorde longue vie(1),

Je vous salue et vous bénis,

La fête de Pessa’h approche.

Chaque événement qui se produit dans le monde(2) apporte la sagesse et délivre un enseignement à l’homme qui médite. Cette leçon peut porter sur la manière de servir D.ieu, sur les relations entre les hommes ou sur ces deux dimensions à la fois.

Si l’on apporte l’attention qui convient, il est plus aisé de mettre cette leçon en évidence, lorsqu’il s’agit de la Torah, qui a la même étymologie que Horaa, enseignement, car elle délivre un enseignement pour la vie, est appelée Torah de vie. Il en est de même pour ses Mitsvot. Combien plus est-ce le cas pour ce qui concerne ses principes fondamentaux.

L’un de ceux-ci est le souvenir de la sortie d’Egypte, qui est un grand fondement(3), un pilier solide de notre Torah et de notre foi. En effet, cette libération se distingue(4) de tous les autres miracles, parce qu’il nous est demandé d’en faire mention chaque jour, de même que du passage de la mer Rouge(5). Cette obligation nous incombe encore plus clairement(6) au début de la fête de Pessa’h, en son premier soir.

De nombreux points peuvent être appris de cet événement, de ses différents aspects et de ce qui l’accompagna. Je soulignerai ici l’un d’entre eux, un point commun au début et à la fin de cette fête, qui délivre une leçon concrète pour notre vie, non seulement durant la fête, mais aussi tout au long de l’année.

Car, c’est bien là le but. Toutes les bénédictions et les lumières qui se révèlent pendant les fêtes et les célébrations doivent être conservées pour chaque jour de l’année. C’est en particulier vrai pour celles(7) qui sont obtenues pendant la fête de Pessa’h.

Les lois et les coutumes de la fête, introduisent, dès son commencement, dès la tombée de la nuit, le Séder, dont le début et le point essentiel est l’Injonction: "Et, tu diras à ton fils". On adopte donc différentes modifications, des pratiques nouvelles, afin de susciter l’intérêt des enfants. Bien plus, on ne le fait pas uniquement pour les enfants sages, car il y a bien "un sage, un impie, un naïf et un qui ne sait pas poser de questions". Et, tous doivent être réunis pour le Séder de Pessa’h. Le père enseigne donc selon les moyens et la compréhension de son fils.

La fin de Pessa’h commémore un miracle qui eut lieu en ce jour, lorsque le Saint béni soit-Il ouvrit la mer pour nous. Alors, chaque Juif désigna du doigt et dit: "C’est mon D.ieu et je veux Le glorifier". Or, les garçons et les filles qui étaient nés et avaient grandi pendant l’âpre exil "reconnurent D.ieu les premiers".

Ainsi, la conclusion de la fête est liée à son début.

Nous devons employer toutes nos forces et toute notre ardeur pour trouver des moyens et des manières d’agir qui permettront de conquérir la jeune génération, même si cela a pour conséquence de modifier sa nature et son habitude. Tous les enfants d’Israël, sages, impies, naïfs ou ne sachant pas poser de questions, doivent se rapprocher de la Torah et des Mitsvot. Alors, nous aurons la certitude d’aller, avec nos jeunes et nos anciens, à la rencontre de la délivrance, avec nos fils et nos filles.

Notre génération est née et a grandi pendant cet âpre exil. Elle a connu les persécutions et les pogromes. Ses survivants, en particulier les enfants que D.ieu a accordés, qu’Il nous a laissés comme symboles et comme signes, car la Torah se perpétuera par leur intermédiaire(8), sont également menacés, puisqu’on leur impose une éducation qui présente le mal comme du bien et le bien comme du mal(9), l’obscurité comme de la lumière et la lumière comme de l’obscurité, la douceur comme de l’amertume et l’amertume comme de la douceur, afin de les détourner de la Torah de D.ieu.

Mais, le Saint béni soit-Il les sauvera et nous sauvera de leurs mains et cette génération aura le mérite, très bientôt et de nos jours, par notre juste Machia’h, d’être celle de la délivrance, qui sera la délivrance véritable, celle qui est promise par nos saints prophètes, non par la force et la puissance, mais bien par l’esprit de D.ieu. Alors, chacun et chacune reconnaîtra, désignera du doigt et dira(10):

"Voici, c’est notre D.ieu. Nous avons placé notre espoir en Lui et Il nous a sauvés. C’est l’Eternel, nous avons eu foi en Lui. Nous nous réjouirons et serons heureux du salut qu’Il accorde".

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

M. Schneerson,

Notes

(1) Deux versions de cette lettre existe, l’une en Hébreu, l’autre en Yiddish. Elle est imprimée également dans la Haggada du Rabbi, à partir de l’édition de 5747-1987.
(2) Le Rabbi note, en bas de page: "La fin du sixième chapitre du traité Avot dit: "Tout ce qui existe dans le monde, le Saint béni soit-Il le créa uniquement pour son honneur". Et le Baal Chem Tov enseigne, comme le rappelle la fin des mémoires du Rabbi, à la page 344: "J’ai appris de tous ceux qui m’ont enseigné. En effet, tout ce qui existe dans le monde a pour but de délivrer un enseignement à l’homme. Et, la divine Providence le conduit vers ce qui peut lui délivrer cet enseignement". On consultera ces références";
(3) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir la longue analyse du Séfer Ha’hinou’h, à la Mitsva n°21".
(4) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir le Torah Or, page 57b".
(5) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir la Tossefta sur le traité Bera’hot, au début du chapitre 2 et le Torah Or, page 62b".
(6) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir cette obligation qui incombe encore plus clairement, dans la Haggada de Pessa’h avec un recueil de coutumes, page 15b et les références qui y sont citées".
(7) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir la causerie de Pessa’h 5703, au paragraphe 47".
(8) Le Rabbi note, en bas de page: "Commentaire de Rachi sur le verset Ichaya 8, 18".
(9) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir Ichaya 5, 20-24".
(10) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir le Midrach Chemot Rabba, à la fin du chapitre 23, expliqué par le discours ‘hassidique "et Moché vint", de 5654".