Lettre n° 1520


Par la grâce de D.ieu,
27 Nissan 5712,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Yehouda Zéev Halevi(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous me faites part de la Bar Mitsva de votre fils Pessa’h(2). Vous trouverez ci-joint la lettre que je lui adresse. Puisse D.ieu faire que vous conceviez de lui beaucoup de satisfaction juive et ‘hassidique, dans la tranquillité de l’esprit et du corps. Vous avez le grand mérite de rapprocher les coeurs juifs de leur Père Qui se trouve dans les cieux. Or, le Saint béni soit-Il agit "mesure pour mesure" et Il vous accordera donc un immense plaisir de vos enfants et de vos disciples.

J’ai pris connaissance avec plaisir, dans votre lettre, de l’organisation des études, à la Yechiva, l’an passé. J’espère que, pour l’année qui vient, vous augmenterez encore le nombre des élèves, quantitativement et qualitativement, que vous exercerez sur eux une influence positive, afin de rapprocher leur coeur et d’illuminer leur âme et leur esprit, par la dimension profonde de "la bougie (qui) est une Mitsva et la Torah (qui) est une lumière".

C’est de cette façon que l’on met en éveil la dimension profonde de l’âme, ainsi qu’il est dit: "Recherchez Ma Face(3). Eternel, je rechercherai Ta Face". Pour y parvenir de manière sûre, il faut étudier l’enseignement profond de la Torah. Puisse D.ieu accorder la réussite pour les maîtres et les éducateurs, d’une part, pour les élèves et les disciples, d’autre part.

Avec ma bénédiction pour que vous ayez une grande satisfaction de votre fils Bar Mitsva et la réussite dans tous les domaines, publics et personnels,

N. B. : Vous me parlez, dans votre lettre du comportement d’élèves, qui allongent le temps de leur prière(4), attitude que vous n’admettez pas. En effet, cette manière d’agir ne correspond pas à ce qu’ils font, dans d’autres domaines et vous craignez donc qu’il n’y ait là, de leur part, qu’une marque ostentatoire.

Peut-être votre argument est-il justifié. Néanmoins, celui qui observe la pratique courante sait que les jeunes de notre époque traversent une crise particulière. Il faut donc faire particulièrement attention à tout ce qui pourrait affaiblir ses défenses par rapport aux courants qui soufflent dans le monde. Il peut y avoir des pratiques qu’il est prématuré, pour eux, d’adopter, dans les circonstances actuelles. Néanmoins, dès lors que celles-ci forment un rempart supplémentaire contre les courants de la rue, il serait grave de les supprimer ou même de les affaiblir.

Si vous pensez que cette longue prière contredit le comportement qu’ils adoptent dans d’autres domaines, il faut, amicalement mais fermement, les conduire à améliorer ces autres domaines, mais non leur faire diminuer la ferveur de la prière qui, au bout du compte, même si elle reste superficielle, raffermit bien leur crainte de D.ieu et affaiblit leur lien avec les plaisirs du monde.

Bien évidemment, vous devez vous baser sur ce que vous constatez de vos propres yeux. Néanmoins, tel est mon avis, sur la base de ce que vous m’écrivez. Et, nous devons espérer, vous et moi, que s’applique le commentaire que donnent nos Sages, dans le Zohar, tome 3, page 241b, à propos du verset: "Il n’y a pas de sortie et pas de cri dans nos rues. Heureux le peuple pour lequel il en est ainsi. Heureuse la nation dont l’Eternel est le D.ieu".

Notes

(1) Le Rav Y. Z. Segal, de Manchester. Voir, à son propos, la lettre n°1274.
(2) Il s’agit du prénom de celui qui célèbre sa Bar Mitsva.
(3) Que l’on peut lire également: "Recherchez Ma dimension profonde".
(4) Afin de la dire avec plus de ferveur.