Lettre n° 1547

Par la grâce de D.ieu,
6 Iyar 5712,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Mi’haël(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) J’ai reçu avec plaisir votre lettre du jeudi de la semaine passée et les précédentes. Vous me dites avoir envoyé la liste des élèves(2), mais, pour l’heure, je ne l’ai pas reçue. Elle me parviendra sûrement ces jours-ci.

B) Vous m’interrogez sur le programme des études. Vous proposez que les grandes classes apprennent la ‘Hassidout pendant une heure et demie avant la prière et deux heures le soir.

A mon avis, il est encore trop tôt pour instaurer, dans votre pays, une étude quotidienne de trois heures et demie de ‘Hassidout pour les élèves Sefardim. Certes, je pense qu’il est bon de fixer pour eux une étude de la ‘Hassidout avant la prière et également le soir et la nuit. Mais, avant d’instaurer une étude aussi longue, le matin et le soir, il faut tenir compte du fait qu’il s’agit d’un endroit nouveau. On ne peut donc pas demander d’emblée le maximum.

Concernant l’étude de la ‘Hassidout, peut-être serait-il bon d’instaurer un temps d’étude obligatoire pour tous et de donner à ceux qui le désirent la possibilité d’un temps supplémentaire, que la Yechiva ne présentera pas comme impératif.

A mon sens, la Yechiva fixera, pour l’instant, le temps d’étude obligatoire avant la prière du matin. Il durera une demi heure ou trois quarts d’heure. Puis, il y aura encore une heure et demie, le soir. Il faut également souligner aux élèves que cette étude doit être accrue durant le Chabbat. Ce principe s’applique également à ceux qui passent le Chabbat chez eux et non à la Yechiva.

C) J’ai appris avec plaisir, par votre lettre, que vous aviez confectionné de la Matsa Chemoura et ce qui s’était passé en marge de cette activité. Mon beau-père, le Rabbi, a maintes fois expliqué que ce qui se passe en marge a parfois plus d’effet que l’action proprement dite.

Certes, une telle action reste superficielle, mais, si elle est accompagnée ou suivie d’explications, elle peut être intériorisée, de sorte que l’on cumule à la fois la qualité de ce qui est superficiel et celle de ce qui est profond.

D) Bien évidemment, je mentionne votre nom et celui des membres de votre famille, en un moment propice, lorsque je me trouve près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi, afin que vous connaissiez la réussite dans votre mission sacrée, la satisfaction de tous vos besoins et de vos préoccupations personnelles.

Le grand mérite que constitue le fait de diffuser la lumière de l’enseignement de notre maître au Maroc vous permettra de susciter et de recevoir toutes les bénédictions de D.ieu, qui vous seront accordées là-haut et se révéleront ici-bas.

E) Vous m’avez écrit, il y a quelque temps à propos de l’immersion rituelle pour laquelle il s’est avéré par la suite que l’eau n’arrivait pas jusqu'à l’orifice assurant la jonction avec le bassin d’eau de pluie. Mais, il est à peu près certain qu’auparavant, ces deux bassins avaient bien été en contact, au moins une fois. Il est impossible que l’on ne se soit pas assuré, lorsque le Mikwé a été rempli, que cet orifice était recouvert par l’eau.

Or, selon plusieurs des derniers Sages, si la jonction a été faite au moins pendant un instant, il n’y a pas lieu d’adopter une position rigoriste et le Mikwé est, a priori, cacher. Plusieurs responsa, en particulier celles du ‘Hatam Sofer, rappellent qu’auparavant les bains rituels étaient construits de cette façon. La jonction avec l’eau de pluie n’était faite qu’une seule fois et l’on s’y trempait ensuite.

Bien plus, un tel Mikwé était lui-même utilisé pour être relié à un autre bassin dans lequel on se trempait également. Notre coutume est établie en fonction du Mikwé de Rostov(3), dans lequel la jonction avec l’eau de pluie était maintenue lorsque l’on se trempait. Néanmoins, tel n’est pas le standard de la Hala’ha.

Avec ma bénédiction de réussite dans votre mission sacrée et pour tout le bien, matériel et spirituel, pour vous et pour les membres de votre famille,

Notes

(1) Le Rav M. Lipsker, de Meknès. Voir, à son propos, les lettres n°1251, 1556, 1617 et 1689.
(2) Des élèves de la Yechiva de Meknès.
(3) Du Rabbi Rachab. Voir, à ce propos, les lettres n°539, 1588 et 1719.