Lettre n° 1561
Par la grâce de D.ieu,
10 Iyar 5712,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Efraïm Eliézer(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre écrite à l’issue du Chabbat “ Tiféret de Tiféret ”(2), anniversaire de la naissance du Rabbi Maharach. Vous me dites que l’on vous interroge sur la fin du premier chapitre du discours intitulé “ Il y eut une controverse dans la maison d’étude céleste ”, dans le Likouteï Torah Tazrya, qui dit : “ Le niveau de Kéter(3) découle de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu, qui n’est qu’une émanation et un reflet du Créateur Lui-même ”. Plusieurs questions sont posées, à ce propos :
A) Vous vous demandez à quoi se rapporte l’expression “ qui n’est qu’une ”. Si elle se rapporte à Kéter, cette affirmation n’est pas compréhensible, car l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu est lui-même une émanation et un reflet. Et, si elle se rapporte à cet Attribut, elle aurait dû être exprimée au féminin(4).
Voici ma réponse :
Pour lever le doute, on peut consulter le même texte, qui figure également dans le Séfer Hamitsvot du Tséma’h Tsédek. Dans cet ouvrage, à la page 103a, il est dit : “ Le niveau de Kéter découle uniquement de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu et ce niveau de Royauté est une émanation et un reflet de l’Essence de D.ieu ”(5).
Vous vous demandez pourquoi le féminin n’est pas employé par le Likouteï Torah, comme c’est le cas pour le Séfer Hamitsvot. Vous devez savoir que les discours ‘hassidiques ne comportent pas de telles précisions, sauf s’il s’agit, par exemple, de la première partie du Tanya, qui emploie avec rigueur le masculin et le féminin, le singulier et le pluriel.
De fait, il y a eu une controverse, à ce sujet, entre le Rachal et le Ramah, comme le rapportent les responsa du Ramah, au chapitre 4, dont vous consulterez le détail. Vous verrez également le Rachbats, tome 1, chapitre 43, cité par le Sdeï ‘Hémed, principes des Décisionnaires, chapitre 16, paragraphe 65, qui dit : “ Il n’est pas dégradant, pour le Sage, de ne pas connaître les règles de la grammaire et du vocabulaire. Ainsi, il y a, dans les cantiques de Rabbi A. Ha Kalir, qui était l’un des plus grands Sages, plusieurs erreurs grammaticales ”.
Les imprécisions grammaticales des discours ‘hassidiques peuvent aussi s’expliquer, comme le dit le Ramah, dans ses responsa précédemment citées, par une erreur des copistes.
Pour revenir à notre propos, en l’occurrence à ce passage du Likouteï Torah, on peut également l’expliquer d’une autre manière, selon ce que dit la ‘Hassidout sur la formulation de la prière, “ tout cela est foi , établi pour nous”, dont la première expression est énoncée au féminin et la seconde, au masculin, comme l’explique le Likouteï Torah, Parchat Ekev, page 16d.
En effet, l’Attribut de Royauté, se trouvant à la fin d’un monde spirituel, est en position de recevoir(6). Puis, il constitue le début de ce monde matériel et il est alors l’élément qui donne(7). C’est pour cela que l’on constate que “ tout cela est foi ”(8), puis l’on dit que cela est “ établi pour nous ”(9).
Il en est donc de même pour notre passage du Likouteï Torah, expliquant comment Kéter reçoit de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu. Ce dernier est donc l’élément qui donne et, de ce fait, le masculin est employé pour décrire cette révélation d’en haut.
Le Tséma’h Tsédek, en revanche, emploie le féminin, puisqu’il parle, à deux reprises, de cet Attribut de Royauté, “ Le niveau de Kéter découle uniquement de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu et ce niveau de Royauté est une émanation et un reflet de l’Essence de D.ieu ”. Il parle donc de cet Attribut de Royauté dans sa globalité et non uniquement en tant qu’élément qui reçoit. De ce fait, il s’exprime au féminin.
B) Pourquoi parler de l’émanation et du reflet, alors que ce dernier terme aurait pu être suffisant ?
Comme je l’ai dit, il n’est pas aisé d’expliquer de telles répétitions, y compris dans la première partie du Tanya. Vous consulterez, à ce propos, les interprétations qui peuvent être faites sur le troisième chapitre de Chaar Hay’houd Vehaémouna, lesquelles parlent tantôt d’émanation, tantôt de reflet, tantôt des deux à la fois et citent en premier lieu tantôt l’émanation tantôt le reflet. Il en est de même dans plusieurs autres textes.
De façon générale, on peut définir avec précision le sens de ces termes, qu’ils concernent l’élément qui donne ou celui qui reçoit, en observant de quelle manière ils sont utilisés dans d’autres textes.
Du point de vue de l’élément qui donne, l’émanation est plus importante que le reflet, lequel est seulement secondaire, accessoire par rapport à elle. Ainsi, il est souvent dit que “ l’émanation est représentative de ce qui l’émet ” ou que “ l’émanation est attachée à ce qui l’émet ”. Rien de tel n’est dit du reflet.
Du point de vue de l’élément qui reçoit, l’émanation qui est élevée, représentative de ce qui l’émet, ne peut être intégrée que superficiellement. A l’opposé, le reflet qui est secondaire et accessoire peut être reçu profondément. Nos Sages disent donc, au traité Bera’hot 17a et dans le commentaire de Rachi(10), que “ ils portent leur couronne sur la tête, perçoivent un reflet de la Présence divine et mangent ”. Or, la couronne est bien un élément extérieur, accessoire et le fait de manger constitue un plaisir qui est profondément intériorisé.
L’Attribut de Royauté et Kéter présentent ces deux aspects. C’est pour cela que l’on parle à la fois d’émanation et de reflet. Vous consulterez également le Likouteï Torah de cette semaine, à la page 20a et 20b.
C) Le Likouteï Torah, à la même référence, à la fin du chapitre 2, définit plusieurs vêtements de la pensée. Le plus profond est celui qui est consacré à la sagesse de la Torah. Il en est un autre, défini comme “ un vêtement moyen ”, c’est celui qui concerne une science dont les conclusions sont nécessaires à la Torah, par exemple celle de l’observation astrale.
Vous êtes dans le doute, à ce sujet et vous vous demandez si la réflexion à la beauté de la création dans le but de percevoir la grandeur de D.ieu est une pensée profonde ou moyenne.
A mon avis, on peut envisager deux conceptions. On peut méditer à la grandeur de la création au sens le plus littéral, comme le dit le Rambam, au début du second chapitre des lois des fondements de la Torah : “ Quel est le moyen de L’aimer et de Le craindre ? ”. Une telle réflexion est une préparation de la Mitsva d’aimer D.ieu et de Le craindre.
En revanche, si l’on médite à l’enchaînement des mondes, à l’interaction des Sefirot entre elles, on accomplit, à proprement parler, “ une Mitsva élevée et considérable ”(11) qui, bien plus, doit être privilégiée par rapport à beaucoup d’autres, ainsi qu’il est dit : “ Et, tu sauras aujourd’hui que l’Eternel est D.ieu ” et “ Connais le D.ieu de ton père ”. Vous consulterez le Kountrass A’haron du Tanya, au paragraphe “ pour comprendre ce que dit le Peri Ets ‘Haïm ”, à la page 156b.
Note : Dans les éditions(12) dont nous disposons, il est question d’une “ Mitsva grande et considérable ”. Et l’on peut s’interroger, à ce propos, en fonction du traité Baba Batra 8b et des Tossafot au traité Guittin 41b. Néanmoins, le ‘Hassid, Rav Acher, qui fut l’éditeur du Tanya, dressa une liste des fautes d’imprimerie, dans laquelle il dit bien “ une Mitsva élevée et considérable ”. Mon beau-père, le Rabbi, a donné son accord à cette liste.
D) Aux chapitres 3 et 4, à la même référence, vous vous demandez si la Klipat Noga du monde spirituel d’Atsilout a une emprise sur l’Attribut de Tiféret de ce monde ou seulement sur ceux de ‘Hessed et Guevoura.
Le contexte permet d’établir qu’une telle emprise est possible dès lors que la lumière de ‘Ho’hma(13) s’est retirée. Néanmoins, dire que cette emprise porte sur Tiféret ou, tout au moins, sur Nétsa’h, Hod et Mal’hout n’est pas exact. Que D.ieu nous garde de penser qu’il en est ainsi.
L’explication est la suivante. Lorsque la Lumière de ‘Ho’hma se retire, même si les autres Sefirot restaient à leur place, cette emprise devient possible. Néanmoins, elle ne porte pas sur les Sefirot elles-mêmes, ce qu’à D.ieu ne plaise.
Le verset dit, à ce propos, “ si un homme porte une plaie sur la peau ” et vous consulterez, à ce sujet, le Likouteï Torah, à la même référence, au discours intitulé “ Ceci ”. Il en est de même pour le discours qui fait l’objet de notre propos. L’emprise porte sur les mots, mais non sur les Sefirot elles-mêmes, ce qu’à D.ieu ne plaise.
E) Vous vous interrogez à propos de l’affirmation qui apparaît dans différents textes(14), selon laquelle un verset enseigne ce qui est certain et non ce qui fait l’objet du doute. Vous établissez un lien entre ce principe et la controverse tendant à établir si la tâche doit apparaître avant le poil blanc(15).
Vous consulterez, à ce propos, la fin du chapitre 4 de ce même discours qui définit le doute et sa clarification s’appliquant à la plaie, au cas du Mamzer et à d’autres domaines.
F) Ce discours ‘hassidique délivre également un enseignement éthique.
Vous consulterez, à ce propos, la causerie de mon beau-père, le Rabbi, du 18 Elloul 5703(16), à la page 15.
G) Je viens de recevoir votre lettre de ce dimanche. Je vous remercie beaucoup pour les explications agréables que vous me donnez sur le verset “ Vous serez saints ”. Parmi les ‘Hassidim ‘Habad, celles-ci sont transmises au nom du Rav Chmouel Betsalel Sheftel, le guide spirituel de la Yechiva, à Loubavitch, qui, lors des réunions ‘hassidiques, disait : “ Je pourrais penser que ma sainteté atteint celle de D.ieu : Il s’agit d’une affirmation ”(17). Il est donc possible de s’identifier à D.ieu, car “ Je suis saint ” et “ Ma sainteté se trouve au dessus de la vôtre ”(18), ce qui veut dire qu’elle en découle.
Avec ma bénédiction,
Concernant l’affirmation de nos Sages selon laquelle “ il y eut une controverse dans la maison d’étude céleste ”, il est une explication magistrale dans le commentaire de la Torah et des Mitsvot du Malbim, au début de la Parchat ‘Houkat. Néanmoins, la comparaison met bien en évidence la nature de la ‘Hassidout, des sources, de l’influence et de la lumière nouvelle qu’elle révèle.
Notes
(1) Le Rav E. E. Yalles, de Philadelphie. Voir, à son propos, la lettre n°1529.
(2) Sefira correspondant au compte de l’Omer du 2 Iyar.
(3) La couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes.
(4) Mal’hout, la royauté, est au féminin, alors que le terme employé par le Likouteï Torah est Hou, il et non Hi, elle.
(5) L’expression “ qui n’est qu’une ” se rapporte donc à l’Attribut de royauté et non à Kéter.
(6) Les Lumières de toutes les Sefirot se trouvant dans ce monde.
(7) La Lumière émanant des mondes supérieurs.
(8) Au féminin, en Hébreu, car il s’agit de l’élément qui reçoit.
(9) Au masculin, en Hébreu, car il s’agit de l’élément qui donne.
(10) A propos de la récompense qui sera accordée aux Justes dans le monde futur.
(11) Selon l’expression du Tanya.
(12) Du Tanya.
(13) Qui provoque une soumission totale à D.ieu, rendant cette emprise impossible.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité ‘Houlin 22b et les Tossafot, à cette même référence, au paragraphe ‘Il est nécessaire’ ”.
(15) Ou bien le poil blanc avant la tâche pour qu’il s’agisse d’une plaie pure.
(16) 1943.
(17) Commentant le verset “ Vous serez saints, car Je suis saint ”, nos Sages disent : “ Pourrais-je penser que ma sainteté atteigne celle de D.ieu ? ”. Le Rav Sheftel explique donc que l’on peut interpréter ce commentaire dans le sens d’une affirmation et non d’une interrogation.
(18) Ce qui est la suite de cette explication de nos Sages.
10 Iyar 5712,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Efraïm Eliézer(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre écrite à l’issue du Chabbat “ Tiféret de Tiféret ”(2), anniversaire de la naissance du Rabbi Maharach. Vous me dites que l’on vous interroge sur la fin du premier chapitre du discours intitulé “ Il y eut une controverse dans la maison d’étude céleste ”, dans le Likouteï Torah Tazrya, qui dit : “ Le niveau de Kéter(3) découle de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu, qui n’est qu’une émanation et un reflet du Créateur Lui-même ”. Plusieurs questions sont posées, à ce propos :
A) Vous vous demandez à quoi se rapporte l’expression “ qui n’est qu’une ”. Si elle se rapporte à Kéter, cette affirmation n’est pas compréhensible, car l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu est lui-même une émanation et un reflet. Et, si elle se rapporte à cet Attribut, elle aurait dû être exprimée au féminin(4).
Voici ma réponse :
Pour lever le doute, on peut consulter le même texte, qui figure également dans le Séfer Hamitsvot du Tséma’h Tsédek. Dans cet ouvrage, à la page 103a, il est dit : “ Le niveau de Kéter découle uniquement de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu et ce niveau de Royauté est une émanation et un reflet de l’Essence de D.ieu ”(5).
Vous vous demandez pourquoi le féminin n’est pas employé par le Likouteï Torah, comme c’est le cas pour le Séfer Hamitsvot. Vous devez savoir que les discours ‘hassidiques ne comportent pas de telles précisions, sauf s’il s’agit, par exemple, de la première partie du Tanya, qui emploie avec rigueur le masculin et le féminin, le singulier et le pluriel.
De fait, il y a eu une controverse, à ce sujet, entre le Rachal et le Ramah, comme le rapportent les responsa du Ramah, au chapitre 4, dont vous consulterez le détail. Vous verrez également le Rachbats, tome 1, chapitre 43, cité par le Sdeï ‘Hémed, principes des Décisionnaires, chapitre 16, paragraphe 65, qui dit : “ Il n’est pas dégradant, pour le Sage, de ne pas connaître les règles de la grammaire et du vocabulaire. Ainsi, il y a, dans les cantiques de Rabbi A. Ha Kalir, qui était l’un des plus grands Sages, plusieurs erreurs grammaticales ”.
Les imprécisions grammaticales des discours ‘hassidiques peuvent aussi s’expliquer, comme le dit le Ramah, dans ses responsa précédemment citées, par une erreur des copistes.
Pour revenir à notre propos, en l’occurrence à ce passage du Likouteï Torah, on peut également l’expliquer d’une autre manière, selon ce que dit la ‘Hassidout sur la formulation de la prière, “ tout cela est foi , établi pour nous”, dont la première expression est énoncée au féminin et la seconde, au masculin, comme l’explique le Likouteï Torah, Parchat Ekev, page 16d.
En effet, l’Attribut de Royauté, se trouvant à la fin d’un monde spirituel, est en position de recevoir(6). Puis, il constitue le début de ce monde matériel et il est alors l’élément qui donne(7). C’est pour cela que l’on constate que “ tout cela est foi ”(8), puis l’on dit que cela est “ établi pour nous ”(9).
Il en est donc de même pour notre passage du Likouteï Torah, expliquant comment Kéter reçoit de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu. Ce dernier est donc l’élément qui donne et, de ce fait, le masculin est employé pour décrire cette révélation d’en haut.
Le Tséma’h Tsédek, en revanche, emploie le féminin, puisqu’il parle, à deux reprises, de cet Attribut de Royauté, “ Le niveau de Kéter découle uniquement de l’Attribut de Royauté de la Lumière infinie de D.ieu et ce niveau de Royauté est une émanation et un reflet de l’Essence de D.ieu ”. Il parle donc de cet Attribut de Royauté dans sa globalité et non uniquement en tant qu’élément qui reçoit. De ce fait, il s’exprime au féminin.
B) Pourquoi parler de l’émanation et du reflet, alors que ce dernier terme aurait pu être suffisant ?
Comme je l’ai dit, il n’est pas aisé d’expliquer de telles répétitions, y compris dans la première partie du Tanya. Vous consulterez, à ce propos, les interprétations qui peuvent être faites sur le troisième chapitre de Chaar Hay’houd Vehaémouna, lesquelles parlent tantôt d’émanation, tantôt de reflet, tantôt des deux à la fois et citent en premier lieu tantôt l’émanation tantôt le reflet. Il en est de même dans plusieurs autres textes.
De façon générale, on peut définir avec précision le sens de ces termes, qu’ils concernent l’élément qui donne ou celui qui reçoit, en observant de quelle manière ils sont utilisés dans d’autres textes.
Du point de vue de l’élément qui donne, l’émanation est plus importante que le reflet, lequel est seulement secondaire, accessoire par rapport à elle. Ainsi, il est souvent dit que “ l’émanation est représentative de ce qui l’émet ” ou que “ l’émanation est attachée à ce qui l’émet ”. Rien de tel n’est dit du reflet.
Du point de vue de l’élément qui reçoit, l’émanation qui est élevée, représentative de ce qui l’émet, ne peut être intégrée que superficiellement. A l’opposé, le reflet qui est secondaire et accessoire peut être reçu profondément. Nos Sages disent donc, au traité Bera’hot 17a et dans le commentaire de Rachi(10), que “ ils portent leur couronne sur la tête, perçoivent un reflet de la Présence divine et mangent ”. Or, la couronne est bien un élément extérieur, accessoire et le fait de manger constitue un plaisir qui est profondément intériorisé.
L’Attribut de Royauté et Kéter présentent ces deux aspects. C’est pour cela que l’on parle à la fois d’émanation et de reflet. Vous consulterez également le Likouteï Torah de cette semaine, à la page 20a et 20b.
C) Le Likouteï Torah, à la même référence, à la fin du chapitre 2, définit plusieurs vêtements de la pensée. Le plus profond est celui qui est consacré à la sagesse de la Torah. Il en est un autre, défini comme “ un vêtement moyen ”, c’est celui qui concerne une science dont les conclusions sont nécessaires à la Torah, par exemple celle de l’observation astrale.
Vous êtes dans le doute, à ce sujet et vous vous demandez si la réflexion à la beauté de la création dans le but de percevoir la grandeur de D.ieu est une pensée profonde ou moyenne.
A mon avis, on peut envisager deux conceptions. On peut méditer à la grandeur de la création au sens le plus littéral, comme le dit le Rambam, au début du second chapitre des lois des fondements de la Torah : “ Quel est le moyen de L’aimer et de Le craindre ? ”. Une telle réflexion est une préparation de la Mitsva d’aimer D.ieu et de Le craindre.
En revanche, si l’on médite à l’enchaînement des mondes, à l’interaction des Sefirot entre elles, on accomplit, à proprement parler, “ une Mitsva élevée et considérable ”(11) qui, bien plus, doit être privilégiée par rapport à beaucoup d’autres, ainsi qu’il est dit : “ Et, tu sauras aujourd’hui que l’Eternel est D.ieu ” et “ Connais le D.ieu de ton père ”. Vous consulterez le Kountrass A’haron du Tanya, au paragraphe “ pour comprendre ce que dit le Peri Ets ‘Haïm ”, à la page 156b.
Note : Dans les éditions(12) dont nous disposons, il est question d’une “ Mitsva grande et considérable ”. Et l’on peut s’interroger, à ce propos, en fonction du traité Baba Batra 8b et des Tossafot au traité Guittin 41b. Néanmoins, le ‘Hassid, Rav Acher, qui fut l’éditeur du Tanya, dressa une liste des fautes d’imprimerie, dans laquelle il dit bien “ une Mitsva élevée et considérable ”. Mon beau-père, le Rabbi, a donné son accord à cette liste.
D) Aux chapitres 3 et 4, à la même référence, vous vous demandez si la Klipat Noga du monde spirituel d’Atsilout a une emprise sur l’Attribut de Tiféret de ce monde ou seulement sur ceux de ‘Hessed et Guevoura.
Le contexte permet d’établir qu’une telle emprise est possible dès lors que la lumière de ‘Ho’hma(13) s’est retirée. Néanmoins, dire que cette emprise porte sur Tiféret ou, tout au moins, sur Nétsa’h, Hod et Mal’hout n’est pas exact. Que D.ieu nous garde de penser qu’il en est ainsi.
L’explication est la suivante. Lorsque la Lumière de ‘Ho’hma se retire, même si les autres Sefirot restaient à leur place, cette emprise devient possible. Néanmoins, elle ne porte pas sur les Sefirot elles-mêmes, ce qu’à D.ieu ne plaise.
Le verset dit, à ce propos, “ si un homme porte une plaie sur la peau ” et vous consulterez, à ce sujet, le Likouteï Torah, à la même référence, au discours intitulé “ Ceci ”. Il en est de même pour le discours qui fait l’objet de notre propos. L’emprise porte sur les mots, mais non sur les Sefirot elles-mêmes, ce qu’à D.ieu ne plaise.
E) Vous vous interrogez à propos de l’affirmation qui apparaît dans différents textes(14), selon laquelle un verset enseigne ce qui est certain et non ce qui fait l’objet du doute. Vous établissez un lien entre ce principe et la controverse tendant à établir si la tâche doit apparaître avant le poil blanc(15).
Vous consulterez, à ce propos, la fin du chapitre 4 de ce même discours qui définit le doute et sa clarification s’appliquant à la plaie, au cas du Mamzer et à d’autres domaines.
F) Ce discours ‘hassidique délivre également un enseignement éthique.
Vous consulterez, à ce propos, la causerie de mon beau-père, le Rabbi, du 18 Elloul 5703(16), à la page 15.
G) Je viens de recevoir votre lettre de ce dimanche. Je vous remercie beaucoup pour les explications agréables que vous me donnez sur le verset “ Vous serez saints ”. Parmi les ‘Hassidim ‘Habad, celles-ci sont transmises au nom du Rav Chmouel Betsalel Sheftel, le guide spirituel de la Yechiva, à Loubavitch, qui, lors des réunions ‘hassidiques, disait : “ Je pourrais penser que ma sainteté atteint celle de D.ieu : Il s’agit d’une affirmation ”(17). Il est donc possible de s’identifier à D.ieu, car “ Je suis saint ” et “ Ma sainteté se trouve au dessus de la vôtre ”(18), ce qui veut dire qu’elle en découle.
Avec ma bénédiction,
Concernant l’affirmation de nos Sages selon laquelle “ il y eut une controverse dans la maison d’étude céleste ”, il est une explication magistrale dans le commentaire de la Torah et des Mitsvot du Malbim, au début de la Parchat ‘Houkat. Néanmoins, la comparaison met bien en évidence la nature de la ‘Hassidout, des sources, de l’influence et de la lumière nouvelle qu’elle révèle.
Notes
(1) Le Rav E. E. Yalles, de Philadelphie. Voir, à son propos, la lettre n°1529.
(2) Sefira correspondant au compte de l’Omer du 2 Iyar.
(3) La couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes.
(4) Mal’hout, la royauté, est au féminin, alors que le terme employé par le Likouteï Torah est Hou, il et non Hi, elle.
(5) L’expression “ qui n’est qu’une ” se rapporte donc à l’Attribut de royauté et non à Kéter.
(6) Les Lumières de toutes les Sefirot se trouvant dans ce monde.
(7) La Lumière émanant des mondes supérieurs.
(8) Au féminin, en Hébreu, car il s’agit de l’élément qui reçoit.
(9) Au masculin, en Hébreu, car il s’agit de l’élément qui donne.
(10) A propos de la récompense qui sera accordée aux Justes dans le monde futur.
(11) Selon l’expression du Tanya.
(12) Du Tanya.
(13) Qui provoque une soumission totale à D.ieu, rendant cette emprise impossible.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité ‘Houlin 22b et les Tossafot, à cette même référence, au paragraphe ‘Il est nécessaire’ ”.
(15) Ou bien le poil blanc avant la tâche pour qu’il s’agisse d’une plaie pure.
(16) 1943.
(17) Commentant le verset “ Vous serez saints, car Je suis saint ”, nos Sages disent : “ Pourrais-je penser que ma sainteté atteigne celle de D.ieu ? ”. Le Rav Sheftel explique donc que l’on peut interpréter ce commentaire dans le sens d’une affirmation et non d’une interrogation.
(18) Ce qui est la suite de cette explication de nos Sages.