Lettre n° 1649

Par la grâce de D.ieu,
19 Sivan 5712,
Brooklyn,

Aux dirigeants de la Yechiva Loubavitch,
que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

A) Vous avez sûrement déjà reçu ma précédente lettre, relative à la discussion avec le docteur Shapiro. J’ai, pour ma part, reçu vos lettres du 26 Iyar, du 3 et du 11 Sivan, avec ce qui leur était joint.

B) J’observe, dans votre lettre, que l’Agence juive vous a proposé un prêt, il y a deux ans déjà. Vous me dites que vous ne vous en êtes pas servi et j’aimerais que vous me l’expliquiez.

C) Je déduis de la lettre précédente et de celle-ci que le prêt qui vous est actuellement proposé est d’un montant de quatre mille livres. Il faut y souscrire au plus vite.

D) Vous envisagez la construction(1) de deux manières, en plaçant un baraquement ou un édifice sur le toit ou bien en réunissant deux bâtiments qui se trouvent dans le quartier de Rakévet. Il semble que la seconde solution doive être préférée à la première. De façon générale, voir large est le moyen d’obtenir la bénédiction de D.ieu.

Lorsque l’on commence une construction et que l’on manque de moyens pour la conduire à son terme, on peut obtenir plus facilement une aide supplémentaire, sous la forme d’un prêt ou même selon une formule encore plus avantageuse. Le montant que vous obtiendrez maintenant et que vous pourrez peut-être compléter par le premier prêt de quatre mille livres(2), sera également consacré, au moins pour partie, à la construction, avant qu’il ne soit entièrement dépensé.

E) Vous m’interrogez sur l’emplacement de l’école de Torah et technique du Kfar(3). Vous me demandez si elle doit se trouver à l’entrée ou à la sortie du Kfar. Selon la description de la situation que vous me donnez, elle doit être implantée à l’entrée du village, afin d’être immédiatement remarquée. Ceci présente également d’autres avantages, que vous décrivez vous-même dans votre lettre. Point le plus important, il faut qu’elle voit enfin le jour, que les études y commencent.

F) Pour répondre à votre question, j’ai déjà exprimé mon avis(4) et j’ai précisé que les métiers enseignés dans cette école doivent être ceux qui présentent des débouchés, en Terre Sainte. Il me semble que c’est le cas de l’imprimerie et de la menuiserie.

J’ai déjà dit au Rav M. G.(5), lorsqu’il était ici, qu’il faut exclure, dans cette école, l’électricité et la radio(6).

G) Vous me demandez si cette école professionnelle peut être associée à une école agricole affiliée à l’Alya des jeunes. Il y a tout lieu de craindre que le programme de l’une ne contredise celui de l’autre et que cette situation conduise les organismes qui doivent financer de telles institutions à faire des choix(7).

Pour toutes ces raisons, il faut écarter cette éventualité, en l’état actuel des choses. Néanmoins, on peut continuer à réfléchir à ce projet. Mais, pour l’heure, on n’en parlera à personne. Lorsque ces deux écoles existeront, ou, tout au moins, l’une d’elles, on reposera cette question et l’on envisagera ce qui peut être mis en commun entre elles, selon le principe qui dit que "la bougie qui éclaire une personne peut en éclairer cent"(8).

Je formule donc à nouveau mon idée. Si l’on parle, d’emblée, de deux écoles fonctionnant conjointement, il y a lieu de craindre que l’on se serve de cet argument comme prétexte pour repousser les deux propositions à la fois, en les déclarant irréalisables.

H) Vous cherchez un nom pour cette institution. Il n’est pas judicieux de le choisir dès maintenant. Il faut laisser cela pour plus tard et, entre temps, parler uniquement de l’école d’imprimerie ou de l’école de menuiserie qui sont sous la direction de la Yechiva de Lod.

Il est clair que l’on ne peut pas parler de Yechiva Loubavitch. Il y aurait alors contradiction entre la collecte pour cette école et celle de la Yechiva proprement dite. C’est bien évident.

I) J’ai apprécié votre lettre, relativement détaillée, qui décrivait la situation, quantitative et qualitative, de la Yechiva. Vous écrivez que cette institution a connu une élévation qualitative par rapport à ce qui prévalait jusqu’à maintenant.

De même, j’ai appris avec satisfaction, par votre lettre, que vous déléguez des élèves de la Yechiva pour prendre part aux activités de ‘Habad, en particulier pour la diffusion des sources(9) à l’extérieur. Sans doute en ferez-vous de même à l’avenir, bien entendu en faisant prendre conscience à ces élèves que leur mission essentielle est l’étude de la Torah, mais que les besoins du moment, le danger qui existe, les conduisent à offrir de leur temps pour sauver des âmes.

La situation doit inspirer de la peine à ces élèves. Et, les guides spirituels de la Yechiva doivent leur expliquer tout cela. Il doivent leur dire que l’on attend, de leur part, deux comportements opposés. D’une part, ils doivent concentrer tous leurs efforts et leur foi sur l’endroit où ils sont envoyés. Par ailleurs, ils doivent comprendre qu’une telle action n’est pas leur but véritable et qu’ils ne s’y consacreraient pas, si ce n’était les besoins du moment, en cette période du "talon du talon du Machia’h".

Vous présenterez cette idée aux élèves d’une manière plus développée que ce qui est exposé ici.

J) Vous trouverez ci-joint quelques bons d’envoi en port payé pour les activités communautaires des élèves de la Yechiva(10).

K) Vous concluez votre lettre en disant que, jusqu’à maintenant, vous ne m’avez pas envoyé de rapport détaillé alors que vous estimez désormais nécessaire de le faire. Il est dommage que vous ne l’ayez pas fait jusqu’à ce jour et il n’y a donc pas lieu de vous excuser pour l’introduction de cette manière de procéder.

Vous prêterez le baraquement dont vous disposez au réseau Ohaleï Yossef Its’hak, qui en a bien besoin.

Il n’était pas de mon intention de vous faire prendre en charge les responsabilités qui incombent à l’association des ‘Hassidim ‘Habad et de vous demander de mener vous-mêmes les démarches pour la Yechiva. Je voulais seulement dire que vous deviez les(11) encourager à l’action.

Avec ma bénédiction de réussite dans votre mission sacrée et pour que D.ieu vous accorde la possibilité d’annoncer, très souvent, de bonnes nouvelles dans tous ces domaines,

M. Schneerson,

Notes

(1) De la Yechiva de Lod.
(2) Dont il est question au paragraphe B.
(3) Kfar ‘Habad.
(4) Voir la lettre n°1533.
(5) Le Rav Moché Gourary.
(6) Ne pas enseigner ces métiers.
(7) A financer l’une au détriment de l’autre.
(8) L’échange entre les deux écoles ne retirera rien à l’une ou à l’autre.
(9) De la ‘Hassidout.
(10) A titre de participation financière, de la part du Rabbi.
(11) Les membres de l’association des ‘Hassidim ‘Habad.