Lettre n° 1662
Par la grâce de D.ieu,
25 Sivan 5712,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 13 Sivan, dans laquelle vous me décrivez brièvement votre vie et votre situation actuelle. Vous vous trouvez à Milan et, dans cette ville, vous avez rencontré le grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, Rav Morde’haï Perlov et le Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, Rav Yaakov Gansburg(1).
Dans votre lettre, vous me parlez uniquement de vos parents et j’en déduis que vous êtes célibataire. Or, vous avez de quoi assurer non seulement votre propre subsistance, mais également celle d’une famille. Il serait donc judicieux de chercher à vous marier, avec toute l’ardeur qui convient. Nos Sages disent qu’un homme doit rechercher son épouse, comme si elle était ce qu’il a perdu(2). En pareil cas(3), on ne reste pas les bras croisés, attendant que ce qui a été perdu revienne de sa propre initiative. On s’efforce activement de le retrouver.
J’ai été satisfait de lire dans votre lettre que vous avez étudié l’enseignement de ‘Habad, en compagnie des ‘Hassidim, lorsque vous vous trouviez en Terre Sainte. Et, encore à l’heure actuelle, vous fixez un temps pour cette étude. J’aimerais savoir comment vous organisez cette étude, pendant le Chabbat comme dans la semaine. En effet, cette étude est également nécessaire durant la semaine et, d’un certain point de vue, encore plus qu’au cours du Chabbat. Car, alors, le corps, l’âme animale et donc l’âme divine qui s’introduit en eux adoptent des occupations profanes, liées à la Klipat Noga(4), qui est intermédiaire entre le domaine de la sainteté et les trois forces du mal totalement impures(5).
Vous connaissez le dicton du Baal Chem Tov, qui nous a été transmis par mon beau-père, le Rabbi, selon lequel tout ce qu’un Juif voit ou entend lui délivre un enseignement, pour son service de D.ieu, qu’il s’agisse d’une action envers D.ieu ou bien des relations avec son prochain, lesquelles, de fait, sont aussi des actions envers D.ieu.
En effet, selon une explication bien connue de la ‘Hassidout, on doit mettre en pratique les Préceptes auquel la raison souscrit avec autant de soumission que ceux qui défient la logique et non pas par évidence intellectuelle. Il nous a été donné de constater, à notre époque, que le peuple(6) qui se distinguait par son intelligence et par son approche scientifique de la vie, a adopté un comportement odieux et condamnable. Bien plus, il a fait appel à l’intelligence et à la science pour justifier son attitude.
On peut donc expliquer logiquement l’affirmation du Baal Chem Tov. D.ieu est le Maître du monde. Aucun élément, aucun événement de ce monde n’est donc inutile. Dans la Michna, à la fin du traité Kiddouchin, nos Sages affirment qu’un homme a été créé uniquement pour servir son Créateur. Lorsqu’il voit ou entend quelque chose, cela doit avoir un sens, lui apporter ce dont il a besoin pour servir D.ieu, pour se rapprocher de sa finalité, qui est ce service, en appliquant les Injonctions ou en se gardant de transgresser les Interdits.
J’observe, dans votre lettre, que vous êtes géomètre. Néanmoins, vous n’indiquez pas clairement quelle est votre spécialité, le bâtiment, les mesures ou les surfaces. En tout état de cause, la géométrie est bien à la base de tout cela. Quel enseignement peut-on tirer de cette discipline ?
La géométrie est une science exacte, comme toutes les disciplines mathématiques, mais aussi une science appliquée, c’est-à-dire moins exacte. Toute proportion gardée, notre sainte Torah est également la Sagesse de D.ieu, la vérité et la précision les plus exactes. L’homme ne peut connaître sa valeur exacte et elle est cachée à tous les vivants. Elle est, cependant, appelée Torah, terme qui est de la même étymologie que Horaa, enseignement. De fait, elle délivre un enseignement pour l’existence quotidienne, dans ce monde matériel et grossier.
La différence essentielle et infinie entre ces deux domaines(7), notre sainte Torah, d’une part, de laquelle il est dit que "elle est votre sagesse et votre discernement aux yeux des nations", la sagesse et le discernement des nations, d’autre part, ou même l’intellect émanant de l’âme animale d’un Juif, est la suivante.
La compréhension humaine, y compris celle des différentes sciences que l’on définit comme exactes est basée sur des principes fondamentaux qui n’ont rien de scientifique. Une science, surtout si elle est exacte, se limite à des conclusions qui peuvent être prouvées. Or, les règles sur lesquelles sont construites les sciences, y compris les mathématiques et la géométrie, ne peuvent pas être prouvées. On a donc le choix de les accepter ou de les refuser.
Cela est particulièrement vrai pour la géométrie. Vous savez qu’il en existe trois conceptions essentielles, chacune étant basée sur un certain nombre d’axiomes et les axiomes de l’une contredisant ceux des autres. En d’autres termes, la science est incapable d’émettre une conclusion claire. Elle n’émet que des vérités conditionnelles, supposant que l’on accepte ses hypothèses de départ et son mode de raisonnement, afin de parvenir aux conclusions correspondantes.
Il en résulte deux points :
1. L’homme a le choix d’accepter ou de refuser les axiomes.
2. Même s’il les accepte, il ne peut être contraint à adopter les conclusions. En effet, celles-ci affirment uniquement que "si tes actions sont dirigées dans tel sens, cela aura telle conséquence". Si l’homme accepte de subir le tort qui pourrait en résulter, rien ne l’empêche de poursuivre dans cette direction.
En d’autres termes, la science n’est pas un guide de l’existence, mais bien un récit, une analyse prédictive basée sur l’expérience déjà accumulée, en fonction de principes auxquels on adhère de son plein gré et qui permettent d’anticiper ce qui se passera.
L’approche de notre sainte Torah est radicalement différente. Elle est, en effet, la Sagesse de D.ieu, Qui, seul possède l’existence véritable. Elle est donc absolue, rigoureusement exacte, par ses hypothèses de base comme par ses règles définissant la manière de raisonner à partir de ces hypothèses. Elle est la Sagesse et la Volonté du Créateur du monde et donc de l’homme. Ses conclusions s’imposent à l’homme, qui doit les adopter, les mettre en pratique, sans pouvoir faire autrement.
En tant que géomètre, vous devez garder cette idée gravée à l’esprit. Il est impossible de s’interroger sur la Torah à partir d’un argument scientifique. En effet, la Torah est la Vérité intangible, alors que la science affirme elle-même son caractère relatif, puisque l’homme doit accepter ses principes, qu’il peut également bâtir des théories contradictoires et, pour autant, toutes les conserver. De fait, il y a bien trois conceptions de la géométrie, celle d’Euclide, celle de Lubatcheski et celle de Riman et Alia.
J’espère que ce qui vient d’être dit est bien clair. Bien évidemment, si vous avez des remarques à formuler, je les examinerai avec joie. Comme vous le savez, nos Sages étaient satisfaits, lorsqu’ils étaient interrogés sur leurs affirmations. En effet, cela fait la preuve que l’on s’intéresse à leur propos et surtout que l’on peut ainsi les analyser et les approfondir.
Sans doute respectez-vous scrupuleusement les trois études qui concernent chacun et ont été instaurées par mon beau-père, le Rabbi, celles des Tehilim, selon leur répartition mensuelle, chaque jour, après la prière du matin, d’un passage du ‘Houmach, de la Sidra de la semaine, avec le commentaire de Rachi, quotidienne également et celle du Tanya, selon sa répartition annuelle.
J’aimerais savoir combien de temps vous consacrez à l’étude de la partie révélée de la Torah et de la ‘Hassidout. Je voudrais aussi connaître les bonnes actions que vous menez pour influencer positivement votre entourage, en général, les membres de votre famille et vos proches, en particulier, afin de rapprocher leur cœur de notre Père, Qui se trouve dans les cieux et de leur apporter le bonheur éternel, matériel et spirituel.
Avec ma bénédiction pour que vous vous installiez positivement, de la manière qui vous convient, matériellement et spirituellement à la fois,
Notes
(1) Voir, à ce propos, les lettres n°1704 et 1803.
(2) Puisqu’elle est "la côte" de son mari.
(3) Quand on a perdu quelque chose.
(4) La force du mal qui peut, grâce à l’intervention de l’homme, connaître l’élévation vers le domaine de la sainteté.
(5) Qui, elles, ne peuvent pas connaître l’élévation.
(6) L’Allemagne.
(7) La Torah et la géométrie.
25 Sivan 5712,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 13 Sivan, dans laquelle vous me décrivez brièvement votre vie et votre situation actuelle. Vous vous trouvez à Milan et, dans cette ville, vous avez rencontré le grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, Rav Morde’haï Perlov et le Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, Rav Yaakov Gansburg(1).
Dans votre lettre, vous me parlez uniquement de vos parents et j’en déduis que vous êtes célibataire. Or, vous avez de quoi assurer non seulement votre propre subsistance, mais également celle d’une famille. Il serait donc judicieux de chercher à vous marier, avec toute l’ardeur qui convient. Nos Sages disent qu’un homme doit rechercher son épouse, comme si elle était ce qu’il a perdu(2). En pareil cas(3), on ne reste pas les bras croisés, attendant que ce qui a été perdu revienne de sa propre initiative. On s’efforce activement de le retrouver.
J’ai été satisfait de lire dans votre lettre que vous avez étudié l’enseignement de ‘Habad, en compagnie des ‘Hassidim, lorsque vous vous trouviez en Terre Sainte. Et, encore à l’heure actuelle, vous fixez un temps pour cette étude. J’aimerais savoir comment vous organisez cette étude, pendant le Chabbat comme dans la semaine. En effet, cette étude est également nécessaire durant la semaine et, d’un certain point de vue, encore plus qu’au cours du Chabbat. Car, alors, le corps, l’âme animale et donc l’âme divine qui s’introduit en eux adoptent des occupations profanes, liées à la Klipat Noga(4), qui est intermédiaire entre le domaine de la sainteté et les trois forces du mal totalement impures(5).
Vous connaissez le dicton du Baal Chem Tov, qui nous a été transmis par mon beau-père, le Rabbi, selon lequel tout ce qu’un Juif voit ou entend lui délivre un enseignement, pour son service de D.ieu, qu’il s’agisse d’une action envers D.ieu ou bien des relations avec son prochain, lesquelles, de fait, sont aussi des actions envers D.ieu.
En effet, selon une explication bien connue de la ‘Hassidout, on doit mettre en pratique les Préceptes auquel la raison souscrit avec autant de soumission que ceux qui défient la logique et non pas par évidence intellectuelle. Il nous a été donné de constater, à notre époque, que le peuple(6) qui se distinguait par son intelligence et par son approche scientifique de la vie, a adopté un comportement odieux et condamnable. Bien plus, il a fait appel à l’intelligence et à la science pour justifier son attitude.
On peut donc expliquer logiquement l’affirmation du Baal Chem Tov. D.ieu est le Maître du monde. Aucun élément, aucun événement de ce monde n’est donc inutile. Dans la Michna, à la fin du traité Kiddouchin, nos Sages affirment qu’un homme a été créé uniquement pour servir son Créateur. Lorsqu’il voit ou entend quelque chose, cela doit avoir un sens, lui apporter ce dont il a besoin pour servir D.ieu, pour se rapprocher de sa finalité, qui est ce service, en appliquant les Injonctions ou en se gardant de transgresser les Interdits.
J’observe, dans votre lettre, que vous êtes géomètre. Néanmoins, vous n’indiquez pas clairement quelle est votre spécialité, le bâtiment, les mesures ou les surfaces. En tout état de cause, la géométrie est bien à la base de tout cela. Quel enseignement peut-on tirer de cette discipline ?
La géométrie est une science exacte, comme toutes les disciplines mathématiques, mais aussi une science appliquée, c’est-à-dire moins exacte. Toute proportion gardée, notre sainte Torah est également la Sagesse de D.ieu, la vérité et la précision les plus exactes. L’homme ne peut connaître sa valeur exacte et elle est cachée à tous les vivants. Elle est, cependant, appelée Torah, terme qui est de la même étymologie que Horaa, enseignement. De fait, elle délivre un enseignement pour l’existence quotidienne, dans ce monde matériel et grossier.
La différence essentielle et infinie entre ces deux domaines(7), notre sainte Torah, d’une part, de laquelle il est dit que "elle est votre sagesse et votre discernement aux yeux des nations", la sagesse et le discernement des nations, d’autre part, ou même l’intellect émanant de l’âme animale d’un Juif, est la suivante.
La compréhension humaine, y compris celle des différentes sciences que l’on définit comme exactes est basée sur des principes fondamentaux qui n’ont rien de scientifique. Une science, surtout si elle est exacte, se limite à des conclusions qui peuvent être prouvées. Or, les règles sur lesquelles sont construites les sciences, y compris les mathématiques et la géométrie, ne peuvent pas être prouvées. On a donc le choix de les accepter ou de les refuser.
Cela est particulièrement vrai pour la géométrie. Vous savez qu’il en existe trois conceptions essentielles, chacune étant basée sur un certain nombre d’axiomes et les axiomes de l’une contredisant ceux des autres. En d’autres termes, la science est incapable d’émettre une conclusion claire. Elle n’émet que des vérités conditionnelles, supposant que l’on accepte ses hypothèses de départ et son mode de raisonnement, afin de parvenir aux conclusions correspondantes.
Il en résulte deux points :
1. L’homme a le choix d’accepter ou de refuser les axiomes.
2. Même s’il les accepte, il ne peut être contraint à adopter les conclusions. En effet, celles-ci affirment uniquement que "si tes actions sont dirigées dans tel sens, cela aura telle conséquence". Si l’homme accepte de subir le tort qui pourrait en résulter, rien ne l’empêche de poursuivre dans cette direction.
En d’autres termes, la science n’est pas un guide de l’existence, mais bien un récit, une analyse prédictive basée sur l’expérience déjà accumulée, en fonction de principes auxquels on adhère de son plein gré et qui permettent d’anticiper ce qui se passera.
L’approche de notre sainte Torah est radicalement différente. Elle est, en effet, la Sagesse de D.ieu, Qui, seul possède l’existence véritable. Elle est donc absolue, rigoureusement exacte, par ses hypothèses de base comme par ses règles définissant la manière de raisonner à partir de ces hypothèses. Elle est la Sagesse et la Volonté du Créateur du monde et donc de l’homme. Ses conclusions s’imposent à l’homme, qui doit les adopter, les mettre en pratique, sans pouvoir faire autrement.
En tant que géomètre, vous devez garder cette idée gravée à l’esprit. Il est impossible de s’interroger sur la Torah à partir d’un argument scientifique. En effet, la Torah est la Vérité intangible, alors que la science affirme elle-même son caractère relatif, puisque l’homme doit accepter ses principes, qu’il peut également bâtir des théories contradictoires et, pour autant, toutes les conserver. De fait, il y a bien trois conceptions de la géométrie, celle d’Euclide, celle de Lubatcheski et celle de Riman et Alia.
J’espère que ce qui vient d’être dit est bien clair. Bien évidemment, si vous avez des remarques à formuler, je les examinerai avec joie. Comme vous le savez, nos Sages étaient satisfaits, lorsqu’ils étaient interrogés sur leurs affirmations. En effet, cela fait la preuve que l’on s’intéresse à leur propos et surtout que l’on peut ainsi les analyser et les approfondir.
Sans doute respectez-vous scrupuleusement les trois études qui concernent chacun et ont été instaurées par mon beau-père, le Rabbi, celles des Tehilim, selon leur répartition mensuelle, chaque jour, après la prière du matin, d’un passage du ‘Houmach, de la Sidra de la semaine, avec le commentaire de Rachi, quotidienne également et celle du Tanya, selon sa répartition annuelle.
J’aimerais savoir combien de temps vous consacrez à l’étude de la partie révélée de la Torah et de la ‘Hassidout. Je voudrais aussi connaître les bonnes actions que vous menez pour influencer positivement votre entourage, en général, les membres de votre famille et vos proches, en particulier, afin de rapprocher leur cœur de notre Père, Qui se trouve dans les cieux et de leur apporter le bonheur éternel, matériel et spirituel.
Avec ma bénédiction pour que vous vous installiez positivement, de la manière qui vous convient, matériellement et spirituellement à la fois,
Notes
(1) Voir, à ce propos, les lettres n°1704 et 1803.
(2) Puisqu’elle est "la côte" de son mari.
(3) Quand on a perdu quelque chose.
(4) La force du mal qui peut, grâce à l’intervention de l’homme, connaître l’élévation vers le domaine de la sainteté.
(5) Qui, elles, ne peuvent pas connaître l’élévation.
(6) L’Allemagne.
(7) La Torah et la géométrie.