Lettre n° 1675
Par la grâce de D.ieu,
2 Tamouz 5712,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
A) J’ai bien reçu votre lettre du 10 Sivan, dans laquelle vous me faites part du temps que vous avez fixé pour l’étude de la ‘Hassidout. Néanmoins, vous n’êtes pas pleinement satisfait, car vous ne savez à qui poser des questions, lorsque vous êtes confronté à une difficulté et, avant tout, il vous manque un compagnon d’étude.
Je suis surpris de tout cela, car vous connaissez sûrement plusieurs jeunes ‘Hassidim et élèves de nos Yechivot. Il est sans doute possible de fixer un temps d’étude avec l’un d’eux, en plus de ce que vous apprenez par vous-même.
De plus, il est important que vous participiez aux réunions des ‘Hassidim, et non uniquement que vous y soyez présent, par exemple lors de la fête de la libération(1) du 12-13 Tamouz ou du 18 Elloul(2). Bien plus, vous ne considérerez pas que vous aurez ainsi reçu tout ce qui pouvait vous être donné. Vous maintiendrez, par la suite, le contact avec eux et vous continuerez à participer à ces réunions, jusqu'à ce qu’il devienne une évidence pour vous que vous pouvez encore recevoir un enseignement, que ce qui vous a été déjà transmis n’est qu’une petite partie d’un ensemble.
Vous connaissez l’affirmation de nos Sages, selon laquelle "si quelqu’un te dit qu’il a fait des efforts et que ceux-ci ont été couronnés de succès, crois-le".
B) Vous me dites avoir lu la lettre que j’ai écrite pour la fête de Pessa’h. Vous avez, en fait, vu la première, qui était rédigée pour les jeunes(3). Je suis surpris que vous n’ayez pas eu connaissance de celle de la veille de Chavouot 5711, adressée aux élèves des Yechivot(4). Sans doute pourrez-vous encore la trouver chez les ‘Hassidim.
Néanmoins, nos Sages affirment que l’action, et non l’étude est essentielle. Vous vous conformerez donc à mes propositions, énoncées dans ces lettres et le plus tôt sera le mieux, car chaque instant qui s’écoule sans être empli du contenu qui devrait être le sien est une perte irrécupérable. Il est inutile d’en dire plus, tant cela est évident.
C) Vous me demandez la signification de la phrase suivante, que vous relevez dans ma lettre de Pessa’h : "Même si l’on doit, de ce fait, changer sa nature et son habitude". Je ne sais pas quelle est votre difficulté, car il me semble que le sens en est bien clair.
Les élèves des Yechivot ont conscience de la grandeur de l’étude. Consacrer une partie de leur temps, pendant lequel ils pourraient parfaire leurs connaissances de la Torah, à rapprocher leur entourage de la Tradition juive en les invitant à adopter des pratiques simples, comme le respect du Chabbat, la connaissance de l’alphabet, la lecture, constitue donc bien, pour eux, un fait nouveau.
Nombreux sont les élèves des Yechivot qui refusent une telle attitude en prétextant de leur crainte de D.ieu. Nos Sages disent, en effet, que l’on ne doit pas interrompre son étude de la Torah pour mettre en pratique une Mitsva qui peut être accomplie par d’autres personnes. Et, les enfants qui se consacrent à cette étude ne peuvent pas même la suspendre pour participer à la construction du Temple(5). En conséquence, ces élèves ne souhaitent pas se séparer de la Torah, ce qu’à D.ieu ne plaise, même pour un seul instant et il appartient donc à D.ieu Lui-même d’assurer une bonne éducation aux Juifs et aux Juives que guettent, malheureusement, l’assimilation et le rejet de la foi.
En réalité, une telle attitude n’est nullement inspirée par la crainte de D.ieu, car tel est le besoin du moment et il n’y a pas suffisamment de personnes capables de l’assumer. Il y a bien là une intervention du mauvais penchant.
Nos Sages expliquent : "Voici la manière d’agir du mauvais penchant. Aujourd’hui, il dit : fais ainsi...(6). Or, on peut s’étonner de cette formulation. Pourquoi dire "fais ainsi" et non "fais ceci". En fait, lorsqu’il s’adresse à un homme intègre, craignant D.ieu, il affirme donner également son accord pour qu’il agisse "ainsi". Néanmoins, il introduit, de la sorte, une justification logique, lui permettant d’exercer son emprise sur son comportement. Ainsi, un peu plus tard, il lui sera plus aisé d’élargir cette emprise, puis, peu à peu, il sera en mesure de lui dire : "va servir les idoles".
Il faut donc être particulièrement prudent, face aux attaques du mauvais penchant, car ce discours est naturel, chez les élèves des Yechivot.
En effet, ceux qui s’appliquent à étudier la Torah depuis leur plus jeune âge, c’est-à-dire avant de pouvoir comprendre sa valeur, ont une nature(7) studieuse et sont peu attirés par le jeu et la frivolité.
Certes, ceux qui intègrent la Yechiva non pas de leur plein gré, mais sous la pression des professeurs et des parents vont à l’encontre de leur nature. Néanmoins, dès qu’ils s’habituent(8) à la vie et à l’organisation de la Yechiva, il leur est difficile de s’en écarter et le Sage dit que l’habitude est une seconde nature.
D) Vous vous interrogez également su une parole de nos Sages, mentionnée dans cette même lettre. Il s’agit du commentaire de Rachi sur les versets Béréchit 1, 11-12, décrivant la faute de la terre(9), qui provoqua sa malédiction. Vous consulterez, à ce propos, les Tossafot, aux traités Avoda Zara 17a et ‘Houlin 7a, de même que le Maharcha sur le traité ‘Houlin 60a, expliquant que "les végétaux firent un raisonnement a fortiori"(10), selon ce qu’avait dit l’astre à l’origine de leur existence. Vous verrez également quel est ce raisonnement a fortiori.
Avec ma bénédiction pour que vous étudiez la Torah avec crainte de D.ieu, que vous soyez attaché au luminaire(11) de la Torah, c’est-à-dire à la mesure de sel(12), qui en constitue l’enseignement profond,
Notes
(1) Du précédent Rabbi, des prisons soviétiques.
(2) Anniversaire de la naissance du Baal Chem Tov et de l’Admour Hazaken.
(3) Il s’agit de la lettre n°1507. Le destinataire de cette lettre est vraisemblablement lui-même un jeune homme ou bien un élève d’une Yechiva non Loubavitch.
(4) Celle-ci ne nous est pas parvenue. Voir, à ce propos, la lettre n°751.
(5) Qui est, pourtant, une Mitsva incombant à tous, hommes, femmes et enfants.
(6) Un acte en apparence insignifiant et "demain, il dit : va servir les idoles".
(7) Ceci est l’explication du terme "nature", figurant dans la lettre du Rabbi, écrite pour Pessa’h, sur laquelle portait cette interrogation.
(8) Ceci est l’explication du terme "habitude", figurant dans la lettre du Rabbi, écrite pour Pessa’h, sur laquelle portait cette interrogation.
(9) Qui refusa que l’arbre soit comestible, au même titre que le fruit qu’il produit.
(10) Traité ‘Houlin 60a : "Lorsque D.ieu dit, à propos des arbres, ‘selon leur espèce’, les plantes se dirent qu’il devait, a fortiori, en être de même pour elles, car si D.ieu souhaitait le mélange, pourquoi aurait-Il dit aux arbres ‘selon leur espèce’? De plus, si D.ieu dit aux arbres, qui n’ont pas l’habitude de se mélanger, ‘selon leur espèce’, a fortiori doit-il en être ainsi pour les plantes. Chacune poussa donc ‘selon son espèce’ et l’ange du monde dit alors : ‘Que l’honneur de D.ieu soit proclamé pour l’éternité. Que D.ieu se réjouisse de Ses créatures’."
(11) C'est-à-dire à la 'Hasidout
(12) Mélangé à de la terre que l’on place dans les céréales pour éviter qu’elles se gâtent.
2 Tamouz 5712,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
A) J’ai bien reçu votre lettre du 10 Sivan, dans laquelle vous me faites part du temps que vous avez fixé pour l’étude de la ‘Hassidout. Néanmoins, vous n’êtes pas pleinement satisfait, car vous ne savez à qui poser des questions, lorsque vous êtes confronté à une difficulté et, avant tout, il vous manque un compagnon d’étude.
Je suis surpris de tout cela, car vous connaissez sûrement plusieurs jeunes ‘Hassidim et élèves de nos Yechivot. Il est sans doute possible de fixer un temps d’étude avec l’un d’eux, en plus de ce que vous apprenez par vous-même.
De plus, il est important que vous participiez aux réunions des ‘Hassidim, et non uniquement que vous y soyez présent, par exemple lors de la fête de la libération(1) du 12-13 Tamouz ou du 18 Elloul(2). Bien plus, vous ne considérerez pas que vous aurez ainsi reçu tout ce qui pouvait vous être donné. Vous maintiendrez, par la suite, le contact avec eux et vous continuerez à participer à ces réunions, jusqu'à ce qu’il devienne une évidence pour vous que vous pouvez encore recevoir un enseignement, que ce qui vous a été déjà transmis n’est qu’une petite partie d’un ensemble.
Vous connaissez l’affirmation de nos Sages, selon laquelle "si quelqu’un te dit qu’il a fait des efforts et que ceux-ci ont été couronnés de succès, crois-le".
B) Vous me dites avoir lu la lettre que j’ai écrite pour la fête de Pessa’h. Vous avez, en fait, vu la première, qui était rédigée pour les jeunes(3). Je suis surpris que vous n’ayez pas eu connaissance de celle de la veille de Chavouot 5711, adressée aux élèves des Yechivot(4). Sans doute pourrez-vous encore la trouver chez les ‘Hassidim.
Néanmoins, nos Sages affirment que l’action, et non l’étude est essentielle. Vous vous conformerez donc à mes propositions, énoncées dans ces lettres et le plus tôt sera le mieux, car chaque instant qui s’écoule sans être empli du contenu qui devrait être le sien est une perte irrécupérable. Il est inutile d’en dire plus, tant cela est évident.
C) Vous me demandez la signification de la phrase suivante, que vous relevez dans ma lettre de Pessa’h : "Même si l’on doit, de ce fait, changer sa nature et son habitude". Je ne sais pas quelle est votre difficulté, car il me semble que le sens en est bien clair.
Les élèves des Yechivot ont conscience de la grandeur de l’étude. Consacrer une partie de leur temps, pendant lequel ils pourraient parfaire leurs connaissances de la Torah, à rapprocher leur entourage de la Tradition juive en les invitant à adopter des pratiques simples, comme le respect du Chabbat, la connaissance de l’alphabet, la lecture, constitue donc bien, pour eux, un fait nouveau.
Nombreux sont les élèves des Yechivot qui refusent une telle attitude en prétextant de leur crainte de D.ieu. Nos Sages disent, en effet, que l’on ne doit pas interrompre son étude de la Torah pour mettre en pratique une Mitsva qui peut être accomplie par d’autres personnes. Et, les enfants qui se consacrent à cette étude ne peuvent pas même la suspendre pour participer à la construction du Temple(5). En conséquence, ces élèves ne souhaitent pas se séparer de la Torah, ce qu’à D.ieu ne plaise, même pour un seul instant et il appartient donc à D.ieu Lui-même d’assurer une bonne éducation aux Juifs et aux Juives que guettent, malheureusement, l’assimilation et le rejet de la foi.
En réalité, une telle attitude n’est nullement inspirée par la crainte de D.ieu, car tel est le besoin du moment et il n’y a pas suffisamment de personnes capables de l’assumer. Il y a bien là une intervention du mauvais penchant.
Nos Sages expliquent : "Voici la manière d’agir du mauvais penchant. Aujourd’hui, il dit : fais ainsi...(6). Or, on peut s’étonner de cette formulation. Pourquoi dire "fais ainsi" et non "fais ceci". En fait, lorsqu’il s’adresse à un homme intègre, craignant D.ieu, il affirme donner également son accord pour qu’il agisse "ainsi". Néanmoins, il introduit, de la sorte, une justification logique, lui permettant d’exercer son emprise sur son comportement. Ainsi, un peu plus tard, il lui sera plus aisé d’élargir cette emprise, puis, peu à peu, il sera en mesure de lui dire : "va servir les idoles".
Il faut donc être particulièrement prudent, face aux attaques du mauvais penchant, car ce discours est naturel, chez les élèves des Yechivot.
En effet, ceux qui s’appliquent à étudier la Torah depuis leur plus jeune âge, c’est-à-dire avant de pouvoir comprendre sa valeur, ont une nature(7) studieuse et sont peu attirés par le jeu et la frivolité.
Certes, ceux qui intègrent la Yechiva non pas de leur plein gré, mais sous la pression des professeurs et des parents vont à l’encontre de leur nature. Néanmoins, dès qu’ils s’habituent(8) à la vie et à l’organisation de la Yechiva, il leur est difficile de s’en écarter et le Sage dit que l’habitude est une seconde nature.
D) Vous vous interrogez également su une parole de nos Sages, mentionnée dans cette même lettre. Il s’agit du commentaire de Rachi sur les versets Béréchit 1, 11-12, décrivant la faute de la terre(9), qui provoqua sa malédiction. Vous consulterez, à ce propos, les Tossafot, aux traités Avoda Zara 17a et ‘Houlin 7a, de même que le Maharcha sur le traité ‘Houlin 60a, expliquant que "les végétaux firent un raisonnement a fortiori"(10), selon ce qu’avait dit l’astre à l’origine de leur existence. Vous verrez également quel est ce raisonnement a fortiori.
Avec ma bénédiction pour que vous étudiez la Torah avec crainte de D.ieu, que vous soyez attaché au luminaire(11) de la Torah, c’est-à-dire à la mesure de sel(12), qui en constitue l’enseignement profond,
Notes
(1) Du précédent Rabbi, des prisons soviétiques.
(2) Anniversaire de la naissance du Baal Chem Tov et de l’Admour Hazaken.
(3) Il s’agit de la lettre n°1507. Le destinataire de cette lettre est vraisemblablement lui-même un jeune homme ou bien un élève d’une Yechiva non Loubavitch.
(4) Celle-ci ne nous est pas parvenue. Voir, à ce propos, la lettre n°751.
(5) Qui est, pourtant, une Mitsva incombant à tous, hommes, femmes et enfants.
(6) Un acte en apparence insignifiant et "demain, il dit : va servir les idoles".
(7) Ceci est l’explication du terme "nature", figurant dans la lettre du Rabbi, écrite pour Pessa’h, sur laquelle portait cette interrogation.
(8) Ceci est l’explication du terme "habitude", figurant dans la lettre du Rabbi, écrite pour Pessa’h, sur laquelle portait cette interrogation.
(9) Qui refusa que l’arbre soit comestible, au même titre que le fruit qu’il produit.
(10) Traité ‘Houlin 60a : "Lorsque D.ieu dit, à propos des arbres, ‘selon leur espèce’, les plantes se dirent qu’il devait, a fortiori, en être de même pour elles, car si D.ieu souhaitait le mélange, pourquoi aurait-Il dit aux arbres ‘selon leur espèce’? De plus, si D.ieu dit aux arbres, qui n’ont pas l’habitude de se mélanger, ‘selon leur espèce’, a fortiori doit-il en être ainsi pour les plantes. Chacune poussa donc ‘selon son espèce’ et l’ange du monde dit alors : ‘Que l’honneur de D.ieu soit proclamé pour l’éternité. Que D.ieu se réjouisse de Ses créatures’."
(11) C'est-à-dire à la 'Hasidout
(12) Mélangé à de la terre que l’on place dans les céréales pour éviter qu’elles se gâtent.