Lettre n° 1757

Par la grâce de D.ieu,
6 Mena’hem Av 5712,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 10 Tamouz, qui m’est parvenue avec retard. Vous me parlez de votre état spirituel, en général et surtout de son évolution récente. Vous concluez en me disant que vous connaissez actuellement, vous semble-t-il, une chute morale.

Vous devez savoir que de tels fruits de votre imagination, surtout s’ils vous rendent tristes, comme vous le précisez dans votre lettre, émanent du mauvais penchant et des forces du mal. Le Tanya condamne la tristesse et souligne la nécessité de l’écarter.

D.ieu vous a donné le mérite de vous trouver dans un rayon de lumière, de posséder "la bougie (qui) est une Mitsva et la Torah (qui) est une lumière", le luminaire de la Torah qui en est la dimension profonde. Vous devriez donc être particulièrement joyeux de ce bonheur.

Certes, vous ressentez des manques, dans différents domaines. Néanmoins,
1. il peut n’y avoir là qu’une illusion, comme je l’ai dit,
2. même si c’est effectivement le cas, votre situation évoque la suivante. Un homme n’est pas en bonne santé et ne le sait pas. Il peut donc consommer ce qui l’indispose et ne pas appliquer le traitement qui pourrait le guérir, étant convaincu de ne pas être malade. Puis la Cause de toutes les causes et la Source de toutes les sources lui fait prendre conscience de son état. Dès lors, on peut espérer qu’il accepte le principe de ce traitement et s’éloigne de ce qui le dérange. Il est bien clair qu’en pareil cas, il n’y a pas lieu d’être triste. Bien au contraire, c’est de cette façon qu’au final, il recouvrera la santé.

Il est certain que votre cas appartient à la fois à la première et à la seconde situations, comme c’est le plus généralement le cas. Le problème auquel vous êtes confronté est partiellement vrai et, pour une part, exagéré par les forces du mal. Il est encore plus vraisemblable que celles-ci vous signalent sa présence là où il n’est pas réellement, ce qui aura un double effet. Vous ferez porter votre effort là où celui-ci n’est pas utile et il pourra donc être dommageable. De plus, la réparation indispensable ne se fera pas, comme l’expliquent différents textes de la ‘Hassidout et également de l’Ethique.

De façon générale, vous connaissez l’Injonction : "Servez D.ieu dans la joie". Car, c’est en se réjouissant que l’on peut servir D.ieu plus intensément, avec plus d’empressement et de succès, même lorsque l’on a conscience de son propre état. En tout état de cause, la situation de votre âme animale ne doit pas troubler la joie de votre âme divine, comme l’explique le Tanya.

A l’occasion du jour de votre anniversaire, que vous évoquez dans votre lettre, je souhaite que D.ieu vous accorde de Le craindre. Soyez un érudit et un ‘Hassid, comme il convient. Le grand mérite que constitue votre activité pédagogique, vous permettant de rapprocher les cœurs des Juifs de leur Père Qui se trouve dans les cieux fera qu’Il vous récompensera avec un intérêt dépassant le capital et satisfera tous vos besoins, matériels et spirituels.

Avec ma bénédiction pour que vous étudiez la Torah avec crainte de D.ieu et pour la satisfaction de tous vos besoins,