Lettre n° 1770

Par la grâce de D.ieu,
12 Mena’hem Av 5712,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Ben Tsion(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai eu connaissance avec plaisir de l’hospitalité dont vous avez fait preuve envers les jeunes gens, Rav Israël Gordon et Rav Moché Levertov(2). Vous leur êtes venu en aide dans leur mission, comme ils me l’écrivent.

De façon générale, tous les Juifs ont foi en ce que dit le verset : "D.ieu prépare les pas de l’homme". Si l’on se dit que D.ieu est l’Essence du bien et qu’Il désire prodiguer Ses bienfaits, on comprend, lorsqu’Il conduit un Juif dans une ville isolée, dans un environnement étranger, auquel il n’est pas habitué, que celui-ci doit y fournir un effort accru, spirituellement, matériellement ou bien dans ces deux domaines à la fois.

En pareil cas, un Juif doit avoir la conviction absolue que D.ieu ne l’a pas envoyé là pour l’importuner. Bien au contraire, il lui faut assumer une mission, en cet endroit. Mais, le corps et l’âme animale doivent également en accepter les termes. La mission reçoit donc également une formulation matérielle, par exemple la nécessité de gagner sa vie.

Bien souvent, il n’est pas facile de découvrir ce qui fait l’objet de cette mission. Mais, l’on y parvient, en général, pour peu que l’on y accorde la réflexion nécessaire, à condition que le mauvais penchant n’ait pas son mot à dire. Combien plus en est-il ainsi, pour ce qui vous concerne.

J’ai cru comprendre qu’il y avait, dans votre ville, très peu de Juifs orthodoxes, craignant D.ieu, en général et de ‘Hassidim, en particulier. Les termes de la mission qui vous est confiée sont donc très clairs. Vous devez faire revivre, dans votre ville et dans votre entourage, les valeurs juives, en général et l’esprit de la ‘Hassidout, en particulier. Or, les aspects essentiels de la ‘Hassidout sont l’amour de D.ieu, l’amour de la Torah et l’amour du prochain.

Vous ne devez pas vous dire qu’une telle mission aurait pu, plus avantageusement, être confiée à quelqu’un de riche, ayant de l’aplomb et dont les propos sont écoutés, mais non à quelqu’un qui a des difficultés à gagner sa vie. Un tel argument aurait pu être formulé uniquement si vous deviez agir par vos forces propres. En l’occurrence, cette mission vous est confiée par le Saint béni soit-Il, Qui est Tout Puissant. Dès lors, de nombreux obstacles, d’immenses difficultés disparaissent. La logique humaine permet d’établir qu’il en est bien ainsi.

Lorsque des Juifs s’aperçoivent que l’on s’adresse à eux sans intérêt personnel, sans manœuvre politique, ils écoutent ce qu’on leur dit avec attention. Un principe établit que les propos émanant du cœur pénètrent dans le cœur. Lorsque l’on assume une mission pour le compte d’une autre personne, on reçoit un salaire, une rétribution de sa part. Combien plus est-ce le cas lorsque l’on est délégué par D.ieu Lui-même. Lorsqu’Il s’aperçoit que l’on accepte Sa mission de plein gré et joyeusement. Il accorde une aide considérable, afin que l’on puisse la mener à bien.

Un autre point doit être précisé également. Vous êtes parvenu en cet endroit essentiellement pour vous acquitter de cette mission. Si vous l’assumez pleinement, D.ieu trouvera le moyen, de façon positive, de vous conduire dans un environnement qui vous convient, où vous gagnerez largement votre vie.

D.ieu vous viendra en aide, afin de mener à bien la mission qui vous est confiée, facilement et au plus vite. Ainsi, vous obtiendrez, le plus rapidement possible, la satisfaction de tous vos besoins.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav B. T. Brook.
(2) Elèves de la Yechiva Loubavitch, à New York, délégués par le Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, pour visiter les communautés, pendant les mois d’été.