Lettre n° 1897

Par la grâce de D.ieu,
11 Mar’hechvan 5713,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Dans votre lettre, vous me décrivez l’organisation de votre journée, votre étude de la Torah et votre prière. Je constate avec effroi que vous multipliez les jeûnes. Or, comme vous l’écrivez vous-même, vous rencontrez, de temps à autre, des ‘Hassidim ‘Habad. Malgré cela, vous ne savez pas encore, semble-t-il, que telle n’est pas la voie du Baal Chem Tov, de ses disciples, des disciples de ses disciples et de tous ceux qui le suivent.

Certes, on peut, de cette façon, s’élever sur le chemin qui conduit vers le Sanctuaire de D.ieu. Néanmoins, un tel itinéraire est plus long, ne réalise pas une transformation parfaite et ne participe donc pas pleinement du service de D.ieu, comme c’est le cas lorsque l’on agit joyeusement.

Le verset dit: “ Servez D.ieu dans la joie ” et vous savez ce que le Baal Chem Tov explique, commentant le verset “ Lorsque tu verras l’âne de ton ennemi ployer sous son fardeau et voudras l’abandonner, tu lui viendras en aide ”. Cette explication est mentionnée dans le Hayom Yom, à la date du 28 Chevat:

“ Lorsque tu observeras, de la façon qui convient, la matière, c’est-à-dire ton corps, tu t’apercevras qu’il voue de la haine à l’âme, assoiffée de Divinité et de spiritualité. Tu verras également que le corps ploie sous le fardeau que D.ieu lui a confié, celui d’être raffiné par la Torah et les Mitsvot qu’il ne met en pratique qu’à contre cœur. Peut-être te viendra-t-il alors à l’esprit de l’abandonner, de l’empêcher de mener à bien cette mission et de lui imposer des mortifications, afin de briser sa grossièreté. Or, ce n’est pas de cette façon que tu révéleras la lumière de la Torah. Bien au contraire, tu lui viendras en aide, tu élèveras ce corps et l’affinera, sans le briser par ces mortifications ”.

Combien plus en est-il ainsi à l’époque actuelle, lorsque les constitutions physiques sont faibles. Plusieurs Sages, en particulier le Rambam, disent qu’un corps faible amenuise également les facultés intellectuelles. Dès lors, l’étude de la Torah et la ferveur de la prière sont compromises.

Je vous conseille donc de consulter le Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre aux besoins communautaires, Rav Nissan Nemanov, directeur de la Yechiva Loubavitch de Brunoy. Peut-être est-il nécessaire d’annuler un vœu que vous auriez pu faire, en la matière.

Au lieu de jeûner et de réduire, de ce fait, votre graisse et votre sang, vous mangerez en temps et en heure, afin d’assurer la santé de votre corps, ce qui est l’une des voies du service de D.ieu, selon le Rambam. Vous consacrerez votre effort physique à l’étude de la Torah et à la pratique de la Mitsva.

Il est également nécessaire que vous ayez une affaire ou un travail, vous permettant de subvenir à vos besoins, comme le dit le Rambam, dans ses lois de l’étude de la Torah, chapitre 3, paragraphes 10 et 11:

“ Tu aimeras le travail, car toute étude de la Torah qui n’est pas accompagnée par une activité professionnelle finit par disparaître. Celui qui subvient à ses propres besoins par l’action de ses mains acquiert un mérite considérable. Les premiers ‘Hassidim adoptaient effectivement une telle manière de pratiquer. On méritera ainsi, l’honneur et le bien, dans ce monde et dans le monde futur. ”

Je conclus ma lettre en vous souhaitant un aménagement positif, en tout ce qui vient d’être dit. J’attends une bonne nouvelle de votre part.

Avec ma bénédiction,