Lettre n° 1927

Par la grâce de D.ieu,
8 Kislev 5713,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et
se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Perets(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre du 29 ‘Hechvan, de même que la précédente. J’y ai pris connaissance des différents cours que vous avez instaurés et des réunions ‘hassidiques qui ont lieu, en un moment propice. Il est bien évident et sûrement inutile de préciser qu’il n’y a pas de concurrence déloyale, en la matière, qu’il ne faut donc pas se préoccuper du découragement d’autres personnes(2). Il y a suffisamment de travail pour chacun d’entre nous, sans que nul ne remette en cause la subsistance morale de l’autre.

Vous faites une parenthèse sur l’eau de vie, ce qui fait vraisemblablement suite à ce que j’ai dit au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre aux besoins communautaires, le Rav B. T. Chem Tov(3), émissaire des sages. Il semble que celui-ci ne vous ai pas transmis les explications que j’ai données à ce sujet. Ce sont les suivantes.

A mon sens, la situation actuelle est différente de ce qu’elle était auparavant, lorsque le fait de boire beaucoup d’alcool était courant. En effet,
1. Tous les discours ‘hassidiques qu’il est facile de comprendre et toutes les causeries fournissant des explications logiques apportent aux ‘Hassidim la force d’influencer ceux qui les écoutent sans devoir boire beaucoup d'alcool. Une petite quantité est désormais suffisante.
2. Ces derniers temps, il nous est tout particulièrement demandé de diffuser les sources de la ‘Hassidout à l’extérieur. De ce point de vue, le fait de boire beaucoup d’alcool peut constituer un obstacle sérieux, qui n’existait pas lorsque cette diffusion se limitait aux quatre coudées des ‘Hassidim.

J’ai trouvé une preuve de mon premier argument dans les propos de mon beau-père, le Rabbi, tenus à Riga : “ Je suis maintenant en permanence comme si j’avais pris un peu d’alcool ”(4). Il ne faisait pas référence au moment précis où il prononça ces mots, mais à cette époque là, en général, depuis qu’il buvait beaucoup moins d’alcool. En apparence, il avait adopté cette attitude sur prescription médicale. Néanmoins, il ne s’agit là que d’une apparence, pouvant satisfaire uniquement ceux qui ont une attitude superficielle, mais non les ‘Hassidim, conscients de la profondeur que la ‘Hassidout exige.

Il faut tirer de cela un enseignement de portée générale. En effet, tout comme le corps suit la tête, les ‘Hassidim suivent notre chef, mon beau-père, le Rabbi. Or, celui-ci a dit qu’il se trouvait lui-même comme dans un état où il avait pris un peu d’alcool. De la sorte, il délivra cet enseignement aux ‘Hassidim et leur permit d’accéder également à ce même état.

En parlant avec le Rav B. T.(3), j’ai bien précisé que ces considérations relatives à l’alcool n’étaient pas une interdiction formelle ou un ordre, ce qu’à D.ieu ne plaise, qu’aucun obstacle n’était introduit de ma part. C’est uniquement une remarque que je formule sur la différence entre une réunion ‘hassidique au cours de laquelle on boit un peu d’alcool et celle où l’on en absorbe tant que l’on quitte toute mesure.

Avec ma bénédiction de réussite dans vos préoccupations communautaires, qui seront un canal et un réceptacle, véhiculant et permettant d’intégrer la bénédiction dans vos préoccupations particulières,

N. B. : Vous me demandez de vous envoyer un certificat quelconque qui pourrait servir de justificatif à votre demande d’immigration ici. J’ai transmis votre requête au Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h, qui vous adressera sûrement ce document, ces jours-ci.

Je vous joins le fascicule qui vient de paraître. Sans doute le mettrez-vous à la disposition du plus grand nombre.

Notes

(1) Le Rav P. Motchkin. Voir, à son propos, les lettres n°717 et 2022.
(2) Qui donnent également de tels cours et se désolent de constater leur désertion.
(3) Le Rav Ben Tsion Chem Tov, de Londres. Voir, à son propos, la lettre n°2002.
(4) Voir les Rechimot, les carnets du Rabbi de Loubavitch, tome n°112, dans le neuvième tome de la traduction française.