Lettre n° 2067

Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5713,
Brooklyn, New York,

Aux fils et filles d’Israël,
partout où ils se trouvent,
que D.ieu leur accorde longue vie,

Je vous salue largement et vous bénis,

Les jours de Pessa’h, commémorant notre sortie d’Egypte, temps de notre libération, approchent.

Le souvenir, l’imagination, permettant la représentation d’un événement, agissent sur l’âme de l’homme qui se rappelle et le mettent dans un état d’esprit plus ou moins(1) comparable à celui dans lequel il se trouvait personnellement, ou bien un homme identique à lui, lorsque cet événement se produisit pour la première fois.

Plus les forces de l’âme sont puissantes et maîtrisent le corps, soumis aux dimension du temps et de l’espace, plus l’on peut se rapprocher, par l’esprit, de la situation qui prévalait lorsque l’événement se produisit.

Il est dit que “ l’esprit attire l’esprit et révèle l’esprit ”(2) et que “ l’effort réalisé ici-bas suscite la révélation d’en haut ”. Commentant le verset “ Ces jours sont commémorés et effectués ”, nos Sages soulignent(3) qu’en les commémorant ici-bas, on peut les effectuer là-haut. Ils peuvent alors exercer leur effet dans ce monde et mettre en évidence tout ce qui concerne cette période.

C’est une des raisons pour lesquelles il nous a été ordonné de nous souvenir, en chaque génération, de la sortie d’Egypte. Chaque jour et également chaque nuit, on doit considérer que l’on est personnellement sorti d’Egypte, le jour même, que l’on vient de recouvrer la liberté.

De fait, la sortie d’Egypte doit être quotidienne. L’âme divine doit se libérer de son emprisonnement au sein du corps(4), afin de connaître une liberté véritable.

Qu’est-ce que la liberté véritable ?

C’est celle qui se marque de toutes les manières possibles, fait disparaître la servitude, les souffrances(5), servitude et souffrances physiques, servitude et souffrances morales.

La sortie spirituelle de l’Egypte est un processus moral(6) que l’homme doit vivre au quotidien. Il lui faut se libérer des limites et des obstacles imposés par son corps et son âme animale, de la servitude infligée par le mauvais penchant.

Lorsqu’un homme se libère de son mauvais penchant, grâce à l’aide du Saint béni soit-Il, Qui fait le choix de Son peuple Israël, lorsqu’Il lui fait quitter l’impureté de l’Egypte, grâce à l’étude de la Torah(7), il se défait de la servitude et des souffrances morales, de la guerre acharnée que se livrent ses deux penchants au sein de son âme, de la servitude et des souffrances physiques.

Il est dit que “ Si vous gardez Mes Décrets… Je donnerai vos pluies… Je donnerai la paix dans le pays… Je suis l’Eternel Qui vous ai libérés du pays de l’Egypte ”.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse, pour une liberté véritable, très bientôt et de nos jours, grâce à notre délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h,

Notes

(1) Le Rabbi note, en bas de page : “ La force et la profondeur qui sont nécessaires pour recréer l’état d’esprit de ce que l’on commémore constituent précisément l’obligation du souvenir, qu’il s’agisse du cœur et de la pensée, ou même de la parole et de l’action. D’après plusieurs avis, l’obligation de se souvenir de la sortie d’Egypte, tout au long de l’année, s’entend uniquement par la pensée. Le soir de Pessa’h, en revanche, le recours à la parole est indispensable. Vous consulterez, à ce sujet, le Chaagat Aryé, à la fin du chapitre 13, le Min’hat ‘Hinou’h, au chapitre 21, le Sdeï ‘Hémed, principes, chapitre 7, paragraphe 13. Ce point ne sera pas développé ici. ”
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar, tome 2, page 162b, Torah Or, page 38d, Or Hatorah ‘Hanoukka, page 286a. ”
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Rabbi Moché Zakouta dans le Tikoun Chovavim, cité par le Lev David, au chapitre 29. La période est intrinsèquement propice à cela, comme l’explique précisément le Lev David. On connaît aussi la preuve de la Michna, à la fin du troisième chapitre du traité Guittin : ‘On vérifie le vin… et l’apparition des bourgeons’. ”
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Rambam, lois du ‘Hamets et de la Matsa, chapitre 7, paragraphe 6, Tanya, chapitre 47. ”
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar, tome 2, page 114a, traité Erouvin 54a, Midrach Chemot Rabba, chapitre 47, paragraphe 7. ”
(6) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le discours intitulé ‘dans chaque génération’ de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, dans le Séfer Hamaamarim Yiddish. ”
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Traité Soukka 52b, Tanya chapitre 46, traité Kiddouchin 30b. ”