Lettre n° 2076
Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5713,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 16 Adar, dans laquelle vous vous interrogez sur le texte de l’invitation(1) qui vous a été adressée par le Rav, distingué ‘Hassid craignant D.ieu et se consacrant aux besoins communautaires, Rav Ben Tsion Chem Tov, émissaire des Sages(2). En effet, celui-ci émet le souhait que son fils ait la crainte de D.ieu, soit un ‘Hassid et un érudit, conformément à mon désir et ma volonté.
Vous vous demandez donc pourquoi le souhait d’un cœur juif doit-il être lié au désir et à la volonté d’un homme de chair et d’os.
A) Vous savez que la prière est appelée le service de D.ieu du cœur. Nos Sages précisent, au traité Taanit 2a, qu’elle doit être orale. Mais, elle peut être exaucée uniquement si elle est identique, dans la bouche et dans le cœur. De plus, la formulation de la prière souligne qu’elle doit être la plus précise possible. Elle ne peut se limiter uniquement à des généralités.
C’est pour cela que l’on dit les douze bénédictions intermédiaires(3) et non pas une seule bénédiction, qui aurait une portée plus globale. Plus encore, chacune de ces bénédictions présentent différents aspects. En conséquence, si un homme, pour une quelconque raison, n’est pas convaincu de pouvoir détailler sa prière comme il faudrait le faire, mais sait avoir un ami, lui souhaitant sincèrement tout le bien, qui est capable de détailler et d’approfondir sa propre demande, il demandera tout naturellement à D.ieu que sa prière soit exaucée conformément au désir et à la volonté de cet ami.
Du reste, la Hala’ha retient ce principe, dans différents domaines, en particulier pour le Héter Iska(4), qui est rédigé “ de la manière dont les Sages l’ont instauré ”. Or, cette formule est également employée par un ignorant et, d’après la Hala’ha, elle est valable, dès lors que cet homme s’en remet à l’avis des Sages.
B) De plus, qui connaît la tendance du cœur de l’homme et les stratagèmes de son mauvais penchant, particulièrement habile et s’adressant à chacun selon ce qu’il est, comme le soulignent nos Sages, au traité Chabbat 105b ?
Le mauvais penchant recherche différents moyens pour décourager l’homme, en particulier en un moment propice, lorsqu’il craint que sa prière soit exaucée. Il y a alors tout lieu de penser qu’il le dérangera avec encore plus d’insistance, introduira l’intérêt personnel dans sa requête et sa prière.
Une demande peut être éloignée des préoccupations matérielles. C’est le cas, par exemple, de la requête de craindre D.ieu, plus encore celle d’être un ‘Hassid, dépassant la ligne de la Loi et ce qu’impose la crainte de D.ieu, bien plus, celle d’être un érudit, c’est-à-dire celui qui fait usage de la force de la Torah pour craindre D.ieu, pour être un ‘Hassid. En effet, selon la Torah, qui est une Torah de vérité, l’Attribut de Bonté, ‘Hessed(5), conseilla que le monde ne soit pas créé. Il est bien clair que le mauvais penchant cherchera, par tous les moyens, à troubler une telle prière.
S’il est impossible qu’il en soit ainsi par la parole, ce peut être le cas, au moins, dans le cœur. Ainsi, le Rambam, à la fin des lois de la substitution, affirme que la Torah prend en compte la personnalité de l’homme et, d’un certain point de vue, également son mauvais penchant. Ainsi, celui qui formule un vœu ou consacre un objet au Temple, peut le regretter et changer d’avis.
Il n’y a donc qu’une seule solution, celle de prier selon l’idée d’une autre personne, qui est objective et cherche le bien de son prochain. Dès lors, il n’y a plus de distorsion entre l’intention et la parole. Là encore, plusieurs exemples, issus de la partie révélée de la Torah, peuvent être cités. L’un d’entre eux est l’affirmation suivante de nos Sages, au traité Nedarim 25a : “ Sachez que je ne vous fais pas jurer selon votre propre conception, mais selon la mienne et celle de D.ieu ”.
C) Vous dites aussi que l’on doit prier, à l’évidence, pour se conformer à la Volonté de D.ieu, qu’il est donc inutile de préciser de quelle manière cela doit se passer. Vous m’excuserez de vous dire que cette conception n’est pas exacte.
Comme je le disais, la formulation de la prière instaurée par les membres de la grande Assemblée établit que l’on doit détailler ses requêtes et ses demandes, dans toute la mesure du possible. De fait, ce détail aurait été encore plus important si cela n’empêchait pas que la prière soit dite par tous de manière identique. Pour autant, la prière est effectivement détaillée, comme je l’ai dit. Vous consulterez, à ce sujet, les lois de la prière du Rambam, chapitre 1, paragraphe 6.
Pour dire vrai, j’ai hésité à répondre à vos questions, car, pour notre malheur, il existe, à chaque époque et surtout dans la nôtre, de nombreuses personnes qui s’en tiennent au stade de l’interrogation, surtout quand elles sont confrontées à ce qui est réellement inhabituel. Puis, lorsque ces personnes se placent en retrait par rapport à l’action, elles justifient aisément leur attitude par les questions qu’elles se posent.
En pareil cas, la réponse que l’on peut leur apporter n’est d’aucune utilité, car elles pourront toujours imaginer de nouvelles questions. Néanmoins, je ne vous connais pas et je présume donc que votre intention est bonne, que vous cherchez réellement l’explication de ce que ne vous n’avez pas encore rencontré dans les correspondances des hommes, même si différents textes en fournissent l’exemple, comme nous l’avons vu.
Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
N. B. : Bien évidemment, si vous vous posez des questions sur ce qui vient d’être dit, j’aimerais en avoir connaissance et je m’efforcerai d’y répondre, selon mes possibilités.
Note : Je vous ai intentionnellement cité deux exemples. En effet, le serment(6) fait allusion au service de D.ieu assumé par l’homme, qui commence avec la Bar Mitsva. Dès lors, on applique les termes du serment prononcé près du mont Sinaï.
Le but de ce serment est de réaliser un intérêt, grâce au Héter Iska(7), comme l’explique le discours ‘hassidique intitulé ‘Elle est appréciée pour ses accomplissements positifs’, de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, prononcé en 5709(8).
Je vous joins une copie de la lettre, adressée à tous(9) à l’occasion de la fête de Pessa’h, qui approche. Celle-ci vous intéressera sûrement.
Notes
(1) Vraisemblablement pour une Bar Mitsva.
(2) De Londres. Voir, à son sujet, les lettres n°1927, 2002 et 2043.
(3) Du Chemoné Essré, dans lesquelles l’homme formule ses besoins à D.ieu.
(4) Permission de prêter à intérêt lorsque celui-ci est versé sous forme de participation aux bénéfices.
(5) De la même étymologie que ‘Hassid.
(6) Qui est prononcé “ selon ma propre conception et celle de D.ieu ”.
(7) C’est le second exemple.
(8) 1949.
(9) Il s’agit de la lettre n°2067.
11 Nissan 5713,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 16 Adar, dans laquelle vous vous interrogez sur le texte de l’invitation(1) qui vous a été adressée par le Rav, distingué ‘Hassid craignant D.ieu et se consacrant aux besoins communautaires, Rav Ben Tsion Chem Tov, émissaire des Sages(2). En effet, celui-ci émet le souhait que son fils ait la crainte de D.ieu, soit un ‘Hassid et un érudit, conformément à mon désir et ma volonté.
Vous vous demandez donc pourquoi le souhait d’un cœur juif doit-il être lié au désir et à la volonté d’un homme de chair et d’os.
A) Vous savez que la prière est appelée le service de D.ieu du cœur. Nos Sages précisent, au traité Taanit 2a, qu’elle doit être orale. Mais, elle peut être exaucée uniquement si elle est identique, dans la bouche et dans le cœur. De plus, la formulation de la prière souligne qu’elle doit être la plus précise possible. Elle ne peut se limiter uniquement à des généralités.
C’est pour cela que l’on dit les douze bénédictions intermédiaires(3) et non pas une seule bénédiction, qui aurait une portée plus globale. Plus encore, chacune de ces bénédictions présentent différents aspects. En conséquence, si un homme, pour une quelconque raison, n’est pas convaincu de pouvoir détailler sa prière comme il faudrait le faire, mais sait avoir un ami, lui souhaitant sincèrement tout le bien, qui est capable de détailler et d’approfondir sa propre demande, il demandera tout naturellement à D.ieu que sa prière soit exaucée conformément au désir et à la volonté de cet ami.
Du reste, la Hala’ha retient ce principe, dans différents domaines, en particulier pour le Héter Iska(4), qui est rédigé “ de la manière dont les Sages l’ont instauré ”. Or, cette formule est également employée par un ignorant et, d’après la Hala’ha, elle est valable, dès lors que cet homme s’en remet à l’avis des Sages.
B) De plus, qui connaît la tendance du cœur de l’homme et les stratagèmes de son mauvais penchant, particulièrement habile et s’adressant à chacun selon ce qu’il est, comme le soulignent nos Sages, au traité Chabbat 105b ?
Le mauvais penchant recherche différents moyens pour décourager l’homme, en particulier en un moment propice, lorsqu’il craint que sa prière soit exaucée. Il y a alors tout lieu de penser qu’il le dérangera avec encore plus d’insistance, introduira l’intérêt personnel dans sa requête et sa prière.
Une demande peut être éloignée des préoccupations matérielles. C’est le cas, par exemple, de la requête de craindre D.ieu, plus encore celle d’être un ‘Hassid, dépassant la ligne de la Loi et ce qu’impose la crainte de D.ieu, bien plus, celle d’être un érudit, c’est-à-dire celui qui fait usage de la force de la Torah pour craindre D.ieu, pour être un ‘Hassid. En effet, selon la Torah, qui est une Torah de vérité, l’Attribut de Bonté, ‘Hessed(5), conseilla que le monde ne soit pas créé. Il est bien clair que le mauvais penchant cherchera, par tous les moyens, à troubler une telle prière.
S’il est impossible qu’il en soit ainsi par la parole, ce peut être le cas, au moins, dans le cœur. Ainsi, le Rambam, à la fin des lois de la substitution, affirme que la Torah prend en compte la personnalité de l’homme et, d’un certain point de vue, également son mauvais penchant. Ainsi, celui qui formule un vœu ou consacre un objet au Temple, peut le regretter et changer d’avis.
Il n’y a donc qu’une seule solution, celle de prier selon l’idée d’une autre personne, qui est objective et cherche le bien de son prochain. Dès lors, il n’y a plus de distorsion entre l’intention et la parole. Là encore, plusieurs exemples, issus de la partie révélée de la Torah, peuvent être cités. L’un d’entre eux est l’affirmation suivante de nos Sages, au traité Nedarim 25a : “ Sachez que je ne vous fais pas jurer selon votre propre conception, mais selon la mienne et celle de D.ieu ”.
C) Vous dites aussi que l’on doit prier, à l’évidence, pour se conformer à la Volonté de D.ieu, qu’il est donc inutile de préciser de quelle manière cela doit se passer. Vous m’excuserez de vous dire que cette conception n’est pas exacte.
Comme je le disais, la formulation de la prière instaurée par les membres de la grande Assemblée établit que l’on doit détailler ses requêtes et ses demandes, dans toute la mesure du possible. De fait, ce détail aurait été encore plus important si cela n’empêchait pas que la prière soit dite par tous de manière identique. Pour autant, la prière est effectivement détaillée, comme je l’ai dit. Vous consulterez, à ce sujet, les lois de la prière du Rambam, chapitre 1, paragraphe 6.
Pour dire vrai, j’ai hésité à répondre à vos questions, car, pour notre malheur, il existe, à chaque époque et surtout dans la nôtre, de nombreuses personnes qui s’en tiennent au stade de l’interrogation, surtout quand elles sont confrontées à ce qui est réellement inhabituel. Puis, lorsque ces personnes se placent en retrait par rapport à l’action, elles justifient aisément leur attitude par les questions qu’elles se posent.
En pareil cas, la réponse que l’on peut leur apporter n’est d’aucune utilité, car elles pourront toujours imaginer de nouvelles questions. Néanmoins, je ne vous connais pas et je présume donc que votre intention est bonne, que vous cherchez réellement l’explication de ce que ne vous n’avez pas encore rencontré dans les correspondances des hommes, même si différents textes en fournissent l’exemple, comme nous l’avons vu.
Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
N. B. : Bien évidemment, si vous vous posez des questions sur ce qui vient d’être dit, j’aimerais en avoir connaissance et je m’efforcerai d’y répondre, selon mes possibilités.
Note : Je vous ai intentionnellement cité deux exemples. En effet, le serment(6) fait allusion au service de D.ieu assumé par l’homme, qui commence avec la Bar Mitsva. Dès lors, on applique les termes du serment prononcé près du mont Sinaï.
Le but de ce serment est de réaliser un intérêt, grâce au Héter Iska(7), comme l’explique le discours ‘hassidique intitulé ‘Elle est appréciée pour ses accomplissements positifs’, de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, prononcé en 5709(8).
Je vous joins une copie de la lettre, adressée à tous(9) à l’occasion de la fête de Pessa’h, qui approche. Celle-ci vous intéressera sûrement.
Notes
(1) Vraisemblablement pour une Bar Mitsva.
(2) De Londres. Voir, à son sujet, les lettres n°1927, 2002 et 2043.
(3) Du Chemoné Essré, dans lesquelles l’homme formule ses besoins à D.ieu.
(4) Permission de prêter à intérêt lorsque celui-ci est versé sous forme de participation aux bénéfices.
(5) De la même étymologie que ‘Hassid.
(6) Qui est prononcé “ selon ma propre conception et celle de D.ieu ”.
(7) C’est le second exemple.
(8) 1949.
(9) Il s’agit de la lettre n°2067.