Lettre n° 2278
Par la grâce de D.ieu,
28 Mar’hechvan 5714,
Brooklyn,
Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Nissan(1),
Je vous salue et vous bénis,
Vous m’écrivez que les grands élèves(2) qui sont restés sont peu nombreux. Ceux-ci, ou au moins quelques uns d’entre eux, sont donc découragés du fait qu’ils ne se trouvent pas ici. Vous leur expliquerez que ce sentiment n’a nullement lieu d’être. Bien au contraire, ils doivent se considérer comme mes émissaires, chargés d’illuminer l’atmosphère dans laquelle ils se trouvent, de même que les hommes qui y vivent, grâce au luminaire de la Torah, qui est l’enseignement de la ‘Hassidout. De cette façon, ils les rapprocheront également de “ la bougie (qui) est une Mitsva et la Torah (qui) est une lumière ”.
Ils consulteront, à ce sujet, le Likouteï Torah, au début de la Parchat Vaykra, commentant, d’après la ‘Hassidout, le principe selon lequel “ un émissaire s’identifie à celui qui le mandate ”. Il est clair que l’on ne peut pas en dire autant des élèves qui se trouvent ici. Vous comprendrez ce que je veux dire.
Ils méditeront au dicton de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel un soldat part au combat en chantant une marche militaire joyeuse. Combien plus la joie est-elle nécessaire, en la matière. Il ne peut en être autrement lorsqu’il s’agit de connaître l’avancement parmi ceux qui stagnent. De plus, le Baal Chem Tov exige qu’il en soit ainsi, ainsi qu’il est dit : “ Servez D.ieu dans la joie ”. Et, de manière allusive, le Rambam tranche la Hala’ha en ce sens, à la fin des lois du Loulav.
La joie est donc indispensable pour qu’ils mettent en pratique la mission qui leur est confiée et ce qu’ils doivent accomplir ici-bas. Il est sans doute inutile d’en dire plus. Vous trouverez sûrement les mots qui conviennent pour leur expliquer tout cela avec précision, en fonction de la situation qui est actuellement la leur.
Bien évidemment, vous vous adresserez également aux élèves qui ne sont pas découragés. En effet, les termes du verset “ les sacrifices pour D.ieu sont un esprit humble ” s’appliquent à tous. Pour autant, il est dit, effectivement : “ Servez D.ieu dans la joie ”.
Il est dit aussi que “ chaque âme se tient devant le Saint Roi ”(3). Puis, elle descend et s’introduit dans un corps physique, précisément dans le but de servir le Créateur, d’éclairer la part du monde qui lui est confiée, comme l’expliquent le Tanya et différents textes. Nos maîtres, en particulier, mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, ont souligné que l’on doit agir non seulement pour soi-même et ses proches, mais aussi pour ceux qui sont éloignés, afin que les sources, et non uniquement l’eau du puits, soient diffusées à l’extérieur.
Si l’on ne dispose pas d’emblée de tous les moyens nécessaires pour obtenir un tel résultat, on doit, néanmoins, réunir toutes ses forces et trouver le moyen d’y parvenir. Combien plus en est-il ainsi pour celui auquel la divine Providence a confié un rôle enviable, a dit : “ Fais le choix de la vie ”. Celui-là doit mener à bien sa mission avec une joie véritable, brisant toutes les limites, y compris celles de l’intellect et du sentiment. En pareil cas, ses accomplissements seront considérables.
Il est sûrement inutile de décrire l’immense pitié qu’inspire l’âme qui, quittant le Saint Roi, a franchi diverses étapes pour s’introduire dans un corps confus, en ce monde matériel, dominé par les impies, mais, au final, n’a pas accompli la mission qui lui était impartie, n’a pas même rapproché celui qui devait l’être.
A l’inverse, il est superflu de dire à quel point cette âme est heureuse lorsque l’on s’efforce de mener à bien la mission reçue, de le faire de manière profonde, de la meilleure façon possible, comme l’expliquent différents textes, en particulier la séquence de discours ‘hassidiques de 5666(4), décrivant le travail d’un serviteur digne de ce nom.
Il en est de même pour vous et pour ceux qui vous viennent en aide. La divine Providence vous a confié un mérite et notre maître, chef de cette génération, mon beau-père, le Rabbi, vous a chargé d’étudier la Torah et de servir D.ieu afin d’illuminer toute l’Europe par le luminaire de la Torah émanant de l’Essence de D.ieu, c’est-à-dire l’enseignement de la ‘Hassidout. Tout ce qui vient d’être dit s’applique donc à vous, de la même façon.
Néanmoins, l’acte est essentiel et non l’étude. Il faut donc rechercher tous les moyens, les façons, les possibilités de développer, quantitativement et qualitativement, la Yechiva Loubavitch de Brunoy. Pour l’heure, sans doute la dimension quantitative doit-elle être privilégiée. Nos Sages constatent, en effet, que “ lorsque mille commencent à étudier la Loi Ecrite ”, au final, c’est seulement “ un seul (qui) l’enseignera ”. Et, vous consulterez ce que le Likouteï Torah sur trois Parachyot dit, à propos de cette explication de nos Sages(5).
En conséquence, il faut mobiliser toutes les forces possibles, tous les hommes pouvant agir, saisir toutes les occasions qui se présentent, de toutes les manières possibles, afin que s’accomplisse Sa Volonté, que les Juifs soient des ‘Hassidim, conformément au dicton de l’Admour Hazaken(6), que nous a rapporté mon beau-père, le Rabbi, selon lequel la ‘Hassidout s’adresse à tous les Juifs.
Il faut que tous les ‘Hassidim sur lesquels vous exercez votre influence fassent usage de leurs forces, de leurs capacités et de leur temps en ce sens. Aucun d’entre eux ne doit pouvoir penser que son intervention est superflue, qu’il ne peut être d’aucune utilité, justifier ainsi qu’on ne lui confie aucun rôle.
L’obligation en incombe à chacun et à chacune, comme le demandent les maîtres de ‘Habad. Tous doivent agir sur leur propre personne et sur la part du monde qui leur est confiée. Toutefois, cette responsabilité peut être envisagée à différents niveaux et celle qui est portée par un homme à qui D.ieu accorde une plus grande influence est d’autant plus importante.
J’espère que ces quelques lignes vous permettront de mobiliser tous ceux qui reçoivent votre influence et même les autres, dès lors que ceux-ci peuvent contribuer à atteindre cet objectif. Au sens le plus simple, il faut faire des efforts pour diffuser la ‘Hassidout. Pour commencer, il faut développer la Yechiva Loubavitch de Brunoy, en y ajoutant des élèves, ashkénazes et séfarades. Ceux-ci, quantitativement, seront les plus nombreux possibles et, qualitativement, s’amélioreront, dans toute la mesure du possible.
Il ne suffit donc pas que ceux qui ont agi en ce sens jusqu’ici continuent à le faire, qu’on leur donne simplement les moyens de poursuivre leur action. Bien au contraire, chacun doit redoubler d’ardeur en ce sens, non seulement qualitativement, mais aussi quantitativement.
Il est sûrement possible d’obtenir que l’un ne gêne pas l’autre, que l’on s’organise pour que celui qui agit en conçoive de la satisfaction, qu’il ne soit pas nécessaire de faire sans cesse appel à la soumission. Il est clair que D.ieu ne retire à personne la rétribution qui lui revient. Cette action sera donc fructueuse et tous assureront, de la manière qui convient, leur subsistance et celle des membres de leur famille.
Dans l’attente de vos bonnes nouvelles, au plus vite, je conclus en vous adressant ma bénédiction de réussite dans votre mission sacrée et en saluant tous les ‘Hassidim.
Notes
(1) Le Rav N. Nemanov, de Brunoy. Voir, à son sujet, les lettres n°1944 et 2565.
(2) De la Yechiva Loubavitch de Brunoy, les autres ayant rejoint la Yechiva Loubavitch de New York.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°2292.
(4) 1906, du Rabbi Rachab.
(5) Voir le Or Hatorah Béréchit, tome 6, page 1026b.
(6) Voir, à ce sujet, les lettres n°1595, 2199, 2286, 2318, 2374, 2399, 2455 et 2532.
28 Mar’hechvan 5714,
Brooklyn,
Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Nissan(1),
Je vous salue et vous bénis,
Vous m’écrivez que les grands élèves(2) qui sont restés sont peu nombreux. Ceux-ci, ou au moins quelques uns d’entre eux, sont donc découragés du fait qu’ils ne se trouvent pas ici. Vous leur expliquerez que ce sentiment n’a nullement lieu d’être. Bien au contraire, ils doivent se considérer comme mes émissaires, chargés d’illuminer l’atmosphère dans laquelle ils se trouvent, de même que les hommes qui y vivent, grâce au luminaire de la Torah, qui est l’enseignement de la ‘Hassidout. De cette façon, ils les rapprocheront également de “ la bougie (qui) est une Mitsva et la Torah (qui) est une lumière ”.
Ils consulteront, à ce sujet, le Likouteï Torah, au début de la Parchat Vaykra, commentant, d’après la ‘Hassidout, le principe selon lequel “ un émissaire s’identifie à celui qui le mandate ”. Il est clair que l’on ne peut pas en dire autant des élèves qui se trouvent ici. Vous comprendrez ce que je veux dire.
Ils méditeront au dicton de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel un soldat part au combat en chantant une marche militaire joyeuse. Combien plus la joie est-elle nécessaire, en la matière. Il ne peut en être autrement lorsqu’il s’agit de connaître l’avancement parmi ceux qui stagnent. De plus, le Baal Chem Tov exige qu’il en soit ainsi, ainsi qu’il est dit : “ Servez D.ieu dans la joie ”. Et, de manière allusive, le Rambam tranche la Hala’ha en ce sens, à la fin des lois du Loulav.
La joie est donc indispensable pour qu’ils mettent en pratique la mission qui leur est confiée et ce qu’ils doivent accomplir ici-bas. Il est sans doute inutile d’en dire plus. Vous trouverez sûrement les mots qui conviennent pour leur expliquer tout cela avec précision, en fonction de la situation qui est actuellement la leur.
Bien évidemment, vous vous adresserez également aux élèves qui ne sont pas découragés. En effet, les termes du verset “ les sacrifices pour D.ieu sont un esprit humble ” s’appliquent à tous. Pour autant, il est dit, effectivement : “ Servez D.ieu dans la joie ”.
Il est dit aussi que “ chaque âme se tient devant le Saint Roi ”(3). Puis, elle descend et s’introduit dans un corps physique, précisément dans le but de servir le Créateur, d’éclairer la part du monde qui lui est confiée, comme l’expliquent le Tanya et différents textes. Nos maîtres, en particulier, mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, ont souligné que l’on doit agir non seulement pour soi-même et ses proches, mais aussi pour ceux qui sont éloignés, afin que les sources, et non uniquement l’eau du puits, soient diffusées à l’extérieur.
Si l’on ne dispose pas d’emblée de tous les moyens nécessaires pour obtenir un tel résultat, on doit, néanmoins, réunir toutes ses forces et trouver le moyen d’y parvenir. Combien plus en est-il ainsi pour celui auquel la divine Providence a confié un rôle enviable, a dit : “ Fais le choix de la vie ”. Celui-là doit mener à bien sa mission avec une joie véritable, brisant toutes les limites, y compris celles de l’intellect et du sentiment. En pareil cas, ses accomplissements seront considérables.
Il est sûrement inutile de décrire l’immense pitié qu’inspire l’âme qui, quittant le Saint Roi, a franchi diverses étapes pour s’introduire dans un corps confus, en ce monde matériel, dominé par les impies, mais, au final, n’a pas accompli la mission qui lui était impartie, n’a pas même rapproché celui qui devait l’être.
A l’inverse, il est superflu de dire à quel point cette âme est heureuse lorsque l’on s’efforce de mener à bien la mission reçue, de le faire de manière profonde, de la meilleure façon possible, comme l’expliquent différents textes, en particulier la séquence de discours ‘hassidiques de 5666(4), décrivant le travail d’un serviteur digne de ce nom.
Il en est de même pour vous et pour ceux qui vous viennent en aide. La divine Providence vous a confié un mérite et notre maître, chef de cette génération, mon beau-père, le Rabbi, vous a chargé d’étudier la Torah et de servir D.ieu afin d’illuminer toute l’Europe par le luminaire de la Torah émanant de l’Essence de D.ieu, c’est-à-dire l’enseignement de la ‘Hassidout. Tout ce qui vient d’être dit s’applique donc à vous, de la même façon.
Néanmoins, l’acte est essentiel et non l’étude. Il faut donc rechercher tous les moyens, les façons, les possibilités de développer, quantitativement et qualitativement, la Yechiva Loubavitch de Brunoy. Pour l’heure, sans doute la dimension quantitative doit-elle être privilégiée. Nos Sages constatent, en effet, que “ lorsque mille commencent à étudier la Loi Ecrite ”, au final, c’est seulement “ un seul (qui) l’enseignera ”. Et, vous consulterez ce que le Likouteï Torah sur trois Parachyot dit, à propos de cette explication de nos Sages(5).
En conséquence, il faut mobiliser toutes les forces possibles, tous les hommes pouvant agir, saisir toutes les occasions qui se présentent, de toutes les manières possibles, afin que s’accomplisse Sa Volonté, que les Juifs soient des ‘Hassidim, conformément au dicton de l’Admour Hazaken(6), que nous a rapporté mon beau-père, le Rabbi, selon lequel la ‘Hassidout s’adresse à tous les Juifs.
Il faut que tous les ‘Hassidim sur lesquels vous exercez votre influence fassent usage de leurs forces, de leurs capacités et de leur temps en ce sens. Aucun d’entre eux ne doit pouvoir penser que son intervention est superflue, qu’il ne peut être d’aucune utilité, justifier ainsi qu’on ne lui confie aucun rôle.
L’obligation en incombe à chacun et à chacune, comme le demandent les maîtres de ‘Habad. Tous doivent agir sur leur propre personne et sur la part du monde qui leur est confiée. Toutefois, cette responsabilité peut être envisagée à différents niveaux et celle qui est portée par un homme à qui D.ieu accorde une plus grande influence est d’autant plus importante.
J’espère que ces quelques lignes vous permettront de mobiliser tous ceux qui reçoivent votre influence et même les autres, dès lors que ceux-ci peuvent contribuer à atteindre cet objectif. Au sens le plus simple, il faut faire des efforts pour diffuser la ‘Hassidout. Pour commencer, il faut développer la Yechiva Loubavitch de Brunoy, en y ajoutant des élèves, ashkénazes et séfarades. Ceux-ci, quantitativement, seront les plus nombreux possibles et, qualitativement, s’amélioreront, dans toute la mesure du possible.
Il ne suffit donc pas que ceux qui ont agi en ce sens jusqu’ici continuent à le faire, qu’on leur donne simplement les moyens de poursuivre leur action. Bien au contraire, chacun doit redoubler d’ardeur en ce sens, non seulement qualitativement, mais aussi quantitativement.
Il est sûrement possible d’obtenir que l’un ne gêne pas l’autre, que l’on s’organise pour que celui qui agit en conçoive de la satisfaction, qu’il ne soit pas nécessaire de faire sans cesse appel à la soumission. Il est clair que D.ieu ne retire à personne la rétribution qui lui revient. Cette action sera donc fructueuse et tous assureront, de la manière qui convient, leur subsistance et celle des membres de leur famille.
Dans l’attente de vos bonnes nouvelles, au plus vite, je conclus en vous adressant ma bénédiction de réussite dans votre mission sacrée et en saluant tous les ‘Hassidim.
Notes
(1) Le Rav N. Nemanov, de Brunoy. Voir, à son sujet, les lettres n°1944 et 2565.
(2) De la Yechiva Loubavitch de Brunoy, les autres ayant rejoint la Yechiva Loubavitch de New York.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°2292.
(4) 1906, du Rabbi Rachab.
(5) Voir le Or Hatorah Béréchit, tome 6, page 1026b.
(6) Voir, à ce sujet, les lettres n°1595, 2199, 2286, 2318, 2374, 2399, 2455 et 2532.