Lettre n° 2302

Par la grâce de D.ieu,
17 Kislev 5714,
Brooklyn,

Aux dirigeants du réseau Ohaleï Yossef Its’hak Loubavitch
en notre Terre Sainte, que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

A) Vous me dites que des propositions vous ont été faites par des directeurs d’école. En effet, pour différentes raisons, certaines écoles ne fonctionneront pas en 5714 et l’on vous suggère donc de les intégrer au réseau.

Il faut être prudent, en la matière. Il est vraisemblable que ceux qui vous proposent ces écoles en ont le pouvoir, sont habilités à formuler ces propositions. Néanmoins, lorsque d’autres personnes en auront connaissance et, après examen, n’en seront pas satisfaites, vous subirez, de leur part, les attaques les plus virulentes. Et, ceux qui vous ont transmis ces écoles ne vous viendront pas en aide.

B) Vous me dites qui est la personne(1) que vous avez rencontrée. Or, vous devez connaître la position de Loubavitch, consistant à ne s’affilier à aucun parti. Vous saurez donc lui faire part de cette conception, de manière agréable et pacifique.

Si une attitude passive suffit(2), vous pourrez également l’adopter. Mais, en tout état de cause, vous n’accepterez aucune intervention qui implique une adhésion politique.

C) Vous écrivez également que, dans certains endroits, on vous confiera des écoles affiliées à un autre courant, afin d’être en conformité avec la nouvelle loi sur l’unicité de l’école(3).

Il est sûrement inutile de vous rappeler la prudence qui est nécessaire, en la matière. Votre direction, votre maîtrise, votre pouvoir ne doivent nullement être remis en cause, au sein de l’école. Parfois, celui qui a une volonté destructrice met en pratique les termes du verset “ ceux qui te détruisent émanent de toi ”. Dans un premier temps, leur exigence semble limitée et ils font mine de tout accepter(4). Puis, ils se trouvent à l’intérieur et, dès lors, ils expriment leur avis, puis le font avec de plus en plus de fermeté. Vous comprendrez ce que je veux dire.

Peut-être ces craintes sont-elles, en l’occurrence, sans fondement. La décision finale doit donc être prise sur place. Mon propos est uniquement de vous mettre en garde, de vous souligner la nécessité de réfléchir à tout cela également de ce point de vue.

D.ieu vous protégera de tout événement négatif. Il vous conférera la réussite afin de grandir et d’agrémenter la Torah, dans l’esprit de la Tradition juive, en rapprochant le cœur des fils et des filles d’Israël de notre Père Qui se trouve dans les cieux, grâce à l’éducation profonde qui est dispensée dans les écoles du réseau.

D) Dans votre lettre de la fin de l’année dernière, vous me faites part de votre espoir de recevoir bientôt ce qui vous est dû, pour les écoles du réseau, de la part des différentes instances. Il s’agit d’un montant de plus de douze milles livres israéliennes.

Je suis surpris que vous ne me disiez pas, de manière détaillée, de quelle façon cela a abouti. Sans doute prenez-vous toutes les mesures nécessaires pour recevoir l’intégralité de ces montants.

E) Je suis quelque peu peiné du compte rendu que vous me faites de votre négociation avec le représentant de cette organisation, mais j’espère que mes craintes sont sans fondement. J’ai eu l’impression que vous en avez gardé le sentiment d’une victoire extérieure. Vous souhaitez donc en faire état, de la manière la plus affirmée, montrer que vous êtes victorieux.

Certes, il est parfois nécessaire de le faire, car une attitude ferme peut écarter les difficultés et les obstacles, sans qu’il ne soit nécessaire d’envisager aucune autre action. Mais, en l’occurrence, l’éducation de nombreux enfants juifs, dans un esprit de crainte de D.ieu, est en cause. Il n’y a donc pas lieu de multiplier les difficultés en la matière, même dans une proportion limitée.

Vous savez, et la pratique permet d’établir qu’il en est bien ainsi, qu’une attitude pacifique et agréable supprime toute recherche de la victoire de la part de l’autre camp. Et, lorsque ce dernier adopte une position rationnelle, il est plus aisé de négocier.

Bien évidemment, je ne dis pas qu’il faille abandonner l’école, en cet endroit. Toutefois, il est nécessaire, dans toute la mesure du possible, de faire cesser la guerre déclarée et l’on peut constater, même à distance, que c’est bien de cela qu’il s’agit, que l’on désire, en l’occurrence, conquérir tout le village.

Les parents réclament une certaine forme d’éducation et les responsables du réseau possèdent une compétence, en la matière. Ils sont certains de pouvoir satisfaire les attentes des parents. Il n’y aura donc pas de recours à la contrainte.

F) Il est clair que ce qui a été dit au paragraphe C), à propos des précautions nécessaires pour prendre la responsabilité d’écoles appartenant à d’autres partis ou d’autres courants, ne s’applique pas dans le cas où la décision a déjà été prise. En pareil cas, un changement(5) peut envenimer les rapports. Dans cette hypothèse, il faut prendre des mesures, de la manière qui convient, afin d’exclure le risque que je définissais au préalable.

Mais, bien évidemment, il est absolument hors de question d’envoyer les enfants dont vous avez la responsabilité dans des écoles où il y a d’autres professeurs, que vous n’avez pas engagés et que vous ne dirigez pas. Il est inconcevable de vous engager pour l’éducation qui est dispensée par les autres.

G) Dans votre lettre du 6 ‘Hechvan, vous me demandez si vous devez réagir à ce qui est imprimé dans les journaux(6). L’expérience a montré que la polémique engagée dans les journaux est sans fin. De plus, ces journaux ne vous appartiennent pas. D’autres les dirigent.

Pour ce qui est des suites pouvant être données devant un tribunal, vous savez ce que j’en pense. On doit recourir à une telle extrême uniquement après avoir essayé toutes les autres possibilités.

Avec ma bénédiction de réussite dans votre mission sacrée et dans l’attente de vos bonnes nouvelles, au plus vite,

Notes

(1) Un responsable d’un parti politique.
(2) Si ce responsable n’en demande pas plus.
(3) Empêchant de maintenir plusieurs écoles dans le même endroit.
(4) La Guemara décrit, de cette façon, l’intervention du mauvais penchant, qui est progressive.
(5) Une remise en cause de la décision, déjà prise, d’intégrer cette école au réseau.
(6) Voir, à ce sujet, les lettres n°2289 et 2333.