Lettre n° 2373

Par la grâce de D.ieu,
28 Tévet 5714,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
empli de connaissances, le Rav C. Y.(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) Je viens de recevoir votre lettre du 21 Tévet. Vous faites allusion au dixième tome du Sdeï ‘Hémed. J’ai écrit, il y a quelques temps, au ‘Hassid qui craint D.ieu, le Rav Y. Shmotkin(2), pour lui demander de vous le transmettre. Je suis surpris qu’il ne l’ait pas encore fait.

Si, à réception de cette lettre, ce livre n’est toujours pas en votre possession, vous voudrez bien me le faire savoir. Il vous sera expédié directement d’ici.

B) De même, un Tehilim Yohel Or(3) et le Tanya qui a été édité ici, à l’occasion de la dernière fête de la libération du 19 Kislev et pour la première fois aux Etats Unis, vous ont été adressés, par colis séparé. Je vous le disais dans ma dernière lettre et, entre-temps, vous les avez sûrement reçus.

C) Pour l’heure, voici ce qui fait l’objet de la présente. Vous avez vraisemblablement eu connaissance des réactions négatives qu’a suscitées le service national(4) à l’extérieur de la Terre Sainte, en général, aux Etats Unis et à New York, en particulier.

Actuellement, après que le recensement de celles qui sont aptes à effectuer ce service national ait déjà commencé, on a pu constater que seul un très petit nombre était concerné. En effet, les jeunes filles religieuses, par exemple celles de Méa Chearim, en ont été dispensées.

Néanmoins, on souhaite en enrôler d’autres et celles qui se trouvent dans une situation intermédiaire sont peu nombreuses. De plus, certaines d’entre elles travaillent d’ores et déjà dans les différents ministères. Et, d’autres ne seront pas prises, par exemple pour des raisons de santé.

Il semble que l’on doit dépasser l’ivresse que procure le fait de remporter la victoire dans ce domaine, le désir de montrer que l’on passe outre à toutes les pressions, surtout celles qui émanent des religieux. Le moment est donc propice pour enterrer cette affaire, discrètement et en silence, de manière passive, ce qui est également une façon honorable d’en être débarrassé.

Par ailleurs, des informations confidentielles qui sont parvenues jusqu’à moi établissent que le parti travailliste a lui-même perdu le plaisir que lui inspire ce dossier, d’autant qu’il a déjà eu le dessus, en la matière. Il accepterait donc de se défaire de cette encombrante préoccupation, si on lui donnait les moyens de le faire honorablement. Il saisirait alors cette occasion.

En conséquence, le moment est propice pour convaincre ce Rav d’émettre une décision rabbinique excluant le service national. Car, ce cas ne le justifie pas moins que celui de l’homme qui voulait s’isoler avec une femme derrière une barrière(5) ou bien du pouvoir, accordé au tribunal, de frapper et de punir, à titre exceptionnel.

Bien plus, certaines familles et certains milieux voient, en cette affaire, ce qui n’est pas loin d’être un comportement immoral. Même si cette idée a été lancée à l’instigation de certains, elle s’est effectivement répandue dans des cercles relativement larges, chez les Juifs comme chez les non-Juifs, qui la perçoivent comme une lutte contre la religion, en général et un comportement immoral, en particulier. Il y a donc là, selon eux, une contrainte imposée qui heurte la religion et ils doivent se comporter en conséquence.

Ces jours-ci, le grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre aux besoins communautaires, plein d’empressement, le Rav Chimchon Raphaël Weiss(6) se rend en Terre Sainte. Vous avez sûrement entendu parler de lui, quand il avait visité Erets Israël, il y a un an. Il est le directeur exécutif de “ Jeune Israël ”, ici. Au sein de cette organisation, il a obtenu d’immenses réalisations afin de promouvoir la crainte de D.ieu, avec beaucoup d’empressement, malgré l’opposition qu’il a subie, de différentes parts.

Je lui ai demandé d’effectuer cette visite en mon nom. Il vous décrira, selon les informations dont il dispose, les réactions que suscite ici ce service national. A n’en pas douter, les différentes collectes et la manière de considérer l’implantation en Erets Israël s’en ressentiront. Il exposera donc ma conception et ma requête, concernant la situation actuelle de ce service national.

Ces informations confidentielles établissent que la gauche elle-même recherche un moyen honorable de se retirer. Le moment est donc propice pour prendre une initiative et, pour commencer, il faut indiquer clairement que cette pratique doit être écartée.

J’ai donc demandé au Rav Weiss de vous rendre visite en premier lieu et de vous demander d’obtenir une audience avec celui qui pourra agir, en la matière. Il serait bon que vous soyez vous-même présent, lors de cette réunion, que vous fassiez usage de votre influence et de votre position, afin d’aboutir à un résultat concret, au plus vite. En effet, tout retard, en la matière peut être dommageable, de différents points de vue.

D) Bien évidemment, si vous avez des remarques ou des interrogations sur les additifs du Tanya, vous me les signifierez clairement. Je vous en remercie d’avance.

E) J’ai été satisfait que l’on vous honore en vous confiant l’enseignement de la Guemara à la radio. A n’en pas douter, ceci ne dérangera pas le travail particulièrement important que vous accomplissez pour l’encyclopédie talmudique. Celle-ci est, en effet, une Mitsva que l’on ne peut confier à quelqu’un d’autre(7) et il est donc permis de négliger l’étude de la Torah pour la mettre en pratique.

Vous trouverez sûrement le moyen d’agrémenter cet enseignement(8) par des propos incitant à la crainte de D.ieu et à la pratique effective des Mitsvot, puisque telle est bien la finalité de l’homme, ainsi qu’il est dit : “ Il nous a ordonné d’accomplir tout cela, afin de craindre l’Eternel notre D.ieu ”.

D.ieu vous conférera la réussite et vous pourrez diffuser le luminaire de la Torah(9), dans les endroits proches et éloignés. Vos efforts seront couronnés de succès, pour de longs jours, de bonnes et fructueuses années.

Avec mes respects et ma bénédiction de réussite,

M. Schneerson,

N. B. : J’ai demandé au Rav Weiss qu’il détermine s’il est utile de rencontrer une certaine personne et d’évoquer cette affaire avec elle, en mon nom. Vous avez donc la possibilité de le faire, auquel cas vous vous adresserez au grand Rav et ‘Hassid, Rav C. D. Zyslin(10) pour fixer cette rencontre et rechercher les moyens de la convaincre.

J’ai également mentionné une autre personne au Rav Weiss et vous déciderez s’il est bon de la rencontrer. Si c’est le cas, vous fixerez cette réunion. Si vous pouvez apporter votre aide, vous le ferez sûrement. Puisse D.ieu faire que le Nom de D.ieu soit sanctifié grâce à l’un et l’autre(11).

Notes

(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°2342.
(2) Le Rav Yehouda Shmotkin. Voir la lettre n°2444.
(3) Avec le commentaire du Tséma’h Tsédek.
(4) Des jeunes filles, en Erets Israël. Voir, à ce sujet, la lettre n°2470.
(5) Voir le traité Sanhédrin 75a. Un homme éprouvant un tel désir et risquant, d’après les médecins, de mourir s’il ne le satisfait pas, ne doit pas obtenir satisfaction, d’après les Sages.
(6) Voir, à son sujet, la lettre n°2470.
(7) Nul n’ayant l’érudition qui lui permettrait de remplacer le Rav Zevin.
(8) A la radio.
(9) La ‘Hassidout.
(10) Le Rav Chaoul Dov Zyslin. Voir la lettre n°2370.
(11) Au Rav Zevin et au Rav Weiss.