Lettre n° 2394

Par la grâce de D.ieu,
7 Chevat 5714,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
assume une mission divine, le Rav Chlomo ‘Haïm(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) J’ai bien reçu vos deux lettres du 19 Tévet et de la veille de Roch ‘Hodech Chevat, avec ce qui y était joint. Entre temps, vous avez sûrement reçu ma lettre détaillée, adressée aux dirigeants de la Yechiva Loubavitch de Lod et l’invitation à organiser la célébration de la Hilloula du 10 Chevat, de la manière qui convient.

D’après les nouvelles qui me sont parvenues ici, le rapprochement d’élèves d’autres Yechivot, grâce à la réunion ‘hassidique du 19 Kislev, a fait une très forte impression. Le passé délivre donc un enseignement pour l’avenir et précise de quelle manière il convient d’agir, même s’il en résulte une modification du discours, pendant une partie de cette réunion, afin de l’adapter à ceux qui débutent.

Je m’en remets à votre discernement.

B) J’ai déjà écrit plusieurs fois, et je répète encore ici qu’il n’y a aucune rancœur de ma part(2). Vous évoquez l’étude de l’enseignement du chef de notre génération(3), mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.

Mon propos n’est pas d’exclure l’étude des discours ‘hassidiques prononcés par les maîtres dont il était le successeur, c’est bien évident. Néanmoins, chaque disciple doit s’attacher en fonction des conditions qui sont spécifiques à son époque. Or, cet attachement passe par l’enseignement du maître, comme l’établissent différentes lettres. Cette idée est également reprise par le Hayom Yom.

J’ai donc exprimé mon avis, selon lequel une telle étude est nécessaire. Votre lettre semble indiquer qu’il en est bien ainsi, depuis quelques temps déjà. Il n’y a donc même pas à imaginer qu’il puisse y avoir une rancœur.

C) J’ai écrit à un élève de la Yechiva et il a sûrement reçu ma lettre, en son temps(4). Vous lui apporterez les explications nécessaires et vous lui direz que l’on doit tout faire pour préserver sa santé physique(5), comme le dit le Rambam, dans ses lois des opinions.

En effet, quand on ne la possède pas, on est troublé dans son service de D.ieu, comme la pratique courante en témoigne, dans ce domaine précis. Si ses impératifs de santé le conduisent à organiser son étude ou sa prière de manière différente par rapport à son habitude, il pourrait le considérer comme un écart par rapport à la Torah, ce qu’à D.ieu ne plaise. Vous trouverez donc les mots pour lui dire tout cela. Bien plus, un dicton(6) du Rabbi Rachab précise que le mauvais penchant peut parfois revêtir une redingote de soie(7).

D) Vous devez déduire de tout cela une règle de conduite également envers les autres élèves. A l’époque actuelle, il est important que ceux-ci soient en bonne santé. A cette génération, s’applique, d’une manière largement accrue, ce que dit l’Admour Hazaken, au troisième chapitre d’Igueret Hatechouva : “ Tout ceci concerne seulement un homme fort et en bonne santé, en revanche…(8). ”

Il en est de même, d’une certaine façon, pour les jeûnes et les mortifications, y compris ceux qui sont mentionnés au chapitre 27 du Tanya : “ Celui qui retarde l’heure de son repas ”. Bien plus, notre maître nous a déjà indiqué le comportement que nous devons adopter à notre époque, comme le dit le Rabbi Maharach, selon le Séfer Hatoldot qui lui est consacré, à la page 72.

Avec ma bénédiction de réussite dans votre mission sacrée, en saluant vos proches et vos élèves et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Notes

(1) Le Rav C. H. Kasselman, de Kfar ‘Habad. Voir, à son sujet, la lettre n°2258.
(2) Parce que le Rabbi ne serait pas satisfait du programme d’étude de la ‘Hassidout dans les Yechivot.
(3) Dans les Yechivot. Voir, à ce sujet, la lettre n°2291.
(4) Il s’agit de la lettre n°2383.
(5) Voir, à ce sujet, la lettre n°2346.
(6) Voir, à ce sujet, la lettre n°2338.
(7) Développer une argumentation qui semble issue du domaine de la Sainteté.
(8) Celui qui n’est pas en bonne santé et s’impose, néanmoins, des jeûnes est considéré comme s’il commettait une faute.