Lettre n° 2725

Par la grâce de D.ieu,
10 Sivan 5714,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec retard, votre lettre, dans laquelle vous me parlez de votre fils, distingué jeune homme qui se consacre aux besoins communautaires, a de bons comportements et multiplie les accomplissements positifs pour rapprocher le cœur des enfants d’Israël de notre Père Qui se trouve dans les cieux.

Vous me faites part des différents endroits dans lesquels il pourrait rechercher un parti et vous exprimez votre crainte, à ce sujet. En effet, que dira-t-on quand on s’apercevra qu’il n’écoute pas son père, ce qu’à D.ieu ne plaise, puisque celui-ci lui demande de se rendre dans un certain pays, afin de se marier? On en conclura, dites-vous, que la ‘Hassidout a eu pour effet d’écarter votre fils de la Mitsva d’honorer son père.

En fait, je me suis demandé s’il fallait répondre à cette question. Chacun sait que l’enseignement de la ‘Hassidout et ses pratiques rapprochent le cœur de l’homme du service de D.ieu et de la pratique de ses Mitsvot. Prétendre le contraire, ce qu’à D.ieu ne plaise, n’aurait pas de sens. En conséquence, je suis stupéfait de constater les craintes que vous éprouvez.

Je vous accorde, néanmoins, les circonstances atténuantes, de la manière suivante. Il est dit qu’un homme qui souffre n’est plus lui-même. En l’occurrence, vous préconisez qu’il se rende dans un certain pays et ceci peut être comparé à la situation de Moché, notre maître, qui, lorsqu’il s’emporta, oublia la Hala’ha.

Notre sainte Torah affirme, dans le Choul’han Arou’h, Yoré Déa, lois du respect des parents, fin du chapitre 240, qu’un disciple désirant se rendre en un endroit où il est certain de poursuivre ses études avec succès, n’est pas tenu d’écouter son père, s’il lui demande de ne pas y aller, parce qu’il considère qu’un tel voyage est dangereux. Il en est de même si un jeune homme souhaite épouser une femme, alors que son père l’en empêche. Vous consulterez également ce que disent les commentateurs du Choul’han Arou’h, à ce sujet.

Cette Hala’ha s’applique même si le père est capable d’expliquer sa position, s’il en énonce une raison claire, par exemple du fait du danger que présente l’endroit ou bien parce que le père a vu la jeune fille ou les membres de sa famille et qu’à l’issue de cette rencontre, il s’oppose à une telle union. Pour ce qui vous concerne, en revanche, vous n’avez absolument aucune preuve à avancer et cette Hala’ha s’applique donc encore plus clairement.

Autre point, qui est essentiel, je ne comprends pas pourquoi vous devez soumettre à une telle épreuve votre fils, qui, par ailleurs, est plein de qualités, alors qu’il vous suffit de ne pas exiger de lui qu’il se rende précisément en cet endroit. Dès lors, il n’y aura plus aucune remise en cause du respect dû au père. Et, vous connaissez, à cet égard, la décision de la Torah, figurant à la même référence du Choul’han Arou’h, aux paragraphes 19 et 20.

J’ai bon espoir que vous encouragerez votre fils, que vous le soutiendrez dans sa mission sacrée, que vous l’inciterez à redoubler d’ardeur en l’assumant. A n’en pas douter, D.ieu récompensera cette grande Mitsva, de Sa main pleine et large.

D.ieu fasse que vous conceviez beaucoup de satisfaction ‘hassidique de tous vos enfants.

Je vous remercie, par avant, de me faire savoir que tout cela s’est arrangé de la manière la plus favorable.

Avec ma bénédiction,