Lettre n° 2730

Par la grâce de D.ieu,
15 Sivan 5714,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 10 Sivan, dans laquelle vous me demandez si vous devez vous rendre au Maroc pendant trois ou quatre mois, afin d’y compléter le montant qui sera nécessaire pour votre voyage aux Etats Unis(1).

Comme vous le savez, la partie révélée de la Torah et son enseignement caché soulignent la grande importance de l’étude de la Torah. En effet, “ même les préoccupations du ciel ne lui sont pas comparables ”. Nos Sages tranchent, au traité Chabbat 31a, que cette étude doit être pénétrée de crainte de D.ieu. Dès la sorte, elle s’implante en l’homme et elle est durable, comme l’indique, de manière allusive, le verset “ Ton temps sera foi..., sagesse et connaissance ”.

D.ieu vous a accordé la réussite et Il vous a placé dans un rayon de lumière, au sein de la Yechiva Loubavitch, qui a été fondée par des Justes, piliers du monde, le Rabbi Rachab et son fils, mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Vous devez donc avoir conscience de la valeur de chaque instant et, a fortiori, des jours, des semaines et des mois. Vous devez les passer dans les quatre coudées de cette Yechiva, vous consacrer, avec une ardeur et un enthousiasme véritables, à l’étude de la partie révélée de la Torah et de son enseignement caché.

En conséquence, tout ce qui va à l’encontre d’un tel objectif, même s’il semble émaner du bon penchant, n’est, en fait, que l’expression du mauvais penchant, dont nos Sages disent, au traité Chabbat 108b, qu’il “ s’acquitte habilement de sa tâche ”. Il présente à chacun les arguments susceptibles de faire succomber l’homme à ses tentations et il s’efforce de l’écarter du chemin qui conduit vers la voie de D.ieu.

Et, c’est bien le cas, en l’occurrence. Vous devez donc prendre la sincère décision de vous consacrer pleinement à l’étude de la Torah, en l’endroit où vous vous trouvez maintenant. N’écoutez pas les arguments qui émanent du côté gauche(2) et vous suggèrent que “ j’étudierai quand j’en aurai le temps ”. En effet, la Michna, au traité Avot, chapitre 2, paragraphe 4, affirme: “ Ne dis pas que tu étudieras quand tu en auras le temps, car peut-être n’en auras-tu pas le temps ”.

Bien plus, chaque Juif croit en la venue de notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, chacun place en elle son espoir. Il faut donc l’introduire et s’y préparer. Or, le roi Machia’h indiqua à notre maître, le Baal Chem Tov, dont le mérite nous protégera, qu’il viendrait lorsque les sources de son enseignement se seraient répandues à l’extérieur.

Vous devez donc saisir toute occasion qui se présente pour percevoir l’enseignement du Baal Chem Tov, lequel est parfaitement expliqué par la ‘Hassidout ‘Habad, “ ‘Ho’hma, Bina et Daat ”(3), afin que vous vous trouviez à la tête de ceux qui accueilleront très prochainement notre juste Machia’h.

“ L’acte est essentiel et non l’étude ”. Il faut donc se consacrer, d’une manière concrète, à cette étude, par toute son ardeur, avec abnégation et une crainte de D.ieu pure. Pour cela, la prière fervente est nécessaire et elle exerce également son effet dans la pratique des Mitsvot de la meilleure façon.

J’attends de recevoir de vos bonnes nouvelles, d’apprendre que vous étudiez, avec une ardeur sans cesse accrue, la partie révélée de la Torah et la ‘Hassidout, que vous avez, pour l’heure, totalement écarté de votre esprit les projets de va et vient, entre ici et là-bas.

Avec ma bénédiction de réussite dans l’étude de la Torah, la prière fervente et l’accomplissement des Mitsvot de la meilleure façon,

N. B. : Ce qui vient d’être dit concerne également vos amis et je vous charge de faire connaître le contenu de la présente lettre dans vos classes. Le guide spirituel(4), distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, assume une mission sacrée, a de bons comportements, est plein d’empressement, Rav Nissan Nemanov(5), pourra vous apporter des précisions et des explications. En effet, il n’est pas possible d’exposer tous les détails dans le cadre d’une lettre.

Notes

(1) Cette lettre est adressée à des élèves de la Yechiva de Brunoy, dans la région parisienne. Ces jeunes gens, originaires du Maroc, souhaitaient retourner pendant quelques temps dans ce pays, afin d’y obtenir les moyens nécessaires pour poursuivre leurs études à la Yechiva Loubavitch de New York.
(2) Du mauvais penchant.
(3) Les trois attributs de la compréhension.
(4) De la Yechiva de Brunoy.
(5) Voir, à son sujet, les lettres n°2641, 2698, 2737*, 2824, 2856, 2860 et 2928.