Lettre n° 2886

Par la grâce de D.ieu,
1er jour de Roch ‘Hodech Elloul 5714,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre de la veille du Chabbat et celle qui la précédait. Il est bien clair que je ne vous en voulais nullement et je vous interrogeais uniquement parce que je désire savoir dans quelle mesure on peut être certain que l’on se trouve sur la voie du bien et de la droiture.

Il est sans doute inutile de vous rappeler le sens du verset : “ Ne fuis pas devant ta propre personne ”(1). Je veux dire que celui qui se consacre aux besoins communautaires est, certes, dispensé de tout le reste. Néanmoins, il doit recevoir l’aide de D.ieu pour assumer cette activité et il a donc besoin de différentes qualités dont un homme agissant à titre individuel peut se passer.

L’un des points essentiels(2), qui est mentionné par les livres et que l’on transmet également de manière orale, est le domaine des bonnes actions, conformément à l’affirmation selon laquelle “ Il donne une pièce au pauvre avant de prier ”.

Il y a également(2) le domaine du service de D.ieu, de la prière, puisque, depuis la destruction du Temple, les prières ont remplacé les sacrifices. Celles-ci doivent donc être dites lentement, avec pureté. Il faut aussi respecter les règles de pureté d’Ezra(3).

Vous consulterez le Rif et son élève, Rabbénou Yona, au troisième chapitre du traité Bera’hot, où ils citent Rav Haï Gaon, selon lequel ces règles de pureté d’Ezra sont supprimés pour l’étude de la Torah, mais non pour la prière. Certes, nous ne tranchons pas la Hala’ha en ce sens, mais tous s’accordent pour dire que la prière est plus aisément exaucée, quand elle est précédée d’une immersion rituelle. Bien plus, vous connaissez l’affirmation du Rambam, qui dit que, même si les règles de la pureté d’Ezra ont été supprimés, lui-même les a toujours respectées.

Dans le domaine de la Torah(2), il faut avoir une étude fixe, à la fois dans le temps et dans l’esprit, de “ l’âme de la Torah ”, selon l’expression du Zohar, tome 3, page 142a, c’est-à-dire son enseignement profond. En effet, la vitalité de l’âme se révèle dans le corps et le vivifie. Et, il en est de même pour l’âme et le corps de la Torah(4).

Combien plus est-ce le cas à notre époque, celle du talon du Machia’h. Différents textes établissent qu’un manque d’étude de la partie profonde de la Torah prolonge l’exil. Vous consulterez l’introduction de Rabbi ‘Haïm Vital à la “ Porte des introductions ”. Et, il en est ainsi pour toutes les catégories d’hommes et non uniquement pour les ‘Hassidim, comme le dit également le Gaon de Vilna(5), me semble-t-il dans son livre Even Chlomo.

Avec mes respects et ma bénédiction afin que vous soyez inscrit et scellé pour une bonne année,

Notes

(1) Il est nécessaire d’établir un bilan moral de sa propre personne.
(2) Parmi ces qualités.
(3) En se rendant au bain rituel après chaque relation conjugale.
(4) Sa partie profonde et son enseignement révélé.
(5) Voir, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 18, page 252.