Lettre n° 2973

Par la grâce de D.ieu,
11 Tichri 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du dimanche de la Parchat Vayéle’h, dans laquelle vous m’exposez les raisons pour lesquelles votre mariage n’a pas pu avoir lieu en Elloul.

Malgré toutes ces explications, tous les éléments invoqués restent accessoires par rapport à ce qui est essentiel, c’est-à-dire la nécessité de ne pas prolonger le temps qui passe(1). Il est clair que mon propos n’est pas de me plaindre de ce qui est passé, mais bien de vous inviter à l’empressement, pour l’avenir. Vous le fixerez donc en Kislev, mois de la délivrance. Puisse D.ieu faire qu’il soit en un moment bon et fructueux.

Vous me demandez si vous devez vous comporter envers votre futur beau-père “ comme le visage se reflète dans l’eau ”(2). Il doit effectivement en être ainsi, mais selon la véritable explication de ce verset. Vous devez donc faire ce qui, d’une manière profonde et véritable, constitue réellement le bien, y compris pour votre futur beau-père et pour son épouse. Ceci doit effectivement être révélé.

Pour y parvenir, il faut éprouver un amour sincère du prochain, qui sera renforcé par la proximité familiale, puisque vous serez très bientôt son gendre, comparable à son fils. Et, il est inutile d’en dire, plus puisque tout cela est bien évident.

Vous me dites que vous avez des difficultés à étudier la ‘Hassidout, n’ayant pas trouvé un maître qui vous convienne. Il est évident qu’il s’agit là uniquement d’un argument avancé par le mauvais penchant, lequel est expert en sa mission, selon l’expression de nos Sages. Il sait donc déterminer la manière de s’adresser à chacun, afin de le convaincre.

En effet, il est bien clair, pour “ le roi vieux et fou ”(3), qu’en vous disant : “ N’étudie pas la ‘Hassidout, car tu éprouverais ainsi l’amour et la crainte de D.ieu, comme l’explique le Rambam, au début du quatrième chapitre des lois des fondements de la Torah. Tu vivifierais, en outre, ton étude de la partie révélée de la Torah et ta pratique des Mitsvot. Ainsi, tu te lierais à l’Arbre de vie, comme l’explique le Zohar, tome 3, page 124b ”, il ne serait nullement suivi. Ses avances seraient alors sans aucun effet. Bien au contraire, vous lutteriez contre lui avec encore plus d’ardeur. C’est pour cette raison que le mauvais penchant adopte l’argumentation inverse, précisément celle que vous rapportez dans votre lettre.

J’ai déjà donné, à plusieurs personnes qui m’interrogeaient, la réponse suivante(4). La Torah, dans sa globalité, fut reçue uniquement après que l’on ait proclamé : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”. C’est seulement en ce cas que s’appliquent les termes du verset “ l’intégrité de ceux qui sont droits les dirige ”, mais non…(5), comme le dit le traité Chabbat 88b. Or, il en est de même, et même encore plus clairement, pour l’enseignement profond de la Torah, comme le dit le Kountrass Limoud Ha ‘Hassidout, de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.

En ces jours, à la veille de “ la fête de notre joie ”(6), au pluriel, D.ieu fasse que la joie se révèle pour vous et votre future épouse. Selon un principe établi, la joie brise l’ordre établi. Ainsi, les voiles et les obstacles disparaîtront de vos préoccupations. Et, avec largesse d’esprit et joie, vous bâtirez une maison en Israël, un foyer juif et ‘hassidique.

Avec ma bénédiction et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Notes

(1) Des fiançailles. Voir, à ce propos, les lettres n°1084, 1268, 1482, 3092 et 3244.
(2) En adoptant la même attitude que lui.
(3) Le mauvais penchant.
(4) Voir, les lettres n°2625, 2684, 2854, 2887 et 2926.
(5) Dans le cas contraire.
(6) Soukkot.