Lettre n° 3200

Par la grâce de D.ieu,
18 Tévet 5715,
Brooklyn,

Je vous bénis et vous salue(1),

Je fais réponse à votre lettre(2) du 26 Kislev, qui faisait suite à un silence particulièrement long. Même si l’on prend en compte les arguments que vous y avancez, votre explication n’est pas recevable, mais, en tout état de cause, il est inutile de se plaindre du passé et sans doute rectifierez-vous tout cela, à l’avenir.

Vous dites qu’il faut se méfier de la manière dont on écrit. C’est le cas uniquement lorsque l’on adopte un style diplomatique, qui n’a qu’une portée superficielle. En pareil cas, importent effectivement les figures de style et les prétendus honneurs. Il n’en est pas de même pour ce qui dépend des sentiments du cœur, surtout quand le sort de la moralité de la jeunesse en dépend.

Les jeunes doivent s’engager sur le chemin de la vie. Chaque détail les concernant peut donc conditionner des dizaines d’années. En pareil cas, les artifices et les apparences extérieures empêchent de percevoir la situation telle qu’elle est. Il en résulte un préjudice et non un progrès.

Vous me dites que la situation s’est améliorée, en différents points et j’en suis satisfait. La manière dont les participantes à ce groupe de jeunes filles(3) considèrent le comportement et l’esprit ‘hassidiques, en particulier, est plus favorable. Il est sûrement inutile de vous souligner encore une fois à quelle point la soumission est nécessaire, comme l’expliquent non seulement les écrits ‘hassidiques, mais aussi les ouvrages d’éthique des autres nations. Selon les termes de nos Sages, il convient de dire : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”.

Bien évidemment, je ne veux pas dire que l’on doive avoir recours aux mortifications, brisant le corps et l’âme, de manière définitive. Je souligne uniquement qu’il faut préparer la voie pour que l’esprit l’emporte sur la matière, la vérité sur le mensonge et donc le bien véritable sur le mal, car, au final, c’est ce bien là qui doit être recherché, dans l’existence ici-bas.

Il est dit, néanmoins que “ l’homme naît comme un ânon sauvage ”. Il est précisé aussi que “ les lèvres de l’étrangère sont agréables ” et c’est seulement par la suite que “ le goût qu’elles laissent est amer comme de l’absinthe ”. Il faut donc agir d’emblée et le faire avec soumission. Plus une telle approche est adoptée avec profondeur et plus l’on comprend rapidement qu’elle ouvre la voie vers le bien et la vérité.

Il est clair que l’on ne peut pas prédire, avec certitude, combien de temps, de jours et d’heures, il faudra agir avec soumission. Cela dépend, entre autres, de la nature et de l’esprit de chacun et de chacune, des conditions de l’endroit et du moment.

Vous parlez de vous-même et des doutes que vous éprouvez, en la matière. Or, il a déjà été expliqué, dans des domaines similaires, que “ notre part est bonne et notre sort est beau ”. Nous sommes nés dans la génération du talon du Machia’h, après que nous ait été révélée tant de lumière de notre Torah, Torah de vie, en particulier celle de la ‘Hassidout et plus précisément celle de la ‘Hassidout ‘Habad, exprimant les notions les plus profondes, y compris les secrets de la Torah, dans des termes et des explications accessibles à tous, pour peu que l’on veuille bien les comprendre.

Pour revenir à ce qui a été dit plus haut, vous connaissez le dicton(4) de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, au nom de son père, le Rabbi Rachab, selon lequel le mauvais penchant se présente parfois en portant une redingote de soie, afin de mieux abuser l’homme. Comment le démasquer ? En fait, tout ce qui fait obstacle au service de D.ieu prend sa source de “ l’autre côté ”. Et, c’est bien le cas, en l’occurrence. Les doutes et les objections qui paralysent ou, tout au moins, affaiblissent le service de D.ieu, ne peuvent pas avoir une motivation positive et émaner du bon penchant.

Selon les termes du Rabbi, “ on peut imaginer une âme animale pieuse, bien plus, une âme animale ‘hassidique ”. Parfois, celle-ci suggérera une forte envie d’étudier la ‘Hassidout ou de méditer profondément à l’un de ses concepts, alors qu’en réalité, il n’y a là qu’une intervention du mauvais penchant, qu’une manifestation de l’âme animale destinée à empêcher le service de D.ieu. Tout obstacle à ce service ne peut être qu’un stratagème de l’âme animale.

Vous me dites que vous désirez exercer une influence sur les autres, mais, à votre sens, vous ne possédez pas les connaissances et la culture nécessaires pour cela. Même si c’était effectivement le cas, dans notre génération, en particulier et à toute époque, en général, on a le devoir, lorsque l’on ne peut pas apporter l’intégralité, de donner ce qui est en son pouvoir et de prier D.ieu afin qu’Il accorde un plus large potentiel, dans toute la mesure du possible. En revanche, une telle situation(5) ne justifie nullement que l’on cesse d’apporter aux autres.

Bien plus, si l’on considère ce qui se passe en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, on peut observer les ondes de l’incrédulité et la guerre menée contre la Tradition, qui sont de plus en plus fortes. Quiconque a le pouvoir d’intervenir, en la matière, ne peut donc absolument pas se permettre de battre en retraite. Et, celui qui, pour l’heure, n’a pas encore la capacité d’être un officier en chef ou, au moins, un officier important, n’en est pas moins tenu de faire ce qu’il peut, dans toute la mesure de ses moyens.

Dans une guerre, au sens matériel, c’est précisément de cette manière que l’on peut monter en grade, comme on peut le vérifier concrètement et ce qui est bien clair n’a nul besoin d’être démontré. Si vous décidez de vous servir pleinement, d’une manière positive, des aptitudes et des connaissances que vous possédez actuellement, je suis convaincu que vous en verrez rapidement le fruit. Non seulement vous parviendrez à sauver et à perpétuer une seule âme, qui est, par elle-même, un monde entier, mais, bien plus, vous sauverez même de nombreuses âmes.

Comme je le soulignais dans ma précédente lettre, D.ieu fait que chaque chose intervienne en son temps, dans le lieu et l’environnement qui conviennent. Vous avez le mérite d’appartenir à la communauté des ‘Hassidim ‘Habad. C’est donc au sein de celle-ci que vous pouvez obtenir la satisfaction morale, en assumant la mission qui vous a été confiée par la divine Providence, lorsqu’elle vous a conduite en tel endroit, à tel moment.

Tous les hommes savent que le Créateur du monde est la Perfection du bien. Il est donc bien évident que, quand Il confie une mission à une certaine personne, Il lui donne d’abord les moyens et les possibilités de la mener à bien. Puisse D.ieu faire que vous utilisiez pleinement les forces qui vous sont accordées.

Vous décrivez la réunion ‘hassidique des jeunes filles. L’expérience, ici-même et dans d’autres endroits, a fait la preuve qu’en attirant ces jeunes filles personnellement à l’action, par exemple en leur donnant elles-mêmes la parole, on suscite un plus grand enthousiasme et un plus vif intérêt chez les participantes.

Les représentations que vous organisez, de temps à autre, sont une excellente initiative. Néanmoins, il faut prendre garde aux interdictions de la Torah que l’on néglige couramment, par exemple le fait que “ une femme ne portera pas un vêtement d’homme ”, le chant en public ou la mixité.

A l’occasion du 10 Chevat, qui approche, il serait bon de proposer aux jeunes filles, au moins aux plus âgées d’entre elles, que chacune rédige un essai sur l’un des aspects de l’œuvre de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, par exemple sur ses causeries.

Je vous adresse ma bénédiction pour que vous intensifiez votre participation à l’éducation des jeunes filles, conformément à la volonté de nos Saints maîtres. Que votre effort soit récompensé et que vous conceviez beaucoup de satisfaction de vos enfants. J’attends de vos bonnes nouvelles, dans tous ces domaines.

Avec ma bénédiction pour qu’il en soit ainsi, au plus vite, en tout ce qui vient d’être dit,

Notes

(1) Cette lettre est adressée à une femme.
(2) Qui faisait suite à la lettre n°2943.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°3084.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°3011.
(5) Le manque de connaissances.
(6) Date de la Hilloula du précédent Rabbi.