Lettre n° 3663

Par la grâce de D.ieu,
23 Tamouz 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Votre lettre du 16 Tamouz, qui faisait suite à un long silence, m'est bien parvenue. Vous évoquez l'attribution de prix(1) à ceux qui font preuve d'ardeur ou participent à la prière.

Vous devez déterminer ce qui se pratique dans les autres Yechivot. Il ne faut pas, bien évidemment, prêter à penser qu’on passe “ d’une sainteté élevée vers celle qui l’est moins ”(2). Il en sera de même pour les périodes de vacances, à la Yechiva. Et, de fait, on ne peut pas se contenter de ne pas être inférieur aux autres Yechivot. Dans votre ville, on doit, en effet, savoir ce qu’est une Yechiva ‘hassidique.

Vous me dites que telle personne vous propose d’étudier le Ets ‘Haïm(3). Il est clair qu’en le faisant, on apprend bien la Torah de D.ieu et même son enseignement profond. Néanmoins, lorsque l’on étudie les mêmes concepts dans la ‘Hassidout ‘Habad, on les comprend de manière satisfaisante et l’on écarte les commentaires indésirables, ce qu’à D.ieu ne plaise. Il n’en est pas de même lorsque l’on ne dispose pas de ces explications(4). Il convient alors d’être prudent.

De fait, vous reproduisez vous-même, dans votre lettre, le Choréch Mitsva Ha Tefila(5), au chapitre 2, citant le Baal Chem Tov et ceci permet de répondre à votre question sur la manière d’accorder ces propos du Baal Chem Tov avec ce qui est rapporté, dans différents textes, concernant la nécessité d’étudier la ‘Hassidout.

Vous expliquerez donc tout cela à cette personne, en des termes qu’elle pourra comprendre. Vous lui montrerez clairement que, si elle étudie le saint Zohar, elle doit, encore plus clairement, apprendre également l’enseignement de ‘Habad, conformément à la parole du Baal Chem Tov, précédemment citée.

Vous rappelez ce que dit le Choréch Mitsvat Ha Tefila dit, au chapitre 7, à propos de la phrase “ Que l’Attribut de Miséricorde se dévoile pour nous ”(6). J’en suis surpris car l’explication de ce passage figure dans différents textes, en particulier à la fin du fascicule n°115, à la page 48, dans une note(7). Vous trouverez la réponse à toutes ces questions dans les références qui y sont citées.

Vous évoquez le commentaire du Soulam sur le Zohar. Je l’ai uniquement consulté pendant quelques instants et cela est, bien sûr, insuffisant pour émettre un avis. Je ne possède pas ce livre. D’après ce que l’on dit, il introduit une manière spécifique d’interpréter le Ets ‘Haïm et le Zohar. Pour notre part, nous suivons la voie royale, celles qui est tracée par les maîtres de la ‘Hassidout.

Vous m’interrogez également sur l’enseignement profond de la Torah, que l’Admour Hazaken, au début du second chapitre de ses lois de l’étude de la Torah(8), inclut dans le tiers du temps d’étude que l’on doit consacrer au Talmud, alors que, selon le Likouteï Torah Vaykra, à la page 5c, il appartient au tiers consacré à la Loi Ecrite. En fait, tout dépend de la partie de l’enseignement profond que l’on étudie, selon qu’il s’agisse du commentaire des versets de la Loi Ecrite ou bien d’une analyse raisonnée(9). C’est ce qui peut être déduit des différentes formulations que l’on trouve dans le Likouteï Torah, le Rambam et le Sifteï Cohen. Le Choul’han Arou’h cite les références exactes.

On peut déduire de tout cela qu’il est possible d’étudier l’enseignement profond de la Torah comme on le ferait pour la Hala’ha tranchée, mentionnée par la Michna et le Talmud, lesquels sont liés au monde spirituel de Yetsira et appartiennent au tiers consacré à la Michna.

Ceci permet de comprendre ce que dit le Peri Ets ‘Haïm, porte du comportement de l’étude, page 84b et d’autres textes, selon lesquels le Midrach et la Haggada sont liés à Yetsira. Malgré cela, le Likouteï Torah écrit, à cette référence, que l’enseignement profond de la Torah appartient au monde d’Assya et à la Loi Ecrite, dont il est même l’aspect essentiel.

Le Talmud est lié à Brya et la Hala’ha tranchée qu’il comporte, à Yetsira. C’est bien évident.

Notes

(1) Aux élèves de la Yechiva.
(2) Que les règles, à la Yechiva Loubavitch, sont inférieures à celles qui existent dans les autres Yechivot.
(3) De Rabbi ‘Haïm Vital, l’un des ouvrages fondamentaux de la Kabbala du Ari Zal.
(4) Celles de la ‘Hassidout.
(5) Dans le Dére’h Mitsvoté’ha, du Tséma’h Tsédek.
(6) Figurant dans le rituel de Yom Kippour, bien qu’il soit interdit d’adresser sa prière à un Attribut de D.ieu, plutôt qu’à D.ieu Lui-même.
(7) Qui est reproduite dans le Séfer Haminhaguim ‘Habad, à la page 64.
(8) Voir également le Likouteï Si’hot, 19 Kislev 5748, au paragraphe 3.
(9) S’apparentant au Talmud.