Lettre n° 4330

Par la grâce de D.ieu,
Pessa’h Chéni(1) 5716,
Brooklyn, New York,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, en son temps, votre lettre du 17 Nissan et je n’ai pas eu le temps de vous en accuser réception auparavant. Vous voudrez bien m’en excuser.

Il est, néanmoins, dommage que je n’ai pas eu l’occasion de vous rencontrer, lors de votre dernière visite en Amérique. Car, la supériorité de la parole, par rapport à l’écriture, réside également dans le fait que l’expression du visage permet d’établir dans quelle mesure les propos que l’on tient sont acceptés, ce que l’on doit y ajouter ou ce qu’il convient d’en modifier. De plus, l’interlocuteur peut répondre directement. Il n’éprouve donc pas de rancune, même si ce qui est dit devant lui ne lui convient pas.

Néanmoins, cela n’a pas été possible(2) et je me sers donc de l’écriture. Vous me dites, dans votre lettre, que vous avez été un soldat et que vous avez participé à tous les combats d’Israël. Je ne citerai que quelques points, à ce sujet, car, pour quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus.

Dans un combat, il y a différents postes. La réussite et la victoire sont obtenues lorsque chacun se sert de toutes ses forces pour assumer sa mission, en un certain endroit, en fonction du rôle qui a été confié à chacun. Combien plus doit-il en être ainsi quand cette mission ne peut être confiée à personne d’autre. L’importance de cette condition peut être déduite de l’affirmation de nos Sages, au traité Moëd Katan 9b, selon laquelle “ les préoccupations célestes ”, c’est-à-dire les Mitsvot, “ ne peuvent égaler ” la Torah. Mais, si cette Mitsva ne peut être confiée à nul autre, elle est, non seulement, l’équivalent des paroles de la Torah, mais peut même les repousser.

En conséquence, nombreux sont ceux qui assument des tâches matérielles et grossières, alors que seulement quelques uns, malheureusement, se consacrent à ce qui est lié à la foi. Or, ces derniers sont toujours particulièrement prudents, souhaitant ne froisser personne. Ils portent donc des “ gants de soie ”(3), alors que le camp opposé est plein d’aplomb.

Vous pouvez en déduire l’importance des forces, que D.ieu vous a accordées, dans le but d’insuffler la foi aux autres. Vous ne devez pas repousser cette activité, même pour un seul instant, au profit d’autres préoccupations.

Dans l’espoir d’avoir de vos bonnes nouvelles, avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Le 14 Iyar.
(2) Cette rencontre n’a pas eu lieu.
(3) Prennent beaucoup de précautions.