Lettre n° 446

Par la grâce de D.ieu,
15 Chevat 5709,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav B. T.(1), émissaire du Rabbi,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai enfin eu de vos nouvelles et reçu votre lettre du 4 Chevat. Ne sachant pas combien de temps vous resterez à Paris, je vous envoie ma réponse dans cette ville.

A) Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion du 10-13 Chevat(2). A n’en pas douter, vous le mettrez à la disposition du plus grand nombre.

B) Je ne possède pas la lettre de mon beau-père, le Rabbi Chlita, de 5670(3), à laquelle vous faites allusion. Je n’ai donc pas compris ce que vous vouliez dire. En tout état de cause, je ne suis pas d’accord avec ce que vous écrivez, sur deux points:

1. Vous me présentez des excuses pour tout ce qui n’est pas encore satisfaisant. Sachez que votre travail et le mien ne nous appartiennent pas, mais sont partie intégrante des préoccupations divines. Nos Sages enseignent, en effet, dans la Michna, à la fin du traité Kiddouchin, que "j’ai été créé pour servir mon Créateur". Le Likouteï Torah en donne l’interprétation de la ‘Hassidout, qui n’est nullement contradictoire avec ce qu’explique le fascicule que je vous joins.

Dès lors, à quoi sert que j’accepte vos excuses, alors que les Sages ont porté témoignage que "la journée est courte, le travail est important et le Maître est pressé"?

Je ne souhaite pas évoquer tout cela longuement, car vous ne vous trouvez pas actuellement là où s’exerce essentiellement votre mission(4). Mon intervention se réduirait donc à de la cendre et, dès votre retour en Angleterre, vous pourriez oublier ces propos.

Puisse D.ieu faire que nous n’ayons plus besoin de faire de la morale et que s’applique désormais, de façon permanente, l’Injonction de servir D.ieu dans la joie.

2. Pourquoi repoussez-vous sans cesse ce qui doit être amélioré dans votre travail? Qu’en sera-t-il des jours qui passent et sont définitivement perdus? N’est-il pas dit que D.ieu confie à l’homme un nombre limité de jours?

Comme je l’ai dit, tous ces propos sont exprimés de manière très concise, mais le sage sait se suffire d’une simple allusion.

C) Vous vous trouvez actuellement à Paris et vous y exercez sûrement sans doute votre rôle d’émissaire du Rabbi. Je vous joins donc la copie d’une lettre(5) que j’ai écrite à quelqu’un qui se trouve dans cette ville, à propos de la collecte du Maamad dans Paris et sa région. Je me souviens, en effet, que vous saviez défendre à la fois l’activité et l’inaction.

J’attends de bonnes nouvelles liées à l’action concrète, qui est primordiale et je salue tous les vôtres,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Ben Tsion Chem Tov. Voir la lettre n°436.
(2) Anniversaire du décès de la mère du précédent Rabbi.
(3) 1910.
(4) C'est-à-dire en Angleterre.
(5) La lettre précédente.