Lettre n° 449

Par la grâce de D.ieu,
17 Chevat 5709,

Au ‘Hassid qui craint D.ieu et s’acquitte fidèlement de satâche, le Rav Y. Hacohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 15 Chevat:

A) Dans le discours ‘hassidique intitulé "elle a un goût agréable", de 5709, il est dit, à la fin du troisième paragraphe: "Elles(2) sont classées en trois groupes, ‘Ho’hma, Bina et Daat; ‘Hessed, Guevoura et Tiferet; Nétsa’h, Hod et Yessod. Mais, il existe également un autre classement, ‘Ho’hma, ‘Hessed et Nétsa’h à droite, Bina, Guevoura et Hod à gauche, Daat, Tiféret et Yessod au centre. Tout ceci reçoit l’apparence d’un homme".

En fait, ce texte est un classement des Sefirot, desquelles il est dit, dans le passage Pata’h Elyahou: "Tu as suscité dix Sefirot pour diriger les mondes par elles". Car, il bien est deux manières de les classer:

1. Dans le sens de la longueur, c'est-à-dire du haut vers le bas, en prenant pour critère la finesse, le degré de proximité de la Lumière infinie de D.ieu et d’éloignement des mondes créés.

L’ordre est, alors, ‘Ho’hma, Bina, Daat, ‘Hessed et ainsi de suite. Ces Sefirot sont ainsi classées en trois groupes. Si l’on cherche leur équivalence en l’homme, le premier correspond à la tête, le second au corps et le troisième au pied.

2. Dans le sens de la largeur, c'est-à-dire de la droite vers la gauche, en prenant pour critère le fait de se révéler ou bien de rester caché, d’accorder son influence ou bien de la supprimer.

L’ordre est alors ‘Ho’hma, ‘Hessed, Netsa’h à droite, Bina, Guevoura, Hod à gauche, Daat, Tiféret, Yessod au centre. Vous consulterez, à ce propos, le Bad Kodech, de l’Admour Haémtsahi.

Ces deux classements sont deux présentations de ce qui est appelé "l’Homme céleste", dont ils sont deux conceptions, deux points de vue différents. Puis, il est une perception encore plus haute, qui sera présentée maintenant.

B) Le verset Chmouel 1, 15, 29 énonce la réponse de Chmouel à Chaoul, constatant que "Il n’est pas un homme pour changer d’avis".

On peut se demander quel élément nouveau apporte ici Chmouel à Chaoul. Ce dernier ne savait-il pas que D.ieu "n’est pas un homme"? En effet, Chaoul demanda que sa Techouva soit prise en compte, comme D.ieu le fait toujours et qu’il conserve la royauté. Dès lors, pourquoi lui répondre que D.ieu "n’est pas un homme pour changer d’avis"?

En fait, Chmouel expliquait ici à Chaoul que sa faute n’avait pas atteint uniquement "l’Homme céleste"(2), au sein duquel on distingue un côté droit et un côté gauche, qui est sensible aux actes des créatures. Au verset 28, Chmouel dit: "Il a donné ta royauté à ton ami, qui est meilleur que toi" et ce choix transcende "l’Homme céleste", car, à ce stade, "Il n’est pas un homme pour changer d’avis".

Vous consulterez, à ce propos, le Torah Or de notre Sidra, à la fin du commentaire portant sur le discours ‘hassidique intitulé "souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier".

C) Vous m’avez demandé, lors de notre conversation téléphonique pourquoi je vous transmettais aussi rapidement la réponse de mon beau-père, le Rabbi Chlita.

J’énoncerai quatre raisons à cela:

1. Il est dit que "tu ne feras pas à ton ami ce que tu détestes toi-même". Si je posais une question sur ce qui me concerne personnellement et qu’un intermédiaire me cachait la réponse pendant quelques temps, je n’en aurai pas été satisfait.

Je ne peux pas dire s’il en est de même pour vous. Peut-être est-ce le cas. Cela dépend de chacun.

2. Lorsqu’il s’agit d’une Mitsva, en particulier celle d’aimer son prochain, l’Admour Hazaken dit, au chapitre 21 d’Igueret Hakodech, que "l’importance de l’empressement est établie et cette qualité que possédait notre père Avraham nous protège, nous-mêmes et nos enfants, pour l’éternité. Il faut montrer sa joie et son désir de mettre en pratique la Volonté du Créateur, Lui procurer de la satisfaction".

Cela est une Mitsva pour chacun.

3. Pour ce qui concerne la subsistance matérielle de l’homme, la décision est, dans un premier temps, prise là-haut. Puis, elle doit recevoir une formulation matérielle. Des accusations peuvent alors être portées, empêchant sa révélation ou bien la limitant à une portée spirituelle.

Telle est la qualité de la bénédiction des Cohanim et celle des Cohanim(3) eux-mêmes, comparés à des amandes(4). Cette bénédiction se dévoile très vite, comme l’expliquent le Likouteï Torah, à la fin de la Parchat Kora’h et le Dére’h Mitsvoté’ha, du Tséma’h Tsédek, à la Mitsva de la bénédiction des Cohanim.

C’est précisément là ce que peut accomplir un Rabbi. C’est la raison pour laquelle aucun obstacle ne doit se dresser dans l’acheminement de sa réponse.

Il en est ainsi pour une réponse qui concerne une Mitsva et la subsistance matérielle, pour chacun.

4. Le Rabbi Chlita était fatigué, après une journée de travail, lorsque vous avez téléphoné. Pénétrant dans son bureau, je lui ai demandé si la question pouvait attendre le lendemain, puisque vous aviez vous-même indiqué qu’il n’y avait pas urgence, en la matière. Il m’a alors demandé de lui poser tout de suite cette question. J’en ai déduit que je devais moi-même transmettre la réponse sans retard.

Je conclus en vous souhaitant un bon Chabbat et tout le bien,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Yaakov Hacohen Kats de Chicago. Voir la lettre n°421.
(2) Les dix Sefirot.
(3) Le destinataire de cette lettre est un Cohen.
(4) L’amandier, en effet, est un arbre qui fleurit très vite.