Lettre n° 515
Par la grâce de D.ieu,
13 Mena’hem Av 5709,
A monsieur Barou’h Levitin(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre, datée d’après Chavouot. Comme je le disais à la fin de la dernière lettre que je vous ai envoyée, vous ne devez pas me tenir rigueur si, du fait de mon travail pour le Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h et le Ma’hané Israël, je vous réponds avec retard.
Je suis surpris que vous n’évoquiez pas, dans votre courrier, votre étude pour vous-même et votre enseignement public. Vous m’en parlerez sans doute la prochaine fois et, surtout, vous aurez de bonnes nouvelles à me transmettre, à ce propos.
Vous m’écrivez que la situation du Judaïsme, dans votre ville et dans les endroits environnants, qui n’est pas bonne, provoque votre tristesse.
Pensez-vous vraiment que vous arrangerez les choses de cette manière?
Vous savez sans doute ce que l’Admour Hazaken explique, au chapitre 26 du Tanya. Il dit que, bien au contraire, la tristesse affaiblit le combat que chaque Juif doit mener contre son mauvais penchant et, de manière plus générale, contre le mal ambiant. Celui qui constate un renforcement de son ennemi, ce qu’à D.ieu ne plaise, doit lui-même mobiliser encore plus clairement ses forces et chercher, par tous les moyens, à le vaincre.
Il faut se souvenir de la Promesse divine selon laquelle "Je supprimerai l’esprit d’impureté de la terre". Alors, "toute chair ensemble verra que la bouche de D.ieu a parlé". En avoir conscience donne à chacun d’entre nous du courage et de la vigueur pour mener ce combat, à l’endroit du front où l’on se trouve. On doit savoir qu’une bonne action que l’on a accomplie n’est jamais perdue, même si l’on ne peut le vérifier par ses yeux de chair. Car, chaque bonne pensée, bonne parole ou bonne action contribue à illuminer l’obscurité dans laquelle on se trouve, à hâter la délivrance véritable.
Les trois semaines(2) et les neuf jours(3) viennent de passer, qui sont, en apparence, une période triste. Pour autant, ils apportent également l’espoir et la consolation. Nos prophètes nous ont également enseigné que le redoutable moment séparant le 17 Tamouz du 9 Av sera l’occasion de manifestations joyeuses, lorsque viendra notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, Amen.
Auparavant, lorsque nous possédions le Temple, cet édifice de bois et de pierre symbolisait également le Sanctuaire moral du peuple d’Israël, que celui-ci porte en lui. Le Temple matériel put se maintenir tant que le Sanctuaire moral existait.
Puis, le premier Temple fut détruit, le Sanctuaire moral, du fait des Juifs et, immédiatement après cela, l’édifice matériel, par Nabuchodonosor, roi de Babel. Parvenu dans l’exil babylonien, notre peuple reçut une double mission. Il devait reconstruire, d’une part, le Sanctuaire moral et, par ailleurs, l’édifice matériel, le second Temple. Ce dernier put également se maintenir tant que son pendant moral existait et, lorsqu’il fut détruit, celui-ci disparut également.
A l’opposé, pour ce qui concerne le troisième Temple, l’objectif principal et, selon certains, unique que D.ieu nous a assigné est la reconstruction du Sanctuaire moral et D.ieu Lui-même se chargera de l’édifice matériel. Rachi, les Tossafot et d’autres Sages encore considèrent que le troisième Temple descendra du ciel.
C’est donc pour cette raison que le Sanctuaire moral doit être bâti par nos efforts, par la Techouva, la Torah et les Mitsvot. Chaque "brique", chaque progrès spirituel obtenu par un Juif est immuable. Le processus permettant de les assembler fut entamé alors que le second Temple était encore en flammes. Telle est la signification profonde du récit du Midrach E’ha Rabba, selon lequel le Machia’h naquit à l’instant de la destruction du Temple.
La partie essentielle du Sanctuaire moral, qu’il appartient aux Juifs de bâtir durant cet exil long et obscur, a été réalisée, dans les générations précédentes, par les accomplissements spirituels de notre peuple. Il ne nous en reste qu’une petite part, laquelle doit cependant avoir une sainteté comparable à celle des précédentes générations.
Il découle de tout cela que nous devons, à tout moment, garder présent à l’esprit que chaque bonne action basée sur la Torah, que nous accomplissons dans notre existence quotidienne, aussi grandiose ou aussi humble qu’elle puisse paraître à nos yeux de chair, est bien l’une des dernières "briques" que nous ajoutons au Temple, lequel sera éternel pour notre peuple et pour le monde entier.
C’est de la sorte que nous apportons notre contribution à l’édifice du Sanctuaire moral et du bâtiment matériel, qui sera construit juste après cela, très bientôt et de nos jours.
Puisse D.ieu faire que soit accordé à nous tous le mérite d’assister également à la reconstruction du Temple matériel, très bientôt et de nos jours, Amen.
En vous souhaitant tout le bien,
Rav Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Voir la lettre n°475.
(2) Commémorant la destruction du Temple, du 17 Tamouz au 9 Av.
(3) Commençant le mois d’Av.
13 Mena’hem Av 5709,
A monsieur Barou’h Levitin(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre, datée d’après Chavouot. Comme je le disais à la fin de la dernière lettre que je vous ai envoyée, vous ne devez pas me tenir rigueur si, du fait de mon travail pour le Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h et le Ma’hané Israël, je vous réponds avec retard.
Je suis surpris que vous n’évoquiez pas, dans votre courrier, votre étude pour vous-même et votre enseignement public. Vous m’en parlerez sans doute la prochaine fois et, surtout, vous aurez de bonnes nouvelles à me transmettre, à ce propos.
Vous m’écrivez que la situation du Judaïsme, dans votre ville et dans les endroits environnants, qui n’est pas bonne, provoque votre tristesse.
Pensez-vous vraiment que vous arrangerez les choses de cette manière?
Vous savez sans doute ce que l’Admour Hazaken explique, au chapitre 26 du Tanya. Il dit que, bien au contraire, la tristesse affaiblit le combat que chaque Juif doit mener contre son mauvais penchant et, de manière plus générale, contre le mal ambiant. Celui qui constate un renforcement de son ennemi, ce qu’à D.ieu ne plaise, doit lui-même mobiliser encore plus clairement ses forces et chercher, par tous les moyens, à le vaincre.
Il faut se souvenir de la Promesse divine selon laquelle "Je supprimerai l’esprit d’impureté de la terre". Alors, "toute chair ensemble verra que la bouche de D.ieu a parlé". En avoir conscience donne à chacun d’entre nous du courage et de la vigueur pour mener ce combat, à l’endroit du front où l’on se trouve. On doit savoir qu’une bonne action que l’on a accomplie n’est jamais perdue, même si l’on ne peut le vérifier par ses yeux de chair. Car, chaque bonne pensée, bonne parole ou bonne action contribue à illuminer l’obscurité dans laquelle on se trouve, à hâter la délivrance véritable.
Les trois semaines(2) et les neuf jours(3) viennent de passer, qui sont, en apparence, une période triste. Pour autant, ils apportent également l’espoir et la consolation. Nos prophètes nous ont également enseigné que le redoutable moment séparant le 17 Tamouz du 9 Av sera l’occasion de manifestations joyeuses, lorsque viendra notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, Amen.
Auparavant, lorsque nous possédions le Temple, cet édifice de bois et de pierre symbolisait également le Sanctuaire moral du peuple d’Israël, que celui-ci porte en lui. Le Temple matériel put se maintenir tant que le Sanctuaire moral existait.
Puis, le premier Temple fut détruit, le Sanctuaire moral, du fait des Juifs et, immédiatement après cela, l’édifice matériel, par Nabuchodonosor, roi de Babel. Parvenu dans l’exil babylonien, notre peuple reçut une double mission. Il devait reconstruire, d’une part, le Sanctuaire moral et, par ailleurs, l’édifice matériel, le second Temple. Ce dernier put également se maintenir tant que son pendant moral existait et, lorsqu’il fut détruit, celui-ci disparut également.
A l’opposé, pour ce qui concerne le troisième Temple, l’objectif principal et, selon certains, unique que D.ieu nous a assigné est la reconstruction du Sanctuaire moral et D.ieu Lui-même se chargera de l’édifice matériel. Rachi, les Tossafot et d’autres Sages encore considèrent que le troisième Temple descendra du ciel.
C’est donc pour cette raison que le Sanctuaire moral doit être bâti par nos efforts, par la Techouva, la Torah et les Mitsvot. Chaque "brique", chaque progrès spirituel obtenu par un Juif est immuable. Le processus permettant de les assembler fut entamé alors que le second Temple était encore en flammes. Telle est la signification profonde du récit du Midrach E’ha Rabba, selon lequel le Machia’h naquit à l’instant de la destruction du Temple.
La partie essentielle du Sanctuaire moral, qu’il appartient aux Juifs de bâtir durant cet exil long et obscur, a été réalisée, dans les générations précédentes, par les accomplissements spirituels de notre peuple. Il ne nous en reste qu’une petite part, laquelle doit cependant avoir une sainteté comparable à celle des précédentes générations.
Il découle de tout cela que nous devons, à tout moment, garder présent à l’esprit que chaque bonne action basée sur la Torah, que nous accomplissons dans notre existence quotidienne, aussi grandiose ou aussi humble qu’elle puisse paraître à nos yeux de chair, est bien l’une des dernières "briques" que nous ajoutons au Temple, lequel sera éternel pour notre peuple et pour le monde entier.
C’est de la sorte que nous apportons notre contribution à l’édifice du Sanctuaire moral et du bâtiment matériel, qui sera construit juste après cela, très bientôt et de nos jours.
Puisse D.ieu faire que soit accordé à nous tous le mérite d’assister également à la reconstruction du Temple matériel, très bientôt et de nos jours, Amen.
En vous souhaitant tout le bien,
Rav Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Voir la lettre n°475.
(2) Commémorant la destruction du Temple, du 17 Tamouz au 9 Av.
(3) Commençant le mois d’Av.