Lettre n° 519

Par la grâce de D.ieu,
6 Elloul 5709,

Très cher docteur Yossef Grutshendler,

Je vous salue et vous bénis,

Le bien cher Rav Moché Hecht m’a montré votre étude sur la circoncision, en français.

J’ai lu, dans votre avant propos, que vous appartenez à la catégorie de Juifs qui respectent la Torah et toutes les Mitsvot. Vous entendez leur être utile, partager leur vie et leurs souffrances.

J’exprime le souhait que, dans les trente cinq ans qui se sont écoulés depuis lors, vous avez pu mettre ce souhait en pratique dans votre existence.

A n’importe quelle époque, un homme juif et une maison juive ont toujours été considérés, conformément à l’enseignement de nos Sages, comme un monde entier. Combien plus est-ce le cas à l’heure actuelle, après que nous ayons perdu plusieurs millions de nos frères. Une partie de leur mission, de ce qu’ils auraient dû accomplir dans le monde, nous incombe donc et s’ajoute à ce qu’il nous revient de réaliser, à titre personnel.

En conséquence, la responsabilité de chacun d’entre nous, face à l’ensemble de la communauté, est considérablement accrue.

Combien plus est-ce le cas pour une personne qui vit dans une ville où ceux qui sont capables d’agir dans le domaine du Judaïsme sont peu nombreux et qui exerce son influence sur un large public, bien plus, qui pourrait même accroître cette influence. A n’en pas douter, une telle personne doit se considérer comme un soldat que les millions de martyrs ont envoyé au front, dans le combat séculaire mené contre les Juifs, parce que "leur pratique est différente de celles de tous les autres peuples". La guerre contre la circoncision à laquelle vous faites allusion dans votre étude en est un aspect.

De temps à autre, ce combat doit être dirigé également contre les Juifs qui ont commis une erreur dans le choix de leur mode de vie. Nous avons le devoir de les aider à retrouver la voie du Judaïsme et à "jalousement conserver toutes les Prescriptions de la Bible et du Talmud"(1).

Vous êtes médecin et vous savez donc mieux que moi qu’un médecin n’a pas le droit de demander à un homme qui n’est pas en bonne santé d’attendre qu’il soit totalement prêt à s’occuper de lui. La pratique concrète, en pareil cas, établit que le simple fait de se consacrer au patient, même si le médecin n’a pas encore atteint la perfection, apporte, de manière presque automatique, la guérison.

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Avant de conclure, je voudrais formuler une remarque sur votre étude:

Page 51: En prétendant que la succion(2) qui fait suite à la circoncision est pratiquée uniquement pour un motif d’hygiène et n’a aucune connotation religieuse, dans un livre imprimé également pour les non Juifs, vous risquez de provoquer l’intervention des législations de différents pays, qui pourraient interdire cette pratique.

J’ajouterai trois précisions:

A) Page 54: D’après ce que vous dites, la circoncision est pratiquée, chez les musulmans, d’une manière plus dangereuse. Malgré cela, vous écrivez, à juste titre d’ailleurs, que "l’on doit espérer qu’avec le temps, les peuples qui sont concernés comprendront la nécessité de prendre les moyens qui s’imposent".

Une telle différence se justifie-t-elle uniquement parce que les Juifs sont en exil et que la France a peur des arabes?

B) L’intervention des différentes législations dans la vie juive pour interdire ou permettre n’a jamais donné rien de bon pour les Juifs, ni moralement ni physiquement. Différents exemples de l’histoire juive, dont vous avez sans doute connaissance, permettent de l’établir.

C) Deux cents rabbins environ, parmi lesquels figuraient des médecins, qui avaient assurément connaissance des raisons développées dans votre étude, ont fermement marqué leur soutien à la pratique de la succion. Vous consulterez, à ce propos, le Sdeï ‘Hémed, tome 12, traitant de la circoncision et de la succion, paru à Varsovie en 1902.

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Par ailleurs, à la page 15, seizième ligne avant la fin, il faut remplacer "avant"(1) par "après"(1). A la page 15, septième ligne avant la fin, il faut remplacer "Babylonie"(1) par "Perse"(1). A la page 20, treizième ligne avant la fin, il faut remplacer 1171 par 1135.

Je suis convaincu que vous et moi, chacun à notre manière, nous ne recherchons que la vérité. En conséquence, vous ne me tiendrez pas rigueur de mon intervention, qui n’a d’autre but que de clarifier certains points de votre étude.

Avec mes respects et mes voeux afin d’être inscrit et scellé pour une bonne année,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) En Français dans le texte, alors que le reste de la lettre est en Yiddish.
(2) Effectuée par le Mohel, qui est une condition indispensable pour la validité de la circoncision.