Lettre n° 522

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav I.(1),

J’ai bien reçu votre lettre avec la photographie(2). Vous trouverez sans doute, dans votre ville, des ‘Hassidim, attachés au Rabbi qui, avec le temps, en feront de même, surtout en ces jours propices consacrés à la Techouva.

En effet, durant les quarante premiers jours(3), pendant lesquels D.ieu était satisfait, les Juifs étaient comparés à des Justes, alors que, pendant la troisième période de quarante jours(4), ils accédaient à la Techouva.

J’ai reçu, ces jours-ci, votre livre Pardès Haarets, expédié de New York, sans aucune lettre d’accompagnement. S’il s’agit d’un cadeau de votre part, je vous en remercie.

Le temps ne me permet d’examiner ce livre comme il aurait fallu le faire, mais, pour vous prouver mon intérêt, je formulerai quelques remarques, après une lecture hâtive:

A) Page 65: Concernant Aristote(5), je ne possède pas votre livre Yavo Shilo. Je n’ai, pour l’heure, pas retrouvé ce que vous dites dans le septième chapitre du Séfer Haguilgoulim, ni dans les autres écrits du Ari Zal. Bien évidemment, cela ne prouve rien et je vous remercie de bien vouloir me communiquer cette référence. Ce que dit le Séder Hadorot à ce propos, citant différents livres, est bien connu.

B) Au début du chapitre des responsa, pages 80 et 81, la définition qui est donnée du choix peut être affinée d’après la décision hala’hique du Tséma’h Tsédek, tome 2, page 24 et les additifs, à la fin du tome 3.

C) Page 107: Celui qui vous a interrogé(6) à donné le nom d’un mort et non d’un vivant. Il n’y a donc pas lieu de penser que la coutume juive a été modifiée, en la matière, d’autant que cet homme ne savait pas qu’une grand-mère, encore vivante, portait le même nom. Il faut donc uniquement prendre en compte la raison que vous avez invoquée, le fait que certains sont intransigeants à ce propos(7), car il est dit "N’ouvre pas la bouche ...(8)".

Par ailleurs, dans le Séfer ‘Hassidim, au chapitre 60, il semble qu’il soit question uniquement de celui qui donne le nom de son père, encore en vie.

D) Page 105: Mon père et mon oncle ont épousé deux soeurs, avec l’accord du Rabbi(9), qui leur a simplement demandé de ne pas habiter dans la même ville. Les questions que soulève le Noda Bihouda, à ce propos, sur le Talmud, trouvent leur explication dans le Mekor ‘Hessed, commentant le Séfer ‘Hassidim. Et il suffit de voir l’issue du récit que rapportent nos Sages, à ce propos, selon le Yerouchalmi Taanit 4, 5.

E) Page 123: Vous évoquez le cas de celui qui transmet un acte de divorce devant les témoins de cette transmission, puis fait signer les témoins du divorce et transmet encore une fois cet acte de divorce. Il semble nécessaire, en pareil cas, et pour différentes raisons, de faire établir un autre acte de divorce et de le transmettre de nouveau.

F) Au début de la partie des commentaires, à la page 213, vous analysez la question du Keli Yakar. Vous noterez, à ce propos, qu’avoir connaissance de l’enchaînement des mondes est "une Mitsva importante et considérable", selon l’expression du Tanya, à la page 156b et le traité Chabbat 77b.

G) A la Paracha de la semaine(10), page 501-502, à propos du verset "Je viens reconnaître, en ce jour, devant l’Eternel ton D.ieu que je suis installé dans le pays", votre explication est difficile à comprendre. Car, il est bien dit: "tu te présenteras au Cohen" et non au roi ou au dirigeant, "en ce jour", comme il est dit "je suis venu en ce jour", soulignant qu’il s’agit d’un fait nouveau, que l’on est "installé dans le pays" seulement parce que l’on en a le mérite, en ce jour. Bien plus, le mérite personnel ne suffit pas et, en fait, "l’Eternel a juré à nos pères de nous le donner". C’est uniquement après avoir prononcé cette action de grâce que "le Cohen prend"(11).

Notes

(1) Le Rav Ichaya Horovits.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°499.
(3) Qui précédèrent le don de la Torah.
(4) Après la faute du veau d’or, de Roch ‘Hodech Elloul à Yom Kippour.
(5) Voir, à ce propos, les lettres n°538 et 547.
(6) Sur le nom qu’il a donné à son enfant, à sa naissance.
(7) Ne désirent pas que l’on donne leur nom à un enfant de leur vivant.
(8) A l’accusateur, en adoptant une pratique qui, d’ordinaire, commémore uniquement le souvenir des morts.
(9) Rachab.
(10) Ki Tavo.
(11) "la corbeille de ta main et la dépose devant l’autel de l’Eternel".