Lettre n° 524

Par la grâce de D.ieu,
22 Elloul 5709,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav I.(1),

Je vous salue et vous bénis,

A l’approche de la nouvelle année, je voudrais vous exprimer mes voeux pour que vous soyez inscrit et scellé, avec tous les vôtres, pour une bonne et douce année, dans tous les aspects à la fois.

Vous trouverez ci-joint le fascicule de Roch Hachana, qui vient de paraître. Il est dit que celui qui fait preuve de largesse reçoit une bénédiction et vous le mettrez donc à la disposition du plus grand nombre, de la manière qui convient.

Cette année délivre, de manière allusive, l’enseignement suivant:

Le traité Roch Hachana 4, 1, indique que, lorsque Roch Hachana survenait un Chabbat, on sonnait du Choffar dans le Temple, mais non à l’extérieur de celui-ci.

La sonnerie du Choffar, à Roch Hachana, éveille la Techouva, comme le dit le Rambam dans ses lois de la Techouva 3, 4 et comme l’explique précisément le fascicule ci-joint.

Pourquoi, à cette référence, le Rambam précise-t-il qu’il s’agit de la sonnerie du Choffar de Roch Hachana? Pour exclure celle du Jubilé, qui a une autre signification.

La Techouva doit être à la mesure du comportement de l’année et elle porte précisément sur ce comportement. En conséquence, celui qui mène une activité profane, se consacre aux trente neuf travaux caractéristiques de la semaine(2), célébrera son Roch Hachana "personnel" pendant la semaine(3) et y sonnera le Choffar. A l’opposé, l’érudit, qui a la Torah et les Mitsvot pour seule préoccupation, qui sert D.ieu et écarte l’activité profane, selon le traité Chabbat 113a, est lui-même appelé Chabbat, comme le dit le Zohar, tome 3, page 29b. Et, le traité Chabbat 119a(4) dit: "Rabbi Ami et Rabbi Assi allaient et venaient... Si Rabbi Yo’hanan venait nous voir...". Pour de telles personnes, Roch Hachana est célébré durant le Chabbat, lorsque l’on ne sonne pas le Choffar à l’extérieur du Temple, endroit où elles n’ont que faire.

En effet, le Grand Prêtre ne doit pas quitter le Temple, ainsi qu’il est dit: "Il ne sortira pas du Sanctuaire". Or, un érudit de la Torah a la préséance sur lui, selon la fin du traité Horayot. Et sa connaissance de la Torah le protège.

Vous consulterez le Rambam, lois des instruments du Sanctuaire 5, 7. Le traité Baba Batra 8b(5) dit: "Je ne cesse de penser à eux. Et les Sages que disent-ils...". Vous verrez ce que disent les Tossafot, à la page 21a et d’autres textes encore.

Pour autant, il ne faut pas penser que le Choffar n’a pas de sens, pour l’érudit, car on le sonnait effectivement dans le Temple, là où n’existait aucun contact avec la matérialité du monde. En effet, la fin du traité Bera’hot dit que "l’on n’entrera pas sur le mont du Temple...(6)".

Car, l’érudit doit également avoir recours à la Techouva, comme le montrent les récits de Rabbi Ne’hounya Ben Hakana(7) et Rabbi Yo’hanan Ben Zakaï(8), rapportés par le traité Bera’hot 28b, le récit, qui en découle, de Rabbi Akiva, expliqué par Rabbi Yehouda de Corbeil, dans les Tossafot, au traité Ketouvot 17a(9), le récit du Yerouchalmi Pessa’him 3, 7(10) et d’autres références encore.

Puisse D.ieu nous conduire prochainement vers une Techouva complète et que nous méritions "immédiatement", selon le terme du Rambam, lois de la Techouva 7, 5, reproduit par l’Admour Hazaken au chapitre 11 d’Igueret Hatechouva, la délivrance complète, par notre juste Machia’h.

Vous avez sans doute reçu, en son temps, ma lettre, accompagnant le fascicule édité à l’occasion du 18 Elloul.

Je conclus en vous souhaitant d’être inscrit et scellé pour une bonne année,

M. Schneerson,
Directeur du comité exécutif(11),

Notes

(1) Cette lettre a été envoyée à de nombreuses personnes. Voir, à ce propos, la lettre n°481.
(2) Et donc interdits durant le Chabbat.
(3) C'est-à-dire le dimanche, second jour de la fête.
(4) "Rav Na’hman, en l’honneur du Chabbat, allait et venait en portant des sacs sur son épaule. Il dit: Si Rabbi Ami et Rabbi Assi venaient me voir, n’en aurais-je pas fait de même pour eux? Selon un autre avis, c’est Rabbi Ami et Rabbi Assi qui allaient et venaient en portant des sacs sur l’épaule. Ils dirent: Si Rabbi Yo’hanan venait nous voir, n’en aurions nous pas fait de même pour lui?".
(5) "Rav rencontra Rav Chmouel Bar Chilat dans un jardin. Il lui demanda: As-tu abandonné tes élèves, auxquels tu te consacrais avec fidélité? Il lui répondit: Cela fait treize ans que je ne les ai pas vu et je ne cesse de penser à eux. Et les Sages, que disent-ils des érudits qui se consacrent à l’étude de la Torah? Ils leur appliquent les termes du verset: Ceux qui L’aiment sont comme le soleil qui se montre dans toute sa force."
(6) "Avec son bâton, ses chaussures, sa bourse, la poussière de ses pieds. Il n’en fera pas un raccourcis, n’aura pas le droit d’y cracher".
(7) "Rabbi Ne’hounya Ben Hakhana prononçait une courte prière en entrant dans la maison d’étude et en la quittant. On lui demanda: quelle est cette prière? Il expliqua: En entrant, je prie pour que rien de fâcheux ne survienne par mon intermédiaire. En sortant, je remercie D.ieu pour mon sort."
(8) "Rabbi Yo’hanan, lorsqu’il tomba malade, reçut la visite de ses élèves. Quand il les vit, il éclata en sanglots. Ceux-ci lui demandèrent: Lumière d’Israël, colonne de droiture, pilier puissant, pourquoi pleures-tu? Il leur répondit: Si l’on me conduisait devant un roi de chair et d’os..., je le ferai également. Or, je me présente devant le Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il... et je ne sais quel chemin j’emprunterai. Pourrais-je ne pas pleurer?".
(9) "Rabbi Akiva dit: Lorsque j’ai commencé à servir les Sages, j’ai vu, une fois, un mort qui gisait, abandonné sur la route. Je l’ai transporté sur une distance de quatre Mils, je l’ai conduit au cimetière et je l’ai enterré. Puis, j’ai raconté ce qui s’était passé à Rabbi Eliézer et Rabbi Yochoua, qui m’ont dit: Tu es considéré comme ayant versé du sang innocent, à chacun de tes pas. En fait, ils ne lui reprochaient pas de l’avoir enterré, mais de l’avoir transporté. Il aurait dû l’enterrer là où il l’avait trouvé, afin de ne pas négliger l’étude de la Torah. Or, celui qui transgresse les paroles des Sages est passible de mort. Et Rabbi Akiva dit bien, lui-même, qu’il était au commencement de son service. Rabbi Yehouda de Corbeil explique qu’il a été puni parce qu’il n’a pu servir les Sages, pendant ce temps. Car, ce service est plus important que l’étude."
(10) "Dans la grange de Beth Arris, à Lod, il fut établi que l’étude passe avant l’action. Rabbi Abbahou demanda à Rabbi ‘Hanina, son fils, d’aller enseigner la Torah à Tibériade. On vint lui dire que son fils y accomplissait des actes de bienfaisance. Il lui fit alors transmettre ce message: Est-ce parce qu’il n’y a pas de tombes à Césarée que je t’ai envoyé à Tibériade? Il a déjà été établi, dans la grange de Beth Arris, à Lod, que l’étude passe avant l’action."
(11) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.