Lettre n° 541
Par la grâce de D.ieu,
8 Mar’Hechvan 5710,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
ancien qui réside dans la tente de l’étude, le Rav Y(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’accuse réception, par la présente, de vos commentaires de la Torah sur les Sidrot Béréchit et Noa’h. Comme nous l’avons convenu, nous vous enverrons, par colis, quelques unes de nos dernières publications, le Séfer Taameï Hamitsvot du Tséma’h Tsédek et les fascicules n°69 à 72 des écrits de mon beau-père, le Rabbi Chlita.
Il est sûrement inutile de vous demander, si vous trouvez d’autres exemplaires de vos livres en double, de nous les faire parvenir, par l’intermédiaire de vos émissaires. Nous vous adresserons, en contrepartie, d’autres livres publiés par nos soins. Je vous remercie à la fois pour ce qui a été fait et pour ce qui le sera.
J’ai feuilleté vos livres dès reception, tant mon intérêt était vif et je formulerai ici quelques remarques, bien qu’elles résultent d’un examen hâtif, mes occupations ne me permettant pas d’y consacrer tout le temps que j’aurais voulu:
A) Au début de votre livre: Vous évoquez les lettres de l’alphabet que la Tradition écrit en grand format. Vous dites que le Menorat Chlomo n’adopte pas la Tradition des Chroniques et vous avancez qu’il ne disposait pas de la version qui est en notre possession. Je ne possède pas le Menorat Chlomo, mais il me semble bien clair qu’il est deux conceptions des lettres écrites en grand format, ou même en petit format(2):
1. De telles lettres figurent uniquement dans les versets du ‘Houmach.
2. Ils apparaissent dans tous les livres de la Torah.
Ces conceptions sont liées aux deux avis exprimés par le traité Nedarim 22b. Selon le premier, les enfants d’Israël, s’ils n’avaient pas commis la faute(3), auraient uniquement obtenu le ‘Houmach et le livre de Yochoua. Selon le second, ils auraient, en tout état de cause, reçu les vingt quatre livres de la Torah. Vous consulterez, à ce propos, le Yioun Yaakov sur le Eïn Yaakov.
De toute manière, le livre de Yochoua ne concerne pas notre propos, puisque toutes ses lettres ont une taille normale. Vous verrez, à ce propos, le Min’hat Chay Yochoua 14, 11.
B) Dans la partie "étude de D.ieu", paragraphe 1: Vous dites que les cieux et la terre ont été créés avant toute autre chose, alors qu’au paragraphe 2, vous introduisez un troisième élément, la matière potentielle et vous dites que le temps est également créé, contredisant ainsi vos propos précédents.
Il est clair que l’ordre de la création est le suivant, le temps, la matière potentielle, les cieux et la terre. De fait, pour être plus précis, les quatre éléments fondamentaux de la matière(4) ont même été créés avant la terre, comme le souligne le Ramban.
Du reste, le Ramban considère qu’il y avait deux matières potentielles, celle des cieux et celle de la terre. Le Ets ‘Haïm reproduit son avis, au chapitre Kitsour Atsilout Brya Yetsira Assya, paragraphe 10 et vous consulterez aussi le Rambam, lois des fondements de la Torah, chapitre 3.
Or, il est difficile d’imaginer que la création initiale était constituée de deux éléments. Il faut, en outre, accorder cette affirmation avec celle du Ets ‘Haïm, au chapitre Droucheï Atsilout Brya Yetsira Assya, paragraphe 1, selon laquelle la Sefira de Kéter, la couronne qui surplombe la création, est celle qui fait allusion à la matière potentielle. Et, il n’y est question que de la matière potentielle de la terre.
Mais, selon un autre avis, il y a bien eu un potentiel unique pour le ciel et la terre. Et, ceci peut être rapproché de la discussion qui figure dans le Midrach Béréchit Rabba, 12, 11, que vous consulterez, dans le Yefé Toar et le Guide des égarés, tome 2, chapitre 26. Ce point ne sera pas développé ici.
C) A la même référence: Le temps a été créé et vous soulevez, à ce propos, l’objection bien connue de nos Sages, selon laquelle le temps préexistait. Et toutes les explications données à ce propos ne permettent pas de comprendre le terme de "chronologie" qui est employé dans ce texte.
Le Séfer Hamitsvot du Tséma’h Tsédek, à la Mitsva de la foi en D.ieu, chapitre 11, apporte, à cette question, une réponse satisfaisante. Selon ses propos, le temps qui n’est pas encore quantifiable peut déjà être défini comme une création. Ceci ne sera pas développé non plus.
D) A la fin de la seconde partie: Vous vous demandez si les non-Juifs sont tenus de sanctifier le Nom de D.ieu. Vous prenez pour référence, à ce propos, l’épreuve à laquelle fut confrontée Avraham, à Our Kasdim.
Vous trouverez un long développement sur ce sujet, dans le Rimat, à la fin de la Parchat Toledot et dans le Parchat Dera’him, chapitre Dére’h Haa’hérim, paragraphe 2.
E) A la même référence: Vous vous demandez si les non-Juifs sont tenus de respecter leurs parents. Vous consulterez, à ce propos, le traité Mena’hot 56b, qui parle des dix Mitsvot(5), les sept que reçurent les descendants de Noa’h, auxquelles furent ajoutées la nécessité d’avoir une législation, le Chabbat et le respect des parents. On peut en conclure que ce Précepte ne s’applique pas aux non-Juifs.
Vous citez les propos suivants du Midrach(6), "Je te dispense d’honorer tes parents, mais Je ne dispense nul autre de le faire". Cette citation est, en tout état de cause, difficile à comprendre. Pourquoi quelqu’un d’autre serait-il dispensé de cette Mitsva? Ce Précepte devrait-il disparaître?
Il me semble que l’on peut donc donner, à ce propos, l’explication suivante. D.ieu l’exonérait totalement de son obligation et il ne devait donc pas retourner à ‘Haran(7), après avoir reçu cette Injonction. En revanche, aucune autre personne confrontée à la même situation ne serait dispensée de respecter son père.
En recevant une Injonction divine, il pouvait donc être puni s’il trainait après l’avoir mise en pratique, car il n’était pas définitivement relevé de son obligation envers ses parents. Celle-ci était uniquement suspendue, de façon momentanée, du fait d’une autre obligation. Ce qui vient d’être dit fait allusion au récit de Yaakov, selon la fin du premier chapitre du traité Meguila.
On peut expliquer tout cela en fonction de ce qui a été exposé auparavant. Notre père Avraham quitta ‘Haran une seconde fois, après avoir, la première fois, mis en pratique l’Injonction divine "Va-t-en pour toi".
On ne peut tirer de cela aucune preuve de l’obligation des non-Juifs envers leurs parents, puisqu’il est ici question des Patriarches.
Les non-Juifs sont-ils tenus de mettre en pratique un Précepte logique? Vous consulterez, à ce propos, le Sdeï ‘Hémed, Peat Hasadé, principes généraux, 3, 107.
Je conclus en vous souhaitant tout le bien,
Rav Mena’hem Schneerson,
A ce propos, Guinsburg, dont vous parlez dans votre introduction, avait abjuré et même, un certain temps, exercé des activités missionnaires. Je voulais uniquement vous le faire remarquer.
Notes
(1) Le Rav Yonathan Shteyf. Voir, à son propos, la lettre n°546.
(2) Dans le Séfer Torah.
(3) Du veau d’or.
(4) Le feu, le vent, l’eau et la terre.
(5) Reçues par les enfants d’Israël à Mara, avant le don de la Torah.
(6) Que le Saint béni soit-Il adressait à Avraham.
(7) Où se trouvaient ses parents.
8 Mar’Hechvan 5710,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
ancien qui réside dans la tente de l’étude, le Rav Y(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’accuse réception, par la présente, de vos commentaires de la Torah sur les Sidrot Béréchit et Noa’h. Comme nous l’avons convenu, nous vous enverrons, par colis, quelques unes de nos dernières publications, le Séfer Taameï Hamitsvot du Tséma’h Tsédek et les fascicules n°69 à 72 des écrits de mon beau-père, le Rabbi Chlita.
Il est sûrement inutile de vous demander, si vous trouvez d’autres exemplaires de vos livres en double, de nous les faire parvenir, par l’intermédiaire de vos émissaires. Nous vous adresserons, en contrepartie, d’autres livres publiés par nos soins. Je vous remercie à la fois pour ce qui a été fait et pour ce qui le sera.
J’ai feuilleté vos livres dès reception, tant mon intérêt était vif et je formulerai ici quelques remarques, bien qu’elles résultent d’un examen hâtif, mes occupations ne me permettant pas d’y consacrer tout le temps que j’aurais voulu:
A) Au début de votre livre: Vous évoquez les lettres de l’alphabet que la Tradition écrit en grand format. Vous dites que le Menorat Chlomo n’adopte pas la Tradition des Chroniques et vous avancez qu’il ne disposait pas de la version qui est en notre possession. Je ne possède pas le Menorat Chlomo, mais il me semble bien clair qu’il est deux conceptions des lettres écrites en grand format, ou même en petit format(2):
1. De telles lettres figurent uniquement dans les versets du ‘Houmach.
2. Ils apparaissent dans tous les livres de la Torah.
Ces conceptions sont liées aux deux avis exprimés par le traité Nedarim 22b. Selon le premier, les enfants d’Israël, s’ils n’avaient pas commis la faute(3), auraient uniquement obtenu le ‘Houmach et le livre de Yochoua. Selon le second, ils auraient, en tout état de cause, reçu les vingt quatre livres de la Torah. Vous consulterez, à ce propos, le Yioun Yaakov sur le Eïn Yaakov.
De toute manière, le livre de Yochoua ne concerne pas notre propos, puisque toutes ses lettres ont une taille normale. Vous verrez, à ce propos, le Min’hat Chay Yochoua 14, 11.
B) Dans la partie "étude de D.ieu", paragraphe 1: Vous dites que les cieux et la terre ont été créés avant toute autre chose, alors qu’au paragraphe 2, vous introduisez un troisième élément, la matière potentielle et vous dites que le temps est également créé, contredisant ainsi vos propos précédents.
Il est clair que l’ordre de la création est le suivant, le temps, la matière potentielle, les cieux et la terre. De fait, pour être plus précis, les quatre éléments fondamentaux de la matière(4) ont même été créés avant la terre, comme le souligne le Ramban.
Du reste, le Ramban considère qu’il y avait deux matières potentielles, celle des cieux et celle de la terre. Le Ets ‘Haïm reproduit son avis, au chapitre Kitsour Atsilout Brya Yetsira Assya, paragraphe 10 et vous consulterez aussi le Rambam, lois des fondements de la Torah, chapitre 3.
Or, il est difficile d’imaginer que la création initiale était constituée de deux éléments. Il faut, en outre, accorder cette affirmation avec celle du Ets ‘Haïm, au chapitre Droucheï Atsilout Brya Yetsira Assya, paragraphe 1, selon laquelle la Sefira de Kéter, la couronne qui surplombe la création, est celle qui fait allusion à la matière potentielle. Et, il n’y est question que de la matière potentielle de la terre.
Mais, selon un autre avis, il y a bien eu un potentiel unique pour le ciel et la terre. Et, ceci peut être rapproché de la discussion qui figure dans le Midrach Béréchit Rabba, 12, 11, que vous consulterez, dans le Yefé Toar et le Guide des égarés, tome 2, chapitre 26. Ce point ne sera pas développé ici.
C) A la même référence: Le temps a été créé et vous soulevez, à ce propos, l’objection bien connue de nos Sages, selon laquelle le temps préexistait. Et toutes les explications données à ce propos ne permettent pas de comprendre le terme de "chronologie" qui est employé dans ce texte.
Le Séfer Hamitsvot du Tséma’h Tsédek, à la Mitsva de la foi en D.ieu, chapitre 11, apporte, à cette question, une réponse satisfaisante. Selon ses propos, le temps qui n’est pas encore quantifiable peut déjà être défini comme une création. Ceci ne sera pas développé non plus.
D) A la fin de la seconde partie: Vous vous demandez si les non-Juifs sont tenus de sanctifier le Nom de D.ieu. Vous prenez pour référence, à ce propos, l’épreuve à laquelle fut confrontée Avraham, à Our Kasdim.
Vous trouverez un long développement sur ce sujet, dans le Rimat, à la fin de la Parchat Toledot et dans le Parchat Dera’him, chapitre Dére’h Haa’hérim, paragraphe 2.
E) A la même référence: Vous vous demandez si les non-Juifs sont tenus de respecter leurs parents. Vous consulterez, à ce propos, le traité Mena’hot 56b, qui parle des dix Mitsvot(5), les sept que reçurent les descendants de Noa’h, auxquelles furent ajoutées la nécessité d’avoir une législation, le Chabbat et le respect des parents. On peut en conclure que ce Précepte ne s’applique pas aux non-Juifs.
Vous citez les propos suivants du Midrach(6), "Je te dispense d’honorer tes parents, mais Je ne dispense nul autre de le faire". Cette citation est, en tout état de cause, difficile à comprendre. Pourquoi quelqu’un d’autre serait-il dispensé de cette Mitsva? Ce Précepte devrait-il disparaître?
Il me semble que l’on peut donc donner, à ce propos, l’explication suivante. D.ieu l’exonérait totalement de son obligation et il ne devait donc pas retourner à ‘Haran(7), après avoir reçu cette Injonction. En revanche, aucune autre personne confrontée à la même situation ne serait dispensée de respecter son père.
En recevant une Injonction divine, il pouvait donc être puni s’il trainait après l’avoir mise en pratique, car il n’était pas définitivement relevé de son obligation envers ses parents. Celle-ci était uniquement suspendue, de façon momentanée, du fait d’une autre obligation. Ce qui vient d’être dit fait allusion au récit de Yaakov, selon la fin du premier chapitre du traité Meguila.
On peut expliquer tout cela en fonction de ce qui a été exposé auparavant. Notre père Avraham quitta ‘Haran une seconde fois, après avoir, la première fois, mis en pratique l’Injonction divine "Va-t-en pour toi".
On ne peut tirer de cela aucune preuve de l’obligation des non-Juifs envers leurs parents, puisqu’il est ici question des Patriarches.
Les non-Juifs sont-ils tenus de mettre en pratique un Précepte logique? Vous consulterez, à ce propos, le Sdeï ‘Hémed, Peat Hasadé, principes généraux, 3, 107.
Je conclus en vous souhaitant tout le bien,
Rav Mena’hem Schneerson,
A ce propos, Guinsburg, dont vous parlez dans votre introduction, avait abjuré et même, un certain temps, exercé des activités missionnaires. Je voulais uniquement vous le faire remarquer.
Notes
(1) Le Rav Yonathan Shteyf. Voir, à son propos, la lettre n°546.
(2) Dans le Séfer Torah.
(3) Du veau d’or.
(4) Le feu, le vent, l’eau et la terre.
(5) Reçues par les enfants d’Israël à Mara, avant le don de la Torah.
(6) Que le Saint béni soit-Il adressait à Avraham.
(7) Où se trouvaient ses parents.