Lettre n° 5720

Par la grâce de D.ieu,
9 Elloul 5717,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
se consacre aux besoins communautaires, aux
multiples actions, le Rav Menaché(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai eu connaissance, avec plaisir, de votre effort pour la publication de l’ouvrage d’un des premiers Sages, le Hala’hot Guedolot, avec un commentaire compulsif. D.ieu vous a accordé le mérite et la réussite de la parution prochaine de cet ouvrage. Puisse D.ieu faire que, dans la largesse, vous vous renforciez dans la Torah, dans ses “ grandes ” parties, Guedolot, ce qui indique qu’il en existe également des petites, qu’il y a “ un grand principe ” et “ un petit principe ”, selon les termes de nos Sages, au traité Baba Batra 134a, le corps de la Torah et son âme, selon l’expression et l’explication du Zohar, tome 3, page 152a, une Torah Intègre.

Avec mes respects et ma bénédiction, afin que vous soyez inscrit et scellé pour une bonne année,

Concernant le courrier de recommandation(2), vous savez que l’on n’a pas coutume d’en rédiger, dans la maison du Rabbi et vous voudrez bien m’en excuser. En marque d’appréciation des propos des premiers Sages, desquels nous recevons la vie, je reproduis ici quelques notes sur la feuille imprimée du début de ce livre(3), que vous m’avez laissée.

Michné Hala’hot, paragraphe 1 : Il est d’abord question de l’homme et du Kiddouch, car la Michna dit : “ L’homme épouse ” et, de même, le verset dit : “ Quand un homme prendra épouse ”. Vous consulterez également le Rambam, au début des lois du mariage. Certes, au début du premier chapitre du traité Kiddouchin, il est dit que : “ La femme est acquise ”, mais la Guemara explique pourquoi il en est ainsi. Bien plus, il est question, dans ce texte, de Kiddouch, de bénédiction, de transmission d’acte de mariage, autant d’actions qui incombent à l’homme. Vous consulterez l’explication de nos Sages, citée par Rachi, dans son commentaire du verset Chmouel 1, 20, 30. On peut se demander si la formulation du Hala’hot Guedolot est bien : “ Un Juif qui désire se marier ”, ce qui semble être une évidence(4). En effet, on cite plus loin la version du Or Zaroua, qui dit : “ Celui qui veut se marier ”. Peut-être cette formulation reprend-elle la conclusion de ce paragraphe, “ de la Source d’Israël ”.

Dans la suite du texte : “ il donne à cette femme un acte de mariage ” : Il y a plusieurs avis sur le moment de donner cet acte, dans le Rambam, lois du mariage, chapitre 10, le Tour, Choul’han Arou’h, Even Ha Ezer, fin du chapitre 6 et ses commentaires. En tout état de cause, il est surprenant que l’on ne dise pas ici si la bénédiction du mariage est prononcée avant ou après cette transmission. A mon avis, il y a là un oubli évident du copieur et de l’imprimeur. Les Cheïltot, ‘Hayé Sarah, chapitre 16, disent : “ Celui qui désire se marier doit, au préalable, dire le Kiddouch, prononcer la bénédiction des fiançailles en présence de dix personnes, dire la bénédiction du mariage en présence de dix personnes également et donner à cette femme l’acte de mariage ”. Il doit donc en être de même, dans notre texte, ce qui permet d’en comprendre la suite : “ Rabbi Na’hman dit…l’on déduit que la bénédiction du mariage… ”.

Le Emek Ha Cheéla, se basant sur ces Cheïltot, corrige le Hala’hot Guedolot et y ajoute : “ en présence de dix personnes ”, après “ bénédiction des fiançailles ”. Il explique que son but est de tirer une preuve que dix personnes sont nécessaires pour les bénédictions du mariage, ce qui ne fait pas l’objet de son propos, du fait qu’il en est ainsi pour les bénédictions des fiançailles. Néanmoins, le Hala’hot Guedolot aurait dû le préciser et l’on peut encore se demander pourquoi il ne parle pas des bénédictions du mariage.

Michné Hala’hot, paragraphe 2 : Notre maître ne dit pas : “ le fils de Nathan ”(5). Il en est de même dans les Cheïltot. Le Emek Ha Cheéla en déduit que cette expression, dans le Guemara, est une erreur d’imprimerie. En effet, Rav Houna Bar Nathan exerça son autorité après Rav Achi, qui naquit quand mourut Rava, l’ami de Rav Na’hman. Le Séder Ha Dorot, à l’article “ Rav Houna Bar Nathan ”, note que celui-ci posa des questions à Rava, comme le rapporte le traité Nedarim 12a. Mais, peut-être était-il très âgé ou peut-être y avait-il deux Sages portant ce nom. Dans le commentaire de Rachi sur le traité Nedarim, en revanche, on trouve seulement “ Rav Houna ” et non “ Bar Nathan ”. Il convient de rechercher ce que disent les Sages, à ce sujet.

Michné Hala’hot, paragraphe 3 : Le mariage est célébré avec le dais nuptial et l’anneau de la sanctification. Nos Sages disent que l’on doit s’efforcer de conférer de la valeur et, dans ce but, je reproduis ici ce qu’écrit l’Admour Hazaken, auteur du Tanya, dans son Torah Or, à la page 98d : “ On dit que ‘D.ieu consacre Son peuple, Israël, par le dais nuptial et l’anneau de la sanctification. Nos Sages demandent pourquoi l’ordre a été inversé, dans cette bénédiction, de sorte que l’on mentionne le dais nuptial avant l’anneau. En fait, le dais nuptial entoure et ceci rappelle que ‘Il plaça la montagne au dessus d’eux’(6). Ainsi, il y a là une révélation de la Lumière qui entoure. C’est pour cela que le dais nuptial devait être mentionné avant l’anneau. En effet, pour venir recevoir la Torah et cet anneau, il fallait d’abord mettre en évidence la Lumière qui entoure, inspirant la soumission, grâce à laquelle tous dirent : ‘Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons’. C’est de cette façon que la Torah put être révélée ”.

Notes

(1) Le Rav M. Klein, de Brooklyn. Voir, à son sujet, la lettre n°4826.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°5659.
(3) Le Hala’hot Guedolot dit : “ Un Juif qui désire se marier doit, au préalable, dire le Kiddouch. On prononce la bénédiction des fiançailles et il donne à cette femme un acte de mariage. En effet, Rav Na’hman dit : Houna m’a précisé d’où l’on déduit que la bénédiction du mariage est prononcée en présence de dix personnes. C’est que le verset dit : Et, Boaz réunit dix hommes parmi les anciens de la ville. Rabbi Abbahou objecte : On le déduit du verset suivant : Dans les assemblées, bénissez l’Eternel D.ieu, de la Source d’Israël ”.
(4) Pourquoi préciser qu’il s’agit d’un Juif ?
(5) “ Houna, le fils de Nathan, m’a précisé ”.
(6) Le mont Sinaï, lors du don de la Torah.