Lettre n° 574

Par la grâce de D.ieu,
25 Adar 5710,

Au Rav, distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu, le Rav I.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion du 2 Nissan, que vous mettrez à la disposition du plus grand nombre, comme vous l’avez sans doute fait du fascicule de Pourim, qui vous a déjà été envoyé. Le mérite de tous en dépend.

Le discours ‘hassidique de ce fascicule, au paragraphe 19, explique que "les princes et les dignitaires sont ceux qui distribuent le trésor, mais le rôle essentiel incombe aux simples soldats, qui obtiennent concrètement la victoire".

Pour ce qui nous concerne, le dignitaire ne se contente pas de transmettre le trésor au soldat. Il peut et doit devenir lui-même un simple soldat.

En effet, dans l’exemple cité, il s’agit bien de deux personnes différentes qui, bien plus, appartiennent à deux catégories distinctes. Un prince possède une élévation intrinsèque et un dignitaire a été élevé à ce rang. Ils se démarquent donc du simple soldat.

Mais, pour ce qui fait l’objet de notre propos, d’après ce qu’explique le paragraphe 20, il est possible d’être à la fois un prince, un dignitaire et un simple soldat. Bien plus, il doit nécessairement en être ainsi et, au final, chacun et chacune y parviendra et cumulera ces deux qualités. Tous seront des princes et des dignitaires par leur compréhension et par leur manière de marquer leur personnalité. Ils seront, en outre, de simples soldats par leur soumission et l’annulation de leur personnalité, comme l’établissent différents textes.

On ne doit pas se demander comment il est possible de cumuler deux fonctions, par nature opposées.

Il est dit du Créateur que "ce qui montre Sa grandeur fait également la preuve de Son humilité". Et il en est de même pour la créature qui, accédant à la plus haute dignité, à la royauté, doit faire preuve de la plus profonde soumission. Le Rambam, dans ses lois des rois, 2, 6, dit: "Le verset lui accorde le plus grand honneur et demande que tous l’honorent. Il ordonne aussi qu’il conserve l’humilité en son coeur".

Nos Sages disent, au traité Bera’hot 34a, que "un homme du commun se prosterne au début et à la fin de la prière. Le Grand Prêtre le fait au début de chaque bénédiction. Le roi se prosterne et ne se relève plus".

Nos yeux de chair nous permettent de vérifier qu’il en est ainsi pour les maîtres de la ‘Hassidout, depuis le Baal Chem Tov et l’Admour Hazaken, fondateurs de la ‘Hassidout générale et de la ‘Hassidout ‘Habad, qui la diffusèrent, dirigèrent le peuple juif, s’efforcèrent également de venir en aide aux Juifs les plus simples, financièrement, physiquement et moralement, jusqu’au chef de notre génération, mon beau-père, le Rabbi, qui diffuse avec encore plus de force les sources de la ‘Hassidout à l’extérieur, tout en s’intéressant, en recherchant le bien d’un Juif ou d’une Juive les plus humbles.

Or, ils ordonnent, demandent à chacun et à chacune de ceux qui leur sont attachés d’imiter leur exemple, d’être un prince, un dignitaire, de se consacrer à la ‘Hassidout et de la diffuser, d’influencer son entourage pour renforcer la Torah et le Judaïsme, d’être également un simple soldat, un homme d’action, concrètement soumis.

Le 2 Nissan, date de la Hilloula du Rabbi Rachab, à laquelle mon beau-père, le Rabbi lui succéda, est, pour chacun et chacune, un jour propice, permettant de s’engager à adopter les pratiques qu’ils nous ont enseignées. Cet engagement sera ferme, pour toute l’année. Comme ils nous l’ont promis, oralement et par écrit, ce sera le réceptacle permettant de recevoir leur bénédiction, matérielle et spirituelle.

M. Schneerson,

* * *

J’ai bien reçu votre lettre du 9 Adar(2) et, comme vous me l’avez demandé, j’ai lu la liste de vos élèves, l’organisation des études que vous avez adoptée pour les trente jours(3) et votre demande de bénédiction, lorsque je me trouvais près du tombeau. Conformément à votre demande(4), j’ai conservé la liste des élèves.

Je conclus en vous souhaitant, ainsi qu’à tous les vôtres, une fête de Pessa’h cachère.

Notes

(1) Cette lettre fut adressée à plusieurs personnes. Voir, à ce propos, la lettre n°481.
(2) Ce paragraphe a été ajouté à la lettre envoyée au Rav Chlomo ‘Haïm Kasselman, de Terre Sainte. Voir, à son propos, la lettre n°425.
(3) Du deuil du précédent Rabbi.
(4) Le Rav Kasselman écrivait: "Après avoir lu la liste des élèves devant le Rabbi, celle-ci restera posée sur votre table de travail et vous saurez de quelle manière poursuivre son oeuvre à l’avenir".