Lettre n° 5744

Par la grâce de D.ieu,
17 Elloul 5717,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
se consacre aux besoins communautaires,
a des comportement généreux, est issu
d’une illustre famille, le Rav C. Z.(1),

Je vous salue et vous bénis,

A la suite de ma précédente lettre, qui répondait à la vôtre et que vous avez sûrement reçue en son temps, j’ai appris que l’Agence juive avait décidé de restituer au Kfar un montant important, correspondant à ce qui avait été dépensé pour l’électricité(2). J’ai vu en cela une preuve tangible de la réussite du Kfar. J’ai beaucoup pensé à un projet qui, à mon sens, est une nécessité. Je vous en ai parlé et je vous ai écrit, à ce sujet. Le Kfar doit se développer et s’élargir, non seulement en qualité, mais aussi en quantité, d’autant que ces deux dimensions sont liées. La quantité, en la matière, est le nombre d’habitants. Selon la situation actuelle du Kfar, le manque de maisons et surtout de maisons adaptées, le manque assez important de moyens, une construction aurait dû être envisagée maison par maison. Mais l’on peut observer qu’en pareil cas, il n’y a pas de plan général, il n’y a pas une maison qui ressemble à l’autre, les demeures bâties sur le terrain du Kfar n’ont pas de plan d’ensemble. Or, il n’est qu’une seule façon d’écarter cet inconvénient. Il faut construire, en une seule fois, un grand nombre de maisons. D’après les conditions en vigueur, on doit, en ce cas, avancer une somme importante. Jusqu’à maintenant, la possibilité ne s’en est pas présentée.

En apprenant cette nouvelle, j’ai aussitôt écrit, à ce sujet, au comité du Kfar, pour faire part de mon avis. La possibilité est ainsi donnée de développer le Kfar selon un programme ou, en tout cas, d’une manière beaucoup plus structurée que de tout autre façon. Toute cette somme pourrait donc être investie dans la construction. Elle sera, bien entendu, complétée par des hypothèques et des prêts, que l’on accorde en pareil cas, afin de bâtir le plus grand nombre possible de maisons. On contactera donc des experts afin d’obtenir un plan de construction convenable. Je sais que vous vous intéressez à tout ce qui touche au Kfar et, particulièrement, à un tel projet, qui est, à mon avis, exceptionnel, pour assurer son développement quantitatif et qualitatif. Je vous écris donc à ce sujet et j’ai bon espoir que ceci correspond à votre point de vue, bien plus, que vous accorderez vos conseils et votre aide au comité du Kfar afin de structurer ce projet de construction d’un quartier, dans toute la mesure du possible. En effet, vous vous trouvez sur place et vous avez donc connaissance de toutes les conditions.

Certes, il existe différents besoins, dans le Kfar et certains sont même importants, exigent une aide financière et l’on peut penser que d’aucuns voudront consacrer cette somme à de tels projets. A mon avis, il n’y a pas lieu de procéder de la sorte. En effet, ces réalisations ne nécessitent pas un financement exceptionnel et important, comme c’est le cas, en l’occurrence. Avec le temps, d’autres opportunités se présenteront et l’on pourra alors satisfaire également ces besoins. De fait, ceux qui s’y consacrent ne savaient même pas qu’il y aurait une restitution de cette somme à laquelle je faisais allusion au début de cette lettre. A l’opposé, la construction de ce quartier est retardée, depuis longtemps déjà et cela a eu des conséquences regrettables. Plusieurs personnes se sont adressées au comité du Kfar pour lui faire part de leur désir de s’installer en cet endroit, mais l’on n’a pu accéder à leur requête, du fait de l’absence de maisons. Ils se sont donc installés ailleurs. Voudront-ils maintenant changer encore une fois et venir s’installer à Kfar ‘Habad ? Et, même s’ils le veulent, en auront-ils les moyens ? A n’en pas douter, la création de ce quartier permettra d’établir que de nombreuses personnes souhaitent s’installer là, sont aptes à cela, de tous les points de vue, n’étant empêchées de le faire que par l’absence de maisons.

Nous approchons du jour lumineux du 18 Elloul, jour de la naissance des deux grands luminaires, le Baal Chem Tov et l’Admour Hazaken, qui ont illuminé le monde par leur enseignement et par leur comportement, qui ont basé leurs conceptions sur l’idée qu’un berger d’Israël s’occupe fidèlement du bien spirituel et matériel de tous les Juifs, sans conditions préalables, mais sans pour autant oublier la vérité et la réalité, selon lesquelles le bien est véritable uniquement s’il cumule les deux dimensions à la fois(3). Le fascicule du 18 Elloul 5703(4), à la quatrième causerie et d’autres textes encore, présentent longuement les conceptions et les actions du Baal Chem Tov, dans ce domaine.

Que Kfar ‘Habad, en notre Terre Sainte, soit donc un exemple de l’union entre la spiritualité et la matérialité, une union parfaite et intègre, de plus en plus positive, de plus en plus large. A partir de cet endroit se répandra le mode de vie ‘hassidique, durant la semaine, pendant le Chabbat et les fêtes, qui se multiplient, pour le plaisir et le plus grand mérite de ceux qui ont prit part, et qui le font encore, à ce qui concerne Kfar ‘Habad et ses habitants. Là encore le développement sera constant, jusqu’à atteindre des proportions considérables. J’attends de bonnes nouvelles de tout cela et également de ce qui est dit entre les lignes et je conclus par la formule traditionnelle et sanctifiée par des dizaines de générations de notre peuple, les enfants d’Israël :

Je vous adresse, à vous et à tous les vôtres, ma bénédiction afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année.

N. B. : Je viens d’apprendre une autre information. De nouvelles parcelles de terrain ont été attribuées pour développer l’activité agricole du Kfar et l’on s’apprête effectivement à y planter un verger. Je ne connais pas encore les détails. Vous même, en revanche, devez en disposer. Puisse D.ieu faire que cet agrandissement soit, lui aussi, de plus en plus important, conformément au projet exposé ci-dessus et qu’il soit fructueux, matériellement et spirituellement.

Notes

(1) Monsieur Chnéor Zalman Chazar. Voir, à son sujet, la lettre n°5375.
(2) Pour le raccordement de Kfar ‘Habad au circuit de distribution de l’électricité, montant que le Rabbi demandait de consacrer à la création d’un nouveau quartier. Voir la lettre n°5688.
(3) Le spirituel et le matériel.
(4) 1943, du précédent Rabbi.